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vres,

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donc fauffe dans tous les paudans toutes les vierges dans tous les malades, dans tous les peres qui meurent fans enfans, dans tous ceux dont les femmes font ou ftériles, peu fécondes, dans tous ceux qui meurent jeunes, dans tous ceux qui fouffrent pour la juftice, & qui perdent pour elle ou les biens, ou la liberté. Et au contraire nous ne pouvons douter, que tous ceux qui ont du pain, une femme, & des enfans, ne foient vertueux, quoique le plus grand nombre ne connoiffe pas Dieu, & vive fans le craindre, & fans lui obéir. Qu'on laiffe fubfifter une telle interprétation, le respect pour l'Ecriture, & pour les Pleaumes en particulier, qui font la priere de l'Eglife, s'affoiblit néceffairement, & dégénere enfin en un fecret dégoût.

Plus les perfonnes qui les li fent ont de détachement des biens temporels, moins elles

font touchées de promeffes & de bénédictions qui les interef fent peu, ou qu'elles regardent même comme des tentations à leur foibleffe. Plus elles efti ment la virginité, la continenla pauvreté, moins elles font édifiées des louanges que le prophete femble donner à un état moins parfait.

ce,

Il faut qu'elles faffent effort pour s'élever au deffus de fes expreiñons, & des fentimens dont elles donnent l'idée. Et elles abandonnent enfin une lecture qui leur paroît moins propre à nourrir leur pieté, que certains livres fpirituels, mêlés fouvent de beaucoup d'erreurs, & toûjours très différens des divines Ecritures, dont toutes les paroles font infpirées.

Ceux qui n'ont pas la liberté de fe difpenfer d'une telle lecture, ni de faire choix des Pfeaumes qui les édifient le plus,allégorifent comme ils peuvent certains endroits, & fe rendent

peu attentifs aux autres. Mais plupart demeurent perfuadés que le fens qui paroît littéral eft celui du prophete, quoiqu'il foit visiblement faux en plufieurs occafions. Et malgré eux il s'établit un préjugé dans leur efprit contre l'éxacte vérité des Ecritures, & contre la pleine confiance qu'on doit prendre aux promeffes dont elles font remplies.

L'Ecriture elle-même nous conduit aux interprétations fpirituelles, en mêlant à deffein des promeffes d'une juftice & d'une fainteté parfaite, à celles qui paroiffent ne favorifer que les fens. Car il eft vifible que la juftice & la grace peuvent être figurées par des biens temporels: mais qu'elles ne peuvent jamais être les figures des biens qui leur font inféIfaie 60. 17. rieurs. Je vous donnerai de l'or au lieu d'airain, dit le Sei gneur dans Ifaïe, de l'argent au lieu de fer, de l'airain au

lieu de bois, & du fer au lieu de pierres. Fe ferai que la paix Ibid. v. 18, regnera fur vous, &

que

la

justice vous gouvernera. On n'entendra plus parler de violence dans votre territoire...

tout votre peuple fera un peuple ibid. y. 21. de justes.

Ces endroits de l'Ecriture font l'interprétation de tous les autres, où les biens futurs font annoncés fous d'autres noms, & fous d'autres images, parce qu'ils joignent ce qui eft ailleurs divifé; & qu'ils comprennent en même tems les biens qui ne font promis que comme figures, & les biens qui font promis comme figurés, parce qu'ils font les feuls véritables.

Comme cette regle eft d'une grande étendue, & que l'ufage en eft abfolument néceffaire pour bien entendre la plûpart des livres de l'Ecriture, & fur tout les prophetes & les Pleaumes, il est à propos de la rés duire à certains principes, qui

la fixent, & qui en facilitent l'application.

I. PRINCIPE. Le fens de l'Ecriture ne peut être faux; & il eft certain qu'on ne l'entend pas, quand on lui fait dire ce qui n'eft pas vrai.

2. PRINCIPE. La vérité des promeffes eft plus intereffante qu'aucune autre ; & par conféquent c'eft dans les promeffes que la vérité des Ecritures eft plus éxacte.

3. PRINCIPE. Les promeffes faites à la pieté, non feulement comme des récompenfes, mais comme lui devant fervir de preuves & de témoignages, ne peuvent être trop rigoureufement entendues, parce que c'eft fur elles que l'homme de bien fe fonde, & que c'est par rap port à elles qu 'il doit éxaminer fifa vertu eft fincere.

4. PRINCIPE. Les Ecritures ont toutes le même but, & la même fin. On ne peut oppofer les unes aux autres, parce qu'

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