Cyrop. l. 8. P. 239. l'empire des Perses, a été la mauvaise éducation des Princes, parce que ces premiers exemples firent la régle, & influérent fur prefque tous les fucceffeurs, fous qui tout dégénéra de plus en plus, le luxe des Perfes n’aiant plus ni mefure ni frein. §. IV. Manque de bonne foi. C'EST l'hiftorien Xénophon qui nous apprend que le manque de bonne foi fut une des caufes du renversement des mœurs parmi les Perfes, & de la deftruction de leur empire. Autrefois, dit-il, le Roi, & ceux qui gouvernoient fous lui, regardoient comme un devoir indifpenfable de tenir leur parole, & de garder inviolablement les traités où la religion du ferment étoit intervenue ; & cela à l'égard même de ceux qui s'en étoient rendu le plus indignes par leurs crimes & leur mauvaise foi: & c'eft une conduite fi fage qui leur avoit attiré une confiance entiére de la part de leurs fujets & de tous les peuples voifins. Voila un grand éloge pour les Perses, qui tombe fans doute principalement fur le régne du grand Cyrus ; & que De exped. Cyr. l. 1. p. Xénophon applique auffi à Cyrus le 267. jeune, dont il dit que De fi beaux fentimens, & fi dignes d'un homme né pour le gouvernement, ne durérent pas lontems. La fauffe prudence & l'artificieufe politique en prirent bientôt la place. Au Cyrop. 1.8, lieu,dit Xénophon, que le vrai mérite, P. 239. la probité, la bonne foi étoient auparavant en honneur & en crédit chez le Prince, on vit dominer à la Cour ces prétendus zélés ferviteurs du Roi, qui facrifient tout à fes intérêts & à fes volontés; qui croient que le 2 Ε'πὶ τὸ κατεργάζεται ή διθαι, καὶ ἐξαπατῶν· τὸ ἐπιθυμόνη συνομως δὲ ἁπλόντο καὶ ἀληθές, τάτην οδόν αυτο εἶναι διὰ τὸ αυτὸ τῷ καιτίῳ εἶναι. të imojxâm, tíu. De exped, Cyr. l. 1. p.2, 2, moien le plus court & le plus fûr de faire réuffir ses entreprises, eft de mettre hardiment en ufage le menfonge, la perfidie, le parjure; qui traitent de petiteffe d'ame, de foibleffe d'efprit, & d'imbécille ftupidité, le fcrupuleux attachement à fa parole & aux engagemens qu'on a pris; enfin qui font perfuadés qu'on ne peut régner, fi l'on ne préfere les confidérations d'Etat à l'obfervation exacte des traités le plus folennellement jurés, Les peuples d'Afie, continue Xénophon, ne furent pas lontems fans imiter le Prince, qui leur fervoit d'exemple & de maître pour la duplicité & la fourberie, Ils s'abandonnérent bientôt à la violence, à l'injuftice, à l'impiété ; & de là eft venu le changement étrange que l'on voit dans leurs mœurs, & le mépris qu'ils ont conçu pour leurs Rois, qui eft la fuite naturelle & la punition ordinaire du peu de cas que ceux-ci font de ce que la religion a de plus facré & de plus formidable. En effet, le ferment par lequel on fcelle les traités, en y faifant intervenir la divinité comme préfente, & Cyrop. 1. 8. comme garante des conditions, eft une fainte & augufte cérémonie pour foumettre les Rois au Juge fuprême qui feul peut les juger, & pour tenir dans le devoir toute majefté humaine en la faifant comparoître devant celle de Dieu, à l'égard de qui elle n'eft rien. Or eft-ce un moien d'attirer aux Rois les refpects du peuple, que de lui apprendre à ne plus craindre Dieu? Quand cette crainte fera effacée dans les fujets comme dans le Prince, où fera la fidélité & l'obéiffance, & fur quel appui le trône fera-t-il fondé ? Cyrus avoit raifon de dire qu'il ne reconnoiffoit pour bons ferviteurs & P. 204. pour fidéles fujets que ceux qui avoient de la religion, & qui refpectoient la divinité: & il n'est pas étonnant que le mépris que fait de l'une & de l'autre un Prince, qui compte pour rien la fainteté des fermens, ébranle jus ques dans leurs fondemens les empires les plus fermes, & en cause tôt ou tard l'entiére deftruction. Les Rois, dit Plutarque, quand il arrive des ré. Pyrrh. p. 399. volutions dans leurs Etats, fe plaignent amérement de l'infidélité des peuples; mais c'eft bien à tort, & ils ne fe fouviennent pas que c'eft eux Plut. in |