teufe flagellation, les dérisions les plus indignes, une croix infultée par tout le monde, feront les armes de ce Dieu puiffant. On n'entendra parler qu'en tremblant de fes humiliations. On fe profternera devant fa croix. Et un jour, quand le ciel & la terre feront réunis en un feul fpectacle, auffi-bien que tous les hommes & tous les fiecles, il n'y aura point de genou qui ne flechiffe devant celui qui n'a voulu emploier que fa foibleffe, pour s'affujettir toutes choses.

LE PERE DU SIECLE FUTUR, OU DE L'ETERNITE'.

Sans lui, tout le fruit de la création étoit perdu pour nous; & les biens du fiecle futur, que Dieu réserve à fes amis, auroient été à notre égard, comme s'ils n'étoient point. Mais la naiffance du Fils prédit par Ifaïe, ouvre un fiecle nouveau,

&

& devient l'origine d'une création nouvelle. Elle commence maintenant par fa grace; & elle fera un jour parfaite, quand nous ne devrons plus rien à Adam. Le corps que nous en avons reçû fera détruit; & ce fera de JESUS-CHRIST feul que nous recevrons le corps qui réfufcitera. Il changera une maifon de terre, en une maison célefte & éternelle. Il fera luimême & la caufe, & le modele de la gloire dont nos corps feront revêtus. Toutes les anciennes liaisons feront abolies. Il n'y aura plus qu'un feul Pe& fa famille immortelle

re;

n'aura befoin

que de lui, pour fubfifter dans toute l'éternité.

LE PRINCE DE LA PAIX.

Non-feulement fon regne fera tranquille, mais il n'y aura de paix & de tranquillité, que dans fon roiaume. Il fera le Dieu de la paix; & ce fera par

E

lui feul qu'on fera reconcilié avec fon Pere, rétabli dans la focieté des Saints, délivre des divifions dont la cupidité eft le principe. Cette paix commencera fur la terre, & fera parfaite dans le ciel. La charité & la vérité fe termineront à l'unité. Il fera tout en tous. Il fera un feul corps, & un feul efprit avec tous les Saints. Et comme il est une même chofe avec fon Pere, il fera avec lui un fcul roi; & le roiaume qu'il lui remettra après que tout lui aura été foumis, fera la paix & l'uS. Bern. fer nité même. Admirabilis, in 53. de diverfis nativitate; Confiliarius, in pradicatione; Deus, in operatione; Fortis, in paffione; Pa ter futuri faculi, in refurrectione; Princeps pacis, in perpetud beatitudine. JESUSCHRIST eft l'Admirable, dans fa naiẞance; le Confeiller, dans la prédication de l'Evan gile; Dieu, dans fon opération; de Fort, dans fa paffion; le Pe

re du fiecle futur, dans fa réfurrection; le Prince de la paix, dans la félicité éternelle.

Un peu de réflexion fuffit, pour voir qu'un tel caractere ne peut convenir à Ezéchias, ni à aucun autre prince ; & que JESUS-CHRIST eft trop vifible ment peint par tous ces traits, pour l'y méconnoître.

III. RE GLE.

Lorfque les expreffions de l'Ecriture font trop magnifiques

pour le fujet qu'elles paroiffent regarder, c'est une prexve qu'elles ont un objet plus augufte.

ORSQUE les expreffions de l'Ecriture font trop fortes, trop générales, trop auguftes, & qu'elles font éxaggérées par rapport au fujet, qu'elles pa roiffent regarder: c'est une re gle fûre, qu'il y en a un autre,

que le faint Efprit a eu en vûë à qui toutes ces expreffions conviennent éxactement, & par rapport auquel elles font plûtôt trop foibles, qu'éxagérées. Car la parole de Dieu eft celle de la vérité; c'est un or purifié jusqu'à fept fois. On ne peut y trouver rien de défectueux, ni de fuperflu. Elle eft la regle des difcours les plus éxacts, & les plus précis; & dès qu'on y croit voir de l'excès, c'est une marque qu'on ne l'entend point, & qu'on lui fubftituë un objet étranger. Il eft indigne de fuppofer que l'Ecriture ait befoin de l'indulgence des lecteurs ; & qu'elle attende de leur équité, qu'ils veuillent bien l'expliquer favorablement, & prendre fes expreffions en bonne part. C'est une efpece d'irreligion, de foupçonner l'Efprit de vérité d'aller ordinairement au delà du vrai; de lui imputer un langage exceffif & outré; & de trouver celui des hommes communé