Imágenes de páginas
PDF
EPUB

pofés d'après les mémoires qu'ils avoient faits eux-mêmes, chemin faifant, dans leurs voyages. C'est ainfi que Strabon, comme il le dit fouvent, raconte fes propres observations. On ne peut, ce me femble, avoir de plus fûrs garants.

Les Anciens ne font pas, cependant, les feuls guides,' que je me fois propofé de fuivre. Quelque confiance que l'on doive avoir en eux, il ne faut pas, fans doute, négliger les Modernes, qui ont fait plufieurs découvertes utiles, dont on peut fe fervir avec avantage. Les fçavantes recherches, qui font répandues dans les Mémoires de l'Académie Royale des Infcriptions & Belles Lettres, me font fur tout d'un grand fecours. Ce n'eft pas feulement la Géographie ancienne, qui y eft traitée avec toute la clarté, la netteté, & l'élégance poffibles, mais la Mythologie, l'Hiftoire, la Chronologic, en un mot, tout ce qui regarde les Antiquités.

Pour ce qui eft de la manière de traiter un Article Géographique, j'ai cru devoir m'attacher principalement à intéreffer le Lecteur, par des récits, qui pluffent en inftruifant. Si c'eft une Ville, dont il faille donner la defcription, après que j'ai fait connoître fes anciens noms, foit Grecs, foit Latins, ainfi que fa position, par rapport à la Géographie ancienne, j'expofe quel eft celui à qui on en attribue les premiers fondemens, ce qu'on y de plus digne de remarque, de quels événemens elle a été témoin, fi elle a été détruite, & puis rétablie, quel nom porte aujourd'hui, fuppofé qu'elle exifte encore, dans

elle

quel païs elle eft fituée, felon la Géographie moderne, & conféquemment à quel Prince elle appartient. Par-là, la Géographie ancienne & la Géographie moderne, font mises en parallele. Il n'a paru que c'étoit le moyen le plus propre à rendre utiles ces fortes d'Articles. Si je ne parle, ni de longitude, ni de latitude, c'eft parce qu'un habile homme, que j'ai confulté là-deffus, a été d'avis que je n'en fiffe aucune mention, fans doute à caufe des variations auxquelles font néceffairement affujetties la longitude & la latitude des différens lieux de la Terre. D'ailleurs, on les trouvera fur les Cartes Géographiques.

Quand je parle d'un Païs, d'un Royaume, d'une Province, j'en fixe d'abord les bornes. Et s'il y eft arrivé quelque changement, j'ai foin de l'obferver. Je fais connoître les divers noms qu'on a donnés à cette Contrée, quels font ceux qui l'ont occupée en différens tems, les principales Villes qu'on y voyoit, les Fleuves qui l'arrofoient, les Montagnes dont elle étoit entrecoupée, en quoi elle abondoit le plus, &c. Je termine, enfin, cette description, comme celle d'une Ville; c'eft-à-dire, que je marque la fituation actuelle de cette Province, & le nom qu'elle porte aujourd'hui.

Par rapport aux Peuples qui l'habitoient, je commence par rechercher leur origine. Je donne, enfuite, une idée fuccinte de leurs excurfions, de leur caractére, de leurs mœurs; ce qui me donne lieu de faire mention de leur façon de vivre, de s'habiller, de faire la guerre, d'indiquer les exercices dans lefquels ils excelloient davantage.

On fçait que les uns étoient d'habiles frondeurs, d'autres d'excellens archers, que ceux-ci s'appliquoient à manier une pique, ceux-là à traiter leurs corps avec dureté. Mais tout ceci eft compris, en grande partie, fous le nom d'Antiquités; & on verra ci-après ce que je dis fur ce Chapitre.

I I.

L'HISTOIRE.

[ocr errors]
[ocr errors]

CETTE feconde partie n'est pas moins intéressante, ni moins utile que la première. Quel avantage n'eft-ce pas, en effet, de trouver fur le champ, réuni fous un même point de vue, ce qui concerne un Prince, un Seigneur un Capitaine, un Hiftorien, un Poëte, un Orateur un Philofophe, un Artifte, toute perfonne, en un mot, qui a acquis une certaine célébrité? On pourroit dire qu'il a déjà paru plufieurs Dictionnaires hiftoriques, qui ont reçu du public l'accueil le plus favorable ; à quoi je réponds que ces Dictionnaires hiftoriques peuvent fe réduire à deux espèces. Il y en a qui ne font pas d'une grande étendue. C'est ce qu'on appelle des Abrégés. Ces fortes d'ouvrages n'embraffent qu'une certaine sphère, où sont renfermés feulement les hommes les plus connus. Ainfi, il s'en faut bien qu'on y trouve l'histoire d'une multitude de perfonnages, dont il eft fouvent queftion dans les Livres claffiques. On ne les trouveroit pas même dans l'autre espèce de Dictionnaires, je veux dire ces Dictionnaires, qui font les plus étendus. Une preuve fans réplique de ce

que j'avance, c'eft que dans le grand Dictionnaire de Moréri, , par exemple, qui eft fans contredit le plus vaste que nous ayons fur cette matière, on ne trouve qu'une vingtaine d'articles d'Hommes 1lluftres du nom d'Alexandre; tandis que celui-ci en comprendra une foixantaine. Il n'en faut pas davantage, fi je ne me trompe, pour montrer l'utilité de cette deuxième Partie.

Je ne m'étendrai pas fur la manière dont je traite les Articles Hiftoriques. Je ne fçaurois fuivre d'autre route, que celle que plufieurs habiles Lexicographes ont frayée. En général, ayant fixé l'époque de la naiffance d'un Homme célebre, j'expofe quelle a été fon éducation. Je parcours enfuite ce qu'il a fait de plus remarquable durant fa vie. Quand il s'agit, par exemple, d'un Prince, je raconte de quelle manière il s'eft élevé, à la Puiffance fouveraine, dans quel tems cela eft arrivé. Je le fuis dans fes voyages, dans fes expéditions. Quand les circonftances de quelque combat auquel il a eu part, me paroiffent dignes d'être rapportées, je le fais avec plus ou moins de briéveté, felon que la chofe eft plus ou moins intéressante. Ses vertus, fes défauts, fes vices ne font pas omis. Lorfqu'il a aimé, protégé, ou même cultivé les Sciences & les Arts, je n'ai garde d'oublier de telles circonftances. Enfin, après l'avoir fait connoître, autant qu'il eft permis dans les bornes étroites d'un Abrégé, j'indique le tems où il mourut.

Cette regle doit s'appliquer aux articles, qui donnent une idée des autres Perfonnages. 11 n'y a de différence

un

que celle que l'on doit fuppofer entre un Souverain
Général d'armée, un Grand, quel qu'il foit, & un Phi-
lofophe, un Poëte, & tout homme qui fait, des Lettres,
fon étude particulière.

On fent bien que les fources où je puife, font, pour
l'ordinaire, les Livres mêmes claffiques. C'eft pourquoi, je
n'ai ici, auffi bien que dans les autres parties, d'autre mérite
que celui de présenter, aux yeux du Lecteur, une fuite
d'événemens, répandus dans les Ouvrages de plufieurs
Écrivains.

C'EST

I I I.

LA FAB L E.

'EST une chose conftante que la fable est un mêlange
de faits historiques, cachés fous le voile des fictions poë-
tiques; (a) c'est-à-dire, que la Fable tire fon origine de
l'Histoire même, tant Sacrée que Profane,
Profane, dont plusieurs
événemens ont été altérés en différens tems, & en diffé-
rentes manières, foit par l'opinion des Peuples, foit par
l'imagination des Poëtes. Plufieurs Sçavans fe font exer-
cés fur cette matière. M. l'abbé Banier, parmi les Mo-
dernes, tient un rang distingué. Auffi, fais-je grand usage
des Écrits, dont nous lui fommes redevables.

La connoiffance de la Fable eft très-utile & très-nécef-
faire, puifqu'on ne peut, fans cela, entendre parfaitement
les Ouvrages des Poëtes Grecs & Latins, ni même ceux

(4) Roll. Traité des Études, Tom. II. pag. 438, 444 & 445•

« AnteriorContinuar »