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4. Fermeté

Cans lesmeres.

& une barbarie dans des peres & des meres, de voir de fang froid couler le fang des plaies de leurs enfans, & de les voir même fouvent expirer fous les coups de verges?

ON ADMIRE le courage des meres peu humaine Spartaines, à qui la nouvelle de la mort de leurs enfans rués dans un combat non feulement n'arrachoit aucunes larmes, mais caufoit une forte de joie. J'aimerois mieux que dans une telle occafion la nature se fît entrevoir davantage, & que l'amour de la patrie n'étouffât pas tout, à-fait les fentimens de la tendreffe maternelle. Un de nos Généraux, à qui dans l'ardeur du combat on apprit que fon fils venoit d'être tuẻ, parla bien plus fagement. » Son, geons, dit-il, maintenant à vaincre l'ennemi, demain je pleurerai a mon fils.

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3. Exceffif JE NE VOI pas comment on peut excufer la loi qu'impofa Lycurgue aux Lacédémoniens de paffer dans l'oifiveté tout le tems de leur vie, excepté celui où ils faifoient la guerre. Il laiffa tous les arts & tous les métiers aux efclaves & aux étrangers qui habitoient parmi eux, & ne mit

entre les mains de fes citoiens que le bouclier & la lance. Sans parler du danger qu'il y avoit de fouffrir que le nombre des efclaves, néceffaires pour cultiver les terres, s'accrût à un tel point, qu'il paffât de beaucoup celui des maîtres, ce qui fut fouvent parmi eux une fource de féditions: dans combien de défordres un tel loifir devoit-il plonger des hommes toujours defœuvrés, fans occupation journaliére, & fans travail réglé ? C'est un inconvénient qui n'est encore aujourd'hui que trop ordinaire parmi la nobleffe, & qui eft une fuite naturelle de la mauvaise éducation qu'on lui donne. Excepté le tems de guerre, la plupart de nos gentilshommes paffent leur vie dans unet entiére inutilité. Ils regardent également l'agriculture, les arts, le commerce au deffous d'eux, & ils s'en croiroient deshonorés. Ils ne favent fouvent manier que les armes. Ils ne prennent des fciences qu'une légere teinture, & feulement pour le be

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foin: encore plufieurs d'entr'eux n'ent ont aucune connoiffance, & fe trouvent fans aucun goût pour lecture. Ainfi il n'eft pas étonnant A a iij

la

6. Dureté à

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que la table, le jeu, les parties de chaffe, les vifites réciproques, des converfations pour l'ordinaire allez frivoles, faffent toute leur occupa tion. Quelle vie pour des hommes qui ont quelque esprit!

LYCURGUE feroit abfolument 'égard des inexcufable s'il avoit donné lieu, comme on l'en accuse, à la dureté & à la cruauté qu'on exerçoit dans fa République contre les Ilotes. C'étoient des esclaves, dont les Lacédémoniens fe fervoient pour labourer leurs terres. Non feulement ils les enivroient, pour les faire paroitre en cet état devant leurs enfans, & pour infpirer à ceux-ci une grande horreur d'un vice fi bas & fi honteux; mais ils les traitoient avec la dernière barbarie, & fe croioient permis de s'en défaire par les voies les plus violentes, fous prétexte qu'ils étoient toujours prêts à fe révolter. Dans Lib. 4. une occafion que Thucydide raporte, deux mille de ces Ilotes difparurent tout d'un coup, fans qu'on fût ce qu'ils étoient devenus. Plutarque prétend que cette coutume barbare ne fut mise en ufage que depuis Lycurgue, & qu'il n'y eut aucune part,

abfolument

MAIS ce qui rend Lycurgue plus 7. Pudeur condannable, & ce qui fait mieux & modeftie connoître dans quelles ténébres & négligées. dans quels defordres le paganifme étoit plongé, c'eft de voir le peu d'égard qu'il a eu à la pudeur & à la modeftie, dans ce qui regarde l'éducation des filles & les mariages; ce qui fut fans doute la fource des defordres qui régnoient à Sparte, comme Ariftote l'a fagement obfer- Lib. 2. de vé. Quand on compare à cette licen- Rep. c. 9. ce effrénée des réglemens du plus fage Légiflateur qu'ait eu l'antiquité profane, la fainteté & la pureté des loix de l'Evangile, on comprend quelle eft la dignité & l'excellence du chriftianifme.

On le comprend encore d'une maniére qui n'eft pas moins avantageufe, par la comparaifon même de ce que les loix de Lycurgue femblent avoir de plus louable, avec celles de l'Evangile. C'eft une chofe bien admirable, il faut l'avouer qu'un peuple entier ait confenti à un partage de terres qui égaloit les pauvres aux riches, & que par le changement de monnoie il fe foit réduit à une efpéce de pauvreté. Mais A a iiij

le Légiflateur de Sparte, en établisfant ces loix, avoit les armes à la main. Celui des chrétiens ne dit qu'un mot, Bienheureux les pauvres d'efprit & des milliers de fidéles, dans la fuite de tous les fiécles, renoncent à leurs biens, vendent leurs terres, quittent tout, pour fuivre Jefus-Chrift pauvre.

ARTICLE HUITIEME.

Gouvernement d'Athènes. Loix d Solon. Hiftoire de cette Républi que depuis Solon jusqu'au régne de

Darius I.

J'AI DEJA remarqué qu'Athénes, dans fa naissance, eut des Rois. Mais ils n'en avoient que le nom : toute leur puiffance, prefque reftrainte au commandement des armées, s'éva nouiffoit dans la paix. Chacun vivoit maître chez foi, & dans une entiére indépendance. Codrus, le dernier Roi d'Athénes, s'étant dévoué pour le bien public, fes enfans Médon & Nilée difputérent le roiaume entre eux. Les Athéniens en prirent occafion d'abolir la roiauté, quoiqu'elle ne les incommodât gueres; & déclaré

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