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werentia.Tac.

L'afpect en étoit magnifique & brillant. Car, outre que la difpofition de fes murs faifoit une espece d'amphithéatre, les différentes couleurs dont on avoit peint les parapets formoient une très-agréable diverfité.

Après que la ville eut été bâtie, & que Déjoce eut obligé une partie des Médes à s'y établir: il s'appliqua tout entier à dreffer des loix pour le bien de Major ex l'Etat. Perfuadé que la majesté des longinquo re- Rois fe fait plus refpecter de loin, il mit d'abord un grand intervalle entre le peuple & lui, fe rendit prefque inacceffible & comme invifible à fes fujets, & ne leur permit de lui parler & de lui communiquer leurs affaires que par des placets & des perfonnes interpofées. Ceux même qui avoient le privilége de l'approcher, ne pou voient ni rire ni cracher en fa préfence.

Cet habile politique fit ces réglemens pour s'affurer la couronne. Car aiant affaire à des hommes encore féroces, & qui ne fe connoiffoient pas bien en vrai mérite, il craignit qu'une trop grande familiarité ne lui attirât le mépris, & ne donnât lieu à des complots & à des confpirations

contre

contre une autorité naiffante, qui ne manque jamais de faire des jaloux & des mécontens. Mais demeurant ainsi caché aux yeux du peuple, & ne fe faifant connoître que par les fages loix qu'il établiffoit, & par l'exacte juftice qu'il fe piquoit de rendre à chacun, il s'attiroit le refpect & l'eftime de fes fujets.

On dit que du fond de fon palais il voioit tout ce qui se paffoit dans fes Etats par le moien de fes émiffaires, qui lui rendoient compte & l'informoient de tout. Ainfi nul crime n'échapoit ni à la connoiffance du Prince, ni à la rigueur des loix ; & la peine fuivant de près la faute, contenoit les méchans, & arrétoit les violences.

Cela pouvoit être ainfi jufqu'à un certain point: mais il n'y a perfonne qui ne fente les grands inconvéniens de la coutume que Déjoce introduifit pour lui-même, & que d'autres Rois d'orient imitérent, de fe tenir caché dans fon palais; de gouverner par des Officiers répandus par tout fon roiaume; de s'en raporter uniquement à leur bonne foi de l'information des faits; & de ne laiffer approcher la vérité, les plaintes des opprimés, les Tome II.

E

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AN.M.3347.
A. J. C. 657.
Herod c.102.

juftes raifons des innocens, que par des canaux étrangers, c'eft-à-dire par des hommes fujets à être prévenus ou corrompus, qui ne laiffoient plus lieu aux remontrances ni à la réparation des injuftices, & qui pouvoient les commettre d'autant plus facilement & plus hardiment, que leur prévarication demeuroit fecrette, & par conféquent impunie.Outre que dans cette affectation des Princes à fe rendre invisibles, il y a ce semble un aveu de leur peu de mérite, qui ne peut foutenir le grand jour.

Déjoce fut fi occupé à adoucir, à humanifer les mœurs de la nation, & à faire des loix pour le gouvernement, qu'il n'entreprit jamais rien contre fes voifins, quoique fon régne ait été fort long: car il mourut après avoir régné cinquante trois ans.

PHRAORTE. 22 ans.

APRE's la mort de Déjoce, fon fils *Ceft ainfi Phraorte,ou * Aphraarte, lui succéda, que l'appelle Eufebe Chron La feule conformité du nom porteGre.& Geor roit à croire que c'eft le Roi qui eft Judith. 1. 1. appellé Arphaxad dans l'Ecriture:

Synielle.

mais ce fentiment eft fondé fur beau

coup d'autres raifons très-folides que l'on peut voir dans la favante differ

tation du P. Montfaucon, dont j'ai fait ici beaucoup d'ufage. Ce qui eft dit dans Judith, qu'Arphaxad bâti une ville très forte, qu'il appella Ecbatane, a trompé la plupart des Auteurs, & leur a fait croire que c'étoit Déjoce, qui certainement a été le fondateur d'Ecbatane. Mais le texte grec de Judith, traduit dans la vulgate par adificavit, dit feulement qu'Arphaxad ajouta de nouveaux bâtimens à la ville. Et il est fort naturel que le pere n'aiant pu achever entierement un ouvrage confidérable, le fils y ait mis la derniere main, en ajoutant ce qui y manquoit.

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Herod. lib. 1.

Phraorte, qui étoit d'une humeur Judith. Text. fort belliqueufe, ne fe contentant Grec. point du roiaume de la Médie que cap. 102. fon pere lui avoit laiffé, attaqua les Perfes, & les aiant vaincus dans un grand combat, il les affujettit à fon empire. Fortifié par leurs troupes, il attaqua les nations voifines les unes après les autres, enforte qu'il fe rendit le maître de prefque toute la haute Afie, qui comprend tout ce qui eft au nord du mont Taurus depuis la Médie jufqu'au fleuve Halys.

Ces heureux fuccès lui enflérent

extrémement le cœur. Ilofa porter la guerre contre les Affyriens, affoiblis pour lors à la vérité par la révolte de plufieurs nations, mais encore très puiffans par eux-mêmes. Nabucodonofor leur Roi, appellé autrement Saofduchin, affembla dans fon pays * Le texte une grande armée, & envoia * des grec met ces Ambaffadeurs à plufieurs peuples de avant la ba-l'orient pour leur demander du se¬ cours. Tous le refuférent avec mépris, & traitérent ignominieusement fes Ambaffadeurs, témoignant bien qu'ils ne craignoient plus cet empire, qui avoit autrefois tenu la plupart d'entr'eux dans une dure fervitude.

ambaffades

taille.

Le Roi, aigri à l'excès d'un traitement fi indigne, jura par fon trône & par fon régne qu'il fe vengeroit de toutes ces nations, & qu'il les pafferoit au fil de l'épée. Il se disposa enfuite au combat avec ce qu'il avoit de troupes dans la plaine de Ragau. Ce fut là où fe donna cette grande bataille qui futtrès funefte à Phraorte. Il fut défait : fa cavalerie prit la fuite: fes chariots furent renverfés & mis en defordre: enfin Nabucodonofor remporta une victoire entiére. Profitant de la déroute des Médes, il entra

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