mander la paix aux conditions qu'il voudroit lui prefcrire. Sennachérib, paroiffant fe radoucir, traita avec lui, & exigea une très groffe fomme d'or & d'argent. Le faint Roi, pour la lui paier, épuifa fes tréfors & ceux du temple. L'Affyrien, ne comptant pour rien la fainteté des fermens & des traités, continua la guerre, & pouffa fes conquêtes plus vivement que jamais. Tout fuccomba fous fes efforts, & de toutes les places de Juda il ne reftoit plus que Jérufalem, qui fe trouvoit réduite à la derniere extrémité. Dans ce moment il apprit que Tharaca Roi d'Ethiopie, qui avoit joint fes troupes à celles du Roi d'Egypte, s'avançoit au fecours de la ville affiégée. C'étoit contre la défense formelle de Dieu, & malgré les remontrances d'Ifaie & d'Ezéchias que les principaux de Jérufalem avoient mandié ce fecours étranger. Il partit fur le champ pour aller à la rencontre des ennemis, après avoir écrit à Ezéchias une lettre pleine de blafphemes contre le Dieu d'Ifrael, dont il fe vantoit avec infolence qu'il deviendroit bientôt le vainqueur, comme il l'avoit été de tous les dieux des autres 4. Reg. cap. c. 32. v. 24. 31. nations. Il défit les Egyptiens, & les pourfuivit jufques dans l'Egypte; qu'il ravagea, & où il fit un grand butin. Il y a beaucoup d'apparence que ce 10.1. Paral fut pendant cet intervalle de l'absence de Sennachérib qui fut affez longue, ou du moins peu de tems auparavant, qu'Ezéchias étant tombé malade, fut guéri d'une maniére miraculeufe, & que pour marque de l'accompliffement de la promeffe que Dieu lui avoit faite de le guérir fi parfaitement qu'avant trois jours il feroit en état d'aller au temple, l'ombre du foleil retourna en arriére de dix degrès fur un cadran qui étoit dans le palais. Le Roi de Babylone, appellé Méredach-Baladan, aiant appris la guérifon miraculeufe d'Ezéchias, lui envoia des Ambaffadeurs avec des lettres & des préfens pour l'en féliciter, & pour s'informer du prodige qui étoit arrivé fur la terre à cette occafion, lorfque le foleil avoit rétrogradé de dix lignes. Ezéchias fut extrémement sensible à l'honneur que lui faifoit ce Prince étranger, & il s'empreffa de montrer à fes Ambaffadeurs tout ce qu'il avoit de plus rare & de plus précieux dans fes tréfers, & de leur faire remarquer la magnificence de fon palais. Á en A juger humainement, cette démarche n'avoit rien que de permis & de louable: mais les yeux du Souverain Juge, bien plus perçans & plus délicats, que les nôtres, y aperçurent une vanité fecrette & un orgueil caché dont fa justice fut bleffée. Il lui envoia dire fur le champ par fon prophete Ifaïe, que les richelles & les tréfors qu'il venoit de montrer avec tant de faste à ces Ambaffadeurs, feroient un jour transportés à Babylone, & que fes enfans y feroient conduits pour fervir dans le palais du Roi. C'est à quoi il n'y avoit pour lors nulle apparence: car Babylone, dans le tems dont nous parlons, étoit amie & alliée de Jérufalem, puifqu'elle lui envoioit des Ambaffadeurs, & il femble qu'elle n'avoit rien à craindre que du côté de Ninive, dont la puiffance étoit alors formidable, & entiérement déclarée contre elle. Mais le fort de ces deux villes devoit changer, & la parole de Dieu fut accomplie à la lettre. Pour revenir à Sennacherib, après 4. Reg. c. 1gi qu'il eut ravagé l'Egypte, & fait un v. 35-37 grand nombre de captifs, il retourna avec fon armée victorieuse devant Jé rufalem, & en forma de nouveau le fiége. La perte de la ville paroiffoit inévitable. Elle étoit fans ressource & fans efpérance du côté des hommes: mais elle avoit dans le ciel un puiffant protecteur, dont l'oreille jaloufe avoit entendu les blafphemes impies que le Roi de Ninive avoit prononcés contre fon faint Nom.Enune feule nuit l'épée de l'Ange exterminateur fit périr cent quatre-vingts-cinq mille hommes de fon armée. Après un fi terrible échec, ce prétendu Roi des Rois, car il s'appelloit ainfi, ce triomphateur des nations, ce vainqueur des dieux mêmes, fut obligé de regagner fon pays avec les malheureux débris de fon armée, couvert de honte & de confufion, & n'aiant furvécu de quelques mois à fa défaite que pour faire une efpéce d'amande honorable au Dieu fuprême dont il avoit ofé infulter la majefté, & qui maintenant, lui aiant mis, pour me fervir des termes de l'Ecriture un cercle au nez & un mords à la bouche comme à une bête féroce, le faifoit retourner dans ce trifte & humi.. liant état à travers de ces mêmes peuples qui peu de tems auparavant l'avoient vû fi fier & fi menaçant. Quand il fut de retour à Ninive, outré de fa difgrace, il traita fes fujets d'une manière tout-à-fait cruelle &. tyrannique. Il exerça fur-tout fa fu-Tob.1.18-24 reur contre les Juifs & les Ifraelites, dont il faifoit tous les jours maffacrer un grand nombre, & laiffoit leurs corps expofés dans les rues, défendant même qu'on leur donnât la fépulture. Tobie, pour fe dérober à fa cruauté, 4. Rægi fut obligé de fe tenir caché pendant 37. quelque tems: tous fes biens furent confifqués. L'humeur féroce du Roi le rendit fi infupportable à fa propre famille, que fes deux fils aînés confpirerent contre lui, & le tuerent dans le temple & fous les yeux de fon dieu Nefroch, devant qui il étoit profterné. Ces deux Princes aiant été contraints de s'enfuir en Arménie après ce parricide,laifferent le roiaume à Afarhaddon leur cadet. ASARHADDON. Canon. Ptel. Nous avons déja remarqué que AN.M. 3294. depuis Mérodach-Baladan il y avoit A. J. C. 710. eu encore à Babylone quelques Rois, dont l'histoire ne nous a confervé que les noms. La race roiale aiant manqué, il y eut pendant huit ans un interregne plein de trouble & de con |