Pag. 54. Pag. 57. à l'ennemi pleins de confiance, com- Quand ils avoient rompu & mis Quand les premiers établiffemens de Lycurgue furent reçus & confirmés par l'ufage, & que la forme de gouvernement qu'il avoit établie parut affez forte & affez vigoureuse pour fe maintenir d'elle-même & pour fe conferver: comme Platon dit de Dieu, qu'après avoir ache a Ce paffage de Platon | lieu de croire que ce Philo A dans le Timée, & donne Sophe avoit lu ce que Moyst vé de créer le monde, il fe réjouit lorfqu'il le vit tourner & faire fes premiers mouvemens avec tant de jufteffe & d'harmonie; ainfi le Légiflateur de Sparte, charmé de la grandeur & de la beauté de fes loix, fentit un redoublement de plaifir quand il les vit, pour ainfi dire, marcher feules & cheminer fi heu-reusement. Mais defirant, autant que cela dé pendoit de la prudence humaine, de les rendre immortelles & immuables, il fit entendre au peuple qu'il lui reftoit encore un point le plus important & le plus effentiel de tous, fur * lequel il vouloit confulter l'oracle d'Apollon; & en attendant, il les fit tous jurer que jusqu'à ce qu'il fût de retour ils maintiendroient la forme de gouvernement qu'il avoit établie. Quand il fut arrivé à Delphes, il confulta le dieu pour favoir fi fes loix étoient bonnes & fuffifantes pour rendre les Spartiates heureux & vertueux. La Prétreffe lui répondit qu'il ne manquoit rien à fes loix, & que tant que dit de Dieu quand il crea erane valde bona. Oz. 1 te monde Vidit Deus 31, 4nca quæ fecerat, & Sparte les obferveroit, elle feroit la plus glorieuse ville du monde, & jouiroit d'une parfaite félicité. Lycurgue envoia cette réponse à Sparte, & troiant fon miniftére confommé, il mourut volontairement à Delphes, en s'abstenant de manger. Il étoit perfuadé que la mort meme des grands perfonnages & des hommes d'Etat ne doit pas être oifive ni inutile à la République, mais une fuite de leur miniftére, une de leurs plus importanLes actions, & celle qui leur doit faire autant ou plus d'honneur que toutes les autres. Il crut donc qu'en mourant de la forte il mettoit le fceau & le comble à tous les fervices qu'il avoit rendus pendant fa vie à ses citoiens, puifque fa mort les obligeroit à garder toujours fes ordonnances, qu'ils avoient juré d'obferver inviolablement jufqu'à fon re tour. En expofant les fentimens de Lycurgue fur fa propre mort, tels que Plutarque les a marqués, je fuis bien éloigné de les approuver : & j'en dis autant de plufieurs faits pareils, que je raporte quelquefois fans y joindre de reflexion, mais fans prétendre y donner d'approbation. Les prétendus fages du paganifme n'avoient fur l'article dont il s'agit ici,comme fur beaucoup d'autres, que des lumiéres fort bornées,& mélées d'épaiffes ténébres. Ils établiffoient ce principe admira. ble, qu'on trouve dans plufieurs de leurs écrits: Que l'homme, placé dans le monde comme dans un pofte par fon Général, ne ne peut le quitter que par le commandement exprès de celui de qui il dépend, c'est-àdire de Dieu même. Ils le regardoient auffi quelquefois comme un coupable condanné à une trifte prifon, d'où il pouvoit defirer de fortir, mais d'où il ne lui étoit permis de fortir en effet que par l'ordre du Magiftrat & de la Juftice, & non en brifant fes chaînes, ni en forçant les portes du cachot. Ces idées font belles, parce qu'elles font vraies : mais a Vetat Pythagoras injuffu Imperatoris, id eft Dei, de præfidio & ftatione vite decedere. Cie. de fene&t. n. 73. Cato fic abiit è vita, ut caufam moriendi na&tum fe efle gauderet.Vetat enim dominans ille in nobis Deus injuffu hinc nos fuo demigrare. Cùm verò caufam juftam Deus ipfe dederit, ut tune So ' crati, nunc Catoni, fæpe multis: næ ille, medius fidius, vir fapiens, lætus ex his tenebris in lucem illam excefferit. Nec ta men illa vincula carceris ruperit; leges enim vetant: fed, tanquam à magiftratu, aut ab aliqua poteftate legitima, fic à Deo evocatus atque emif fus, exierit. Id. 1.Tufc. Quaft. q. 74. Zvj l'application qu'ils en faifoient étoit REFLEXIONS fur le gouvernement 58. IL FAUT bien, à n'en juger même |