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de ceux de l'Achaïe, il reçut là comme une nouvelle teinture, & ne fuivit pas toute la délicateffe où arrivérent depuis, les Athéniens. C'eft en cette langue qu'ont écrit Hippocrate & Hérodote.

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3. Le Dorique a été premiérement en usage parmi les Lacédémoniens & ceux d'Argos, Enfuite il passa dans = l'Epire, dans la Libye, la Sicile Rhode, & Créte. C'eft celui qu'ont fuivi Archimede & Théocrite, tous deux de Syracufe, & Pindare.

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4. L'Eolien a été d'abord ufité parmi les Béotiens & leurs voifins, puis dans l'Eolie, région de l'Alie Mineure entre l'Ionie & la Myfie, qui comprenoit dix ou douze villes, colonies des Grecs. C'est celui qui a été fuivi par Sapho & Alcée, dont il refte peu de chofe. On le trouve auffi mélé dans Théocrite, Pindare, Homére, & dans plufieurs autres.

ARTICLE SIXIE' ME.

Gouvernement Républiquain établi prefque généralement dans toute la Grèce, ON A PU remarquer dans le peu que j'ai dit des divers établissemens de la Gréce, que le fonds primordial de

tous ces différens Etats étoit le gouvernement monarchique, le plus ancien de tous, le plus univerfellement répandu, le plus propre à entretenir la paix & la concorde, &, comme Plat. lib. 3. l'obferve Platon, formé fur le modéle iple leg p. 680. de l'autorité paternelle, & de cet empire doux & modéré que les peres exerçoient dans leur famille.

Les chofes aiant dégénéré peu à peu par l'injuftice des ufurpateurs, par la dureté des maîtres légitimes, par les foulévemens des peuples, & par mille autres révolutions qui arrivérent dans ces Etats; un efprit tout contraire an premier s'empara de la Gréce entiére; y alluma un defir violent de la liberté, & établit par tout, excepté dans la Macédoine, un gouvernement républicain, mais varié en prefque autant de maniéres qu'il y avoit de différentes villes, felon le génie & le caractére de chacun des peuples.

Il refta toujours néanmoins je ne fai quel levain de l'ancienne domination, qui réveilla de tems en tems l'ambition de plufieurs citoiens, & leur infpira le defir de fe rendre maîtres de leur patrie. Dans prefque tous ces petits Etats de la Gréce on vi

fouvent des particuliers, qui n'aiant aucun droit au trône ni par leur naiffance, ni par le choix des citoiens cherchérent à s'y élever par cabale, par trahison, par violence; & qui, fans refpect pour les loix, fans égard pour le bien public, exercérent l'au torité fouveraine avec un empire defpotique & un pouvoir arbitraire. Pour Te maintenir dans leur injufte ufurpation au milieu des défiances & des al larmes, ils fe crurent obligés de prévenir de fauffes conjurations, ou de réprimer des confpirations réelles par les plus cruelles profcriptions, & de facrifier à leur fûreté tous ceux que leur mérite, leur rang, leurs richeffes, leur zêle pour la liberté, leur amour pour la patrie, rendoient fufpects à un gouvernement foupçonneux & mal affermi, qui fentoit bien qu'il étoit haï de tous, & qu'il méritoit de l'être. C'eft cette conduite inhumaine qui rendit ces hommes fi odieux fous le nom de * Tyrans, & qui fournit une fi ample matiére aux déclamations des orateurs, & aux représentations tram giques du théatre.

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De toutes ces villes & de toutes ces parties de la Grèce, féparées entiérement, ce femble, les unes des autres par leurs loix, leurs coutumes, leurs intérêts, fe forma néanmoins un feul tout & un corps unique, dont les forces s'accrurent jufqu'au point de faire tremblet la puissance formidable des Perfes fous Darius & Xerxès, & qui l'auroit peut-être abfolument détruite dès lors, fi la Grèce avoit pu fe maintenir dans cette union & cette concorde qui la rendoit invincible. C'est le spectacle qui va nous occuper dans la fuite, & qui mérite certainement toute l'attention des Lecteurs. Nous verrons, dans les volumes qui fuivront, un petit peuple, renfermé dans l'enceinte d'un pays qui n'égaloit pas le quart de la France, aux prifes avec le plus puiffant Empire qui fût alors fur la terre; & nous le verrons, non feulement tenir tête aux armées innombrables des Perfes,mais les diffiper, les mettre en fuite, les tailler en pièces, & réduire quelquefois l'orgueil Perfan à accepter des conditions de paix auffi honteuses pour les vaincus, que glorieufes pour les vainqueurs.

Parmi les villes de la Gréce, deux fe distinguérent particuliérement, & s'acquirent une autorité & une forte de fupériorité fur toutes les autres, que le mérite feul leur attira: c'est Lacédémone & Athénes. Comme elles foutiendront un grand perfonnage dans l'hiftoire qui va fuivre, avant que d'entrer dans ce détail, je croi devoir donner par avance quelque idée du génie, du caractère, des mœurs, du gouvernement de ces deux peuples. Plutarque, dans les vies de Lycurgue & de Solon, me fournira la principale partie de ce que j'ai à dire fur ce fujet.

ARTICLE SEPTIE' ME. Gouvernement de Lacédémone: Loix établies par Lycurgue.

IL N'Y A peut-être rien dans toute l'hiftoire profane de plus attefté, ni en même tems de plus incroiable, que. ce qui regarde le gouvernement de Lacédémone, & la difcipline que Ly- Plut. iz v curgue y avoit établie. Ce Légiflateur Lycurg.P.4 étoit fils d'Eunomus, l'un des deux rois qui commandoient ensemble à Sparte. Il lui eût été facile de monter fur le trône, après la mort de fom

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