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nous prenions part à fes fouffrances, & à fes ignominies: il a toutjours éxigé la même chose de tous les faints. La vraie pieté a été dans tous les tems inféparable de l'attente d'un vrai libérateur, & d'un vrai fauveur, ennemi des paffions des hommes, incapable de les favorifer, & affez puiffant pour les guérir. Sans cette lumiere & fans cette efpérance, on auroit toûjours vécu dans l'erreur. On n'auroit eu que de fauffes idées des biens & des maux. On n'auroit pu connoître la véritable juftice, ni les moiens de l'acquérir. On auroit ignoré en quoi l'on déplaifoit à Dieu, & par quelle voie l'on devoit retourner à

lui.

Les prophetes étoient inftruits de tout; & le même Esprit qui leur révéloit diftinctement les vérités falutaires, en mettoit l'amour dans le cœur de tous les juftes, qui avec une connoiffance plus confufe d'un médiateur, avoient les mêmes fentimens fur tous les points de morale quelles prophetes, & n'efpe

roient leur réconciliation que par les mérites du même libérateur. Il eft donc clair que les patriarches, les prophetes, & les anciens juftes, n'avoient point une autre foi, ni une autre religion que la nôtre. Ils s'appuioient fur les mêmes promeffes; ils aimoient les mêmes biens; ils fe regardoient également étrangers fur la terre, & citoiens de la même cité céleste. Ils foupiroient après la venuë du même Sauveur, que nous avons reçû; & ils ne comptoient d'être juftifiés que par la foi, & non par les œuvres de la loi, ni par les efforts de la nature. C'étoient des hommes évangéliques avant l'E vangile, & des chrétiens en efprit avant que le Chrift eut paru dans la chair.

Il eft vrai que la loi, comme un corps étranger & hors. d'œuvre, s'eft venu placer entre les promeffes, & leur éxécution. Mais bien loin de les abolir, elle les a retracées fous des figures propres à rendre la foi plus fenfible & plus vive;

& en attendant qu'elle pût enfan→ ter l'Evangile, dont elle étoit tou te remplie, elle en couvroit les vé rités & les myfteres fous des voiles, que les Juifs fpirituels per çoient aifément.

la

Pour le corps de la nation, loi a été une occafion, quoiqu'innocente, de méprife. Car cette loi éxigeant toûjours les œuvres, fans marquer clairement le feul moien de les accomplir, qui eft la grace du Sauveur ; infiftant fortement & fans ceffe fur des pratiques extéricures, fans parler que foiblement de la juftice intérieure, qui vient de la foi; éxaltant avec pompes les biens temporels, & tenant cachés les biens éternels, elle les ar rêtoit beaucoup fur tout ce qui n'eft que fuperficiel & vifible, pendant qu'ils négligeoient les chofes plus importantes, & qui étoient au deffus de leurs fens.

Les Ifraëlites charnels étoient dignes, par leur orgueil & par leur injuftice, de cette efpece de fédution, Car Dieu parloit à l'insensé

habiles à y ajoûter ce qu'elles troveront qui y manque. A ces regles, qui font un traité féparé, & com me la premiere partie de ce livre, on a ajoûté des réflexions tirées de l'explication du pleaume toi. fur la converfion des Juifs à JESUSCHRIST. On les a crû fort pro pres à faire entrer dans l'application des regles précédentes, & à faciliter l'intelligence des Ecritu«res, qui préfentent par tout ce grand objet, & ce merveilleux évcnement du rappel général des Juifs, Rom. 11. qui felon faint Paul, doit faire un .12.& jour la confolation & les richesses de l'Eglife chrétienne; & auquel par conféquent il ne nous eft pas permis d'être indifférens, après que les juftes de l'ancien Teftament e font intereffés d'une maniere fi vive & fi tendre pour la converfion des Gentils, quoiqu'ils fçuflent qu'elle devoit couter fort cher à leur nation.

15.

Il ne nous refte plus que de demander à Dieu qu'il daigne répandre fa bénédiction fur ce petit ou

vrage,

vrage, que le feul defir de lui plaire, & d'être de quelque fecours à fes ferviteurs, a fait entreprendre ; & qu'il devienne lui-même notre guide, notre maître, notre lumiere, en nous donnant à tous, non feulement l'intelligence & le vrai goût des Ecritures, mais l'amour & la pratique des vérités qui y font renfermées. Seigneur mon Dieu, « foiez attentif à ma priere ; & que « votre miféricorde éxauce le defir de mon cœur, puifque l'ardeur ee qui le preffe ne regarde pas mon ce feul interêt, mais auffi celui des ce autres, à qui la charité fraternel-c le lui fait defirer d'être utile. Fai- « tes par votre bonté que je trouve grace en votre présence, afin que ce les fecrets de votre fainte loi me ce foient découverts, lorfque je m'ef- «

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a Domine Deus meus, intende oratio

Langifericordia tua exaudiat de

meum, quoniam non mihi foli afluat, fed ufui vult effe fraternæ carita. ti... Placeat in confpectu mifericordiæ tuæ invenire me gratiam ante te, ut aperiantur. pulfanti mihi interiora fermonum tuorum.. Per eum te obfecro, qui

S. Aug. Conf. L.

11. C. 2.

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