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rannie, qu'il avoit ufurpée. Il avoit accoûtumé d'aller entendre dans la place publique Dinias & Ariftote, le dialecticien, & inême de prendre part à leurs difputes; ce qui fut pour ces deux Philofophes une occafion de fe défaire du Tyran. Ils lui tendirent en effet des embuches & le tuérent. Abantidas eût pour fucceffeur Paféas, fon pere, que Nicocles fit auffi périr dans la fuite, pour se faire tyran à fa place. Mais Nicocles ne garda pas long-tems la tyrannie; quatre mois après, pendant lefquels il caufa de grands maux à la Ville, il en fut dépouillé. Et celui, qu'Abantidas avoit voulu éloigner pour toujours de ce haut rang, c'eft-à-dire, Aratus, cet élève de Sparte, en fut alors revêtu. ABANTUS, Abantus, (a) commandoit la flotte de Licinius, durant la première guerre que ce prince eut avec Conftantin. Un jour qu'Abantus fe tenoit avec fes vaiffeaux dans l'Hellefpont, Crifpus Céfar, commandant de la Hotte de Conftantin, vint l'y attaquer par l'ordre de fon maître, qui étoit en même-tems fon pere. On fe difpofa de part & d'autre à une action; & comme l'espace étoit étroit, les généraux de Conftantin crurent qu'il fuffiroit de faire agir quatre-vingts de leurs meilleurs vaiffeaux, & qu'un plus grand nombre ne ferviroit qu'à embarraffer le combat.

Abantus vint fur eux avec deux cens bâtimens, méprifant l'enne

mi, & comptant l'envelopper fans peine; mais la précipitation & le défordre, fuites ordinaires de la préfomption, & la difficulté des évolutions dans un canal de peu de largeur, tournérent contre les gens d'Abantus l'avantage de leur multitude. Ils heurtoient leurs bâtimens les uns contre les autres, ils fe brifoient mutuellement leurs rames & fembloient fe livrer d'eux-mêmes aux ennemis, qui s'étoient avancés en bon ordre, & que rien ne gênoit dans leurs mouvemens. Plufieurs des vaiffeaux d'Abantus périrent, & furent coulés à fond avec les foldats qu'ils portoient. Cependant il n'y avoit pas encore de décision bien marquée, lorfque la nuit furvint & fepara les combattans, qui fe retirérent les uns à Éléus, ville de la Cherfonnèfe, les autres dans le port d'Ajax, du côté de l'Afie.

Le lendemain Abantus voulut prendre fa revanche, & il partit par un vent de nord, pour enga, ger un nouveau combat. Les premiers officiers de Conftantin ne s'écartèrent point de la rade d'Éléus, peut-être parce qu'ils prévoyoient ce qui alloit arriver. En effet, vers le milieu du jour, le vent tourna du nord au midi, & excita une tempête horrible, qui ruina entièrement la flotte d'Åbantus. Cent trente vaisseaux furent fracaffés, & cinq mille foldats noyés.

ABAQUE, Abacus, A'Cay, (b) table ou tablette qui fervoit aux

(b) Mém. de l'Acad. des Infcrip. &

(4) Crev. Hift. des Emp. Tom VI. Bell, Lett, T. I. p. 137. T. V. p. 360.

pag. 3014

Anciens dans leurs calculs. C'étoit une espèce de quadre long & divifé par plufieurs cordes d'airain paralleles, qui enfiloient chacune une égale quantité de petites boules d'yvoire ou de bois, mobiles comme des grains de chapelet, par la difpofition defquelles, & fuivant le rapport que les inférieures avoient avec les fupérieures, en marquant des nombres de même genre en diverfes claffes, on faifoit toutes fortes de calculs.

Cette tablette arithmétique fut connue des Romains, fous le nom d'Abacus. On la trouve décrite d'après quelques monumens antiques par Fulvius Urfmus & Ciaconius; mais comme l'ufage en étoit un peu difficile, celui de compter par jettons préyalut. Les Romains donnoient auffi le nom d'Abaque à ce que nous appellons à préfent buffet. ABARBARÉE, Abarbarea, A'bapbapen, (a) nom d'une Naïade, qui fut mariée à Bucolion, fils aîné de Laomédon. De ce mariage naquirent deux enfans qui prirent, l'un le nom d'Éfepe, l'autre celui de Pédafe.

A BARE, ou A BARUS, Abarus, nom d'un roi d'Édeffe. Voyez Abgare.

ÁBARIM, Abarim, A'Capiμ, (6) montagne de Palestine, dans la tribu de Ruben. On l'a dit trèshaute & d'un accès très-difficile. Ce fut fur cette Montagne que Dieu commanda à Moïse de mon

(a) Hom. Iliad. L. VI. v. 22.
(b) Deuter. c. 32. v. 49 & feq.
(c) Paul, p. 184. Hérod, L. IV. c. 36.

ter, pour contempler de-là la terre, qu'il devoit donner aux enfans d'Ifraël. Cet ancien Législateur obéit ; & après avoir contemplé tout le païs de Chanaan, cette terre promise, dont l'entrée lui fut interdite pour une légère défiance, il mourut sur cette même Montagne, âgé de cent vingt ans. L'on n'a jamais pu découvrir ce qu'étoit devenu fon corps, ni par conféquent le lieu de sa sépulture.

ABARIS, Abaris, A"Bapis, (c) fils de Seuthus, étoit, felon les uns, du païs des Scythes, & felon d'autres, du païs des Hyperboréens. Il vécut du temps de Pythagore & de Phalaris, c'est-àdire, environ fix cens ans avant l'Ere Chrétienne. On raconte de lui des chofes qui tiennent trop du merveilleux pour être crues. Il parcourut, dit-on, toute la terre avec une fléche, fans rien manger. Lorfqu'il passa par la Grèce, vers le règne de Créfus, ou plus précisément la feconde année de la 54.e Olympiade, 563. avant J. C. il vint à Lacédémone, & trouva cette ville fujette à de fréquentes mortalités, causées par les vapeurs & par le chaud qu'envoyoit le voifinage du Mont Taygete. Il fit des facrifices & des luftrations , accompagnées fans doute de remédes naturels & efficaces; & ces maladies ne parurent plus dans la fuite. Durant fon féjour parmi les Lacédémoniens, il conftruifit, au rapport de quelques Auteurs, un temple

Strab.p.301. Roll. Hift. anc. T.VI.p.129.

Mém. de l'Acad. des Infc. & Bell. Let. T. XII. p, 169 & 170, T. XIV. p. 399.

de Proferpine, confervatrice, à côté de la chapelle de Vénus Olympienne.

Quand il alla à Athénes, il y arriva dans un tems, où tous les Peuples de la terre, affligés d'une cruelle pefte & d'une famine univerfelle, reçurent pour réponse de l'Oracle, que ces maux ne cefferoient point, jufqu'à ce que les Athéniens euffent offert certains facrifices, dont ils étoient chargés pour les autres Nations. Outre l'efprit de divination qu'il avoit reçu d'Apollon, au culte duquel il s'étoit confacré, il obtint de ce Dieu une fléche volante d'or, fur laquelle il traversoit les airs, comme s'il eût été monté fur un Pégafe. C'est la même dont il a été déjà fait mention d'après Hérodote. On dit qu'Abaris avoit compofé plufieurs piéces de poëfie.

ABARIS, Abaris, (a) l'un des vaillans guerriers,qui combattirent contre Euryale. Il fuccomba avec trois autres, Fadus, Hébéfus & Rhœtus, fous les coups de ce jeune & brave Troyen.

ABARON, Abaron, (b) furnom d'Éléazar, qui ne fe trouve ni dans la Vulgate ni dans les Septantes; mais dans les traductions françoifes de l'Écriture, & parconféquent dans le texte original ou hébraïque. Voyez Éleazar.

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ABAS, Abas, A'Cas Αβας (c) fleuve d'Afie dans l'Albanie. Sa fource étoit dans les montagnes de cette province, qu'il arrofoit du

(a) Virg. Æneid. L. IX. v. 344.
(b) Macc. L. I. c. 6. v. 43.
(c) Plut. Tom. I. pag. 638.

couchant à l'orient, & fon embou chure en conféquence, dans la mer Cafpienne au - deffous de la ville d'Albana. Ptolemée l'appelle Albane, ainfi que Pline. Lorfque Pompée marchoit contre les Albaniens Albaniens, il rencontra fur les bords de ce fleuve une armée confidérable, qui étoit compofée de foixante mille hommes de pieds, couverts de peaux de bêtes, & de douze mille chevaux, & commandée par Cofis, frere du roi. Celui-ci, auffi-tôt que l'attaque fut commencée, pouffa fon cheval contre le général Romain & lui lança un trait, qui ne fit qu'effleurer fa cuiraffe. Pompée alors le perça de fa lance & le tua.

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ABAS, Abas, A"bat. (d) Il y a eu plufieurs Héros de ce nom. Celui, dont parle Virgile dans le premier livre de fon Enéide, étoit le compagnon d'Énée. Le vaiffeau fur lequel il étoit porté, fut un de ceux, qui fuccombérent fous les efforts de cette horrible tem

pête, que Junon excita avec l'agrément d'Éole, tandis que les Troyens faifoient voile de Sicile en Italie. C'eft fans doute le même qui dans la fuite fuivit Énée, lorfqu'il s'embarqua fur une flotte Étrufque. La poupe du vaiffeau, qu'Abas montoit alors, étoit ornée d'un Apollon doré ; & toutes les troupes avoient des armes éclatantes. C'étoient fix cens jeunes foldats aguerris, que lui fournit la ville de Populonie.

Ptolem. L. V. c. 12. Plin. L. VI. c. 12. (d) Virg. Æneid. L. I. v. 125. L. X2 Y. 170, 171, 172, 427.

Abas fut tué peu de tems après, dans un combat fanglant, par Laufus, l'un des principaux chefs des troupes ennemies.

ABAŠ, Abas, Abas, (a) fils de Lyncée & d'Hypermneftre, monta fur le trône d'Argos 1385. ans avant l'Ére Chrétienne. Lyncée, fon pere, auquel il fuccéda, ne dut fon falut qu'à la protection d'Hypermneftre. Danaüs, fon beau - pere, averti par un Oracle, qu'il feroit détrôné par un de fes gendres, exigea de fes filles, qu'elles tuaffent leurs maris la première nuit de leurs nôces. Elles obéirent toutes l'exception d'Hypermneftre qui fauva le fien.

à

Danais en punit fa fille; mais revenu dans la fuite à lui-même, il reconnut Lyncée pour fon gendre & pour fon fucceffeur. Celui ci ayant régné 40 ans, laiffa la royauté à fon fils Abas, à qui il avoit donné, après la mort de Danaüs, le bouclier qu'il tira du temple de Junon Argienne, & que Danaüs y avoit confacré. Abas eut deux fils, Proetus & Acrifius, qui partagérent entreeux le royaume de leur pere. Le premier fut établi roi de Mydée, de Tirynthe & de toute la côte maritime de l'Argolide, & le fecond demeura maître d'Argos.

ABAS, Abas, (b) régna dans l'Aulide. Il étoit pere, ou felon

(a) Pauf. p. 112. Strab. p. 420. Ovid. Métam. L. IV. c. 9. Mém. de l'Acad. des Infcrip. & Bell. Lett. T. III. p. 197. Myth. par M, l'Abb, Ban. T, VI. p. 49. T. VIII. pag. 102,

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d'autres, grand-pere de Canthus, l'un des Argonautes, qui, au rapport d'Apollonius, périt dans la Libye, apparemment lorsque le navire Argo s'arrêta fur les côtes d'Afrique.

ABAS, Abas, A*Caç. (c) Il y en a qui prétendent que c'eft le nom d'un enfant, que Cérès métamorphofa en lézard. Voici comme on raconte ce fait. Cérès, preffée par la foif en cherchant fa fille Proferpine, alla se préfenter à la porte d'une maison, qu'elle apperçut de loin; il en fortit une vieille femme, à qui la Déesse demanda de l'eau. Cette bonne femme lui préfenta un breuvage doux & agréable à la bouche, avec une efpèce de bouillie qu'elle avoit faite depuis peu.

Tandis que Cérès buvoit & mangeoit, un petit garçon vint fe mettre devant elle. Comme il étoit hardi, il fe prit à rire de la voir boire & manger avec tant d'avidité. Cérès piquée, jetta fur lui ce qui lui reftoit de fon breuvage & de fa bouillie. Auffitôt le vifage de ce petit effronté parut marqué de diverfes taches; fes bras devinrent fes cuiffes; fes autres membres furent auffi changés; & une queue, qui lui fortit par derrière, acheva fa métamorphofe. Ce ne fut en un mot qu'un lézard.

ABAS, Abas, Abar. (d) Centaure & grand chaffeur de

(b) Mém. de l'Acad. des Infcrip. & Bell. Lett. T. IX. p. 83.

(c) Ovid. Métam. L. IV. c. 12. (d) Ovid. Métam. L. XII. c. 8. Antiq. expl. par Dom B. de Montf. T. I. p. 401.

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fangliers. Il en eft parlé au douzième Livre des Métamorphofes d'Ovide, où Neftor raconte le combat des Lapithes contre les Centaures. Abas qui s'y étoit trouvé, avoit pris la fuite avec Phole & Mélanée.

ABAS, Abas, Acac, (a) auteur d'une hiftoire de Troye, qui eft citée par Servius fur la foi d'autrui; ce qui prouve qu'elle étoit déjà perdue. On ne fçait point fi cet Abas eft le même dont Suidas dit qu'il fut Sophifte de profeffion, & qu'outre un art de parler, il laiffa des commentaires hiftoriques; mais on ne doute pas que celuici ne foit cet Écrivain dont parle Photius, & fuivant lequel la femme de Candaules, dernier roi de Lydie, de la famille d'Hercule, s'appelloit Abro.

ABASA, Abafa, (b) ifle de de la mer d'Éthiopie. Ses habitans, felón Paufanias, font réputés Éthiopiens.

ABASCANTUS, Abafcantus, nom d'un des chevaux du Cirque. Voyez Chevaux du Cirque. ABASTER, Abafter. On dit que c'est le nom d'un des chevaux de Pluton. Ce Dieu en avoit trois le premier fe nommoit Méthéus, le fecond Abafter, & le troisième Nonius.

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tels, parce que l'on n'ofoit y toucher, les tenant pour facrés. Mais le nom d'Abaton fut donné en particulier par les Rhodiens à un grand édifice, qu'ils construifirent environ trois cens ans avant J. C. pour mafquer deux Statues de bronze, que la reine Artémise avoit fait élever dans leur ville. Voici à quelle occafion.

Ces Peuples, dont la mort de Maufole, roi de Carie, avoit reveillé les espérances, coururent aux armes, chafsérent les partifans des Cariens, & rétablirent la Démocratie. Fiers de ces premiers fuccès, ils équipérent une puiffante flotte, & cinglérent droit à Halicarnaffe. Mais Artémife en étant avertie, donna ordre qu'il y eût une armée navale cachée dans le petit port, avec les forçats & les gens de guerre qui avoient accoûtumé de combattre

fur mer, & que le refte parût fur les remparts. Alors les Rhodiens ayant fait approcher leur armée navale bien équipée ; comme elle étoit près d'entrer dans le grand port, la Reine fit donner un fignal de deffus les murailles, comme pour faire entendre que la ville vouloit fe rendre. Les Rhodiens étant fortis de leurs vaiffeaux pour entrer dans la ville, Artémife fit incontinent ouvrir le petit port, d'où fortit fon armée navale qui entra dans le grand port, où étoient les vaiffeaux des Rho diens vuides, qu'elle emmena en pleine mer, garnis de matelots

(c) Mém. de l'Acad. des Infcrip. & Bell. Lett. Tom, IX, pag. 156.

I Beli

&

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