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fifteroit au faint Efprit, fi l'on cherchoit ici un autre fens que le prophétique.

V. REG L E.

Les promeffes qui n'ont pour obs jet qu'une félicité temporelle, ne doivent être regardées que comme des images des biens fpirituels.

L

'ECRITURE n'eft point oppofée à elle-même. Elle ne loue point en un lieu, ce qu'elle méprise dans un autre. Elle ne regarde pas comme une félicité digne des juftes, ce qu'elle avoue en plufieurs endroits leur être refufé, au lieu qu'il eft très fouvent accordé aux injuftes. Elle ne flatte aucune paffion. Elle veut les guérir toutes. Elle eft toûjours ennemie de l'avarice, de l'ambition, de la vengeance, de la molleffe, & du luxe. On doit donc être perfua¬

dé, que toutes les promeffes qui n'ont pour objet qu'une félicité temporelle; que toutes les expreffions capables d'inspirer l'amour de l'argent, ou des délices; que tous les récits circonftanciés d'une magnificence purement humaine ne font dans l'Ecriture que comme des images de biens plus folides & plus réels, que comme des figures du regne fpirituel de JESUSCHRIST, & de la gloire future des juftes; & que c'eft devenir Juif, que de condamner les fens plus fublimes & plus élevés, que des hommes éclairés donnent à des chofes qui feroient inutiles, & même dangereufes, fi l'on s'arrêtoit à la furface.

D'ailleurs, comme ces pro meffes font générales, elles doi vent s'accomplir dans tous les tems, & par rapport à tous les juftes. Il faudra donc que tous ceux qui ont de la vertu, ne manquent jamais d'aucun bien néceffaire à la vie; qu'ils ne fouffrent

fouffrent jamais ni la faim, ni la foif; qu'ils foient dans l'abondance, & dans la gloire ; & que tôt ou tard ils foient fupérieurs ૩ tous leurs ennemis. Que deviendront alors tant de juftes de l'ancienne loi, dont il eft parlé dans l'Epitre aux Hébreux, qui Heb. 11. 2. ont manqué de tout, & qui ont 36. 37. & z&. été éprouvés par toutes fortes de maux? Que deviendront tant de martyrs, que la faim ou la mifere ont fait mourir dans les prifons, ou dans les mines, pendant que leurs per fécuteurs jouiffoient d'une vie douce & tranquille ? Et que ré pondrons-nous à faint Paul, qui parle ainfi en fon nom, & en celui des Apôtres : Jufqu'à 1. Cor, 4.31 cette heure nous fouffrons la faim la foif, la nudité les mauvais traitemens; nous n'avons point de demeure ftable.... nous fommes devenus comme les ordures du monde. Plus nous prendrons de telles promeffes à la lettre, plus

H

Ibid. v. 2.

Pf. 127. v. 1. Heureux, dit le prophete, quiconque craint le Seigneur, & marche dans fes voies. Vous ferés certainement nourri du travail de vos mains ; vous êtes heureux, & en poffeffion du bien. J'avoue que ma furprise eft grande, en voiant le bonheur de la crainte de Dieu, & de l'éxacte obéiffance à fes volontés réduit à fi peu de chofe. C'est le bonheur d'un artisan, qui fournit à la dépenfe de chaque jour, mais qui ne réserve rien. Peu de gens feront tou chés d'une telle fortune. Un peu plus de bien, & moins de travail, paroîtroient plus di gnes d'envie.

Thid. v. 3.

Votre épouse, continue le pro, phete, eft comme une vigne fertile, appuiée fur le mur de votre maison. Le prophete n'a-til point d'autre louange à donner à l'époufe du jufte, que la fanté & la fécondité ? Sa pieté, fa modeftie, fon affiduité au ravail, fon œconomie, & tant

de qualités eftimables que le Sage donne à la femme forte, Prov. 11. Us ne méritoient-elles pas d'être 10. & feqq. rapportées ?

Le prophete ajoûte : Vos en- Pf. 127. V. 4. fans,comme de nouveaux plans d'oliviers, environnent votre table. Tout le mérite des enfans d'un pere plein de religion confifte-t-il dans leur belle taille, & dans la maniere dont ils affiegent fa table? N'auroit-on eu que cela à dire du jeune Tobie ? Les enfans des impies fontils moins adroits, de moins bonne mine, moins propres aux éxercices du corps, que ceux des juftes? Et les femmes fans religion font-elles ftériles? Je ne vois donc rien ici qui ne foit commun à l'homme fans religion, & à l'homme de bien ; & à de telles marques je reconnois

auffi

peu

la vertu que le vice.

Voilà certainement comme 1b. vi qu fera beni l'homme qui craint le

Seigneur. Si c'est ́ainfi que la pieté eft récompensée, elle eft

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