PREFACE

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DE L'EDITEUR.

Ly a plus de quinze ans que l'excellent Ouvrage qui paroît aujour

d'hui devroit avoir fa

tisfait à la jufte curiofité du Public, qui fçait que feu M. l'Abbé Maffieu avoit entrepris l'Hiftoire de la Poëfie Françoise, & en avoit déja achevé les deux premieres Parties, lorfque la mort nous l'a enlevé. Ses Manufcrits me furent remis dès ce tems-là, & je crus Y pouvoir trouver affez de maté

riaux pour compofer fur fon même plan les deux dernieres Parties, & rendre ainfi cet Ouvrage complet. Je fentois que c'étoit s'expofer à des comparaifons humiliantes, que de mettre le ftile du Disciple à la fuite de celui du Maître; mais je fentois en même-tems que le Disciple devoit le facrifice de fon amour-propre à la gloire de fon Maître, & le précieux dépôt qui lui avoit été confié au Public. J'examinai donc avec attention toutes les collufions qui avoient été faites par cet Illuftre Academicien, & qui devoient entrer dans l'Hiftoire de notre Poëfie, depuis le commencement du Régne de François I. où il en est demeuré jufqu'à préfent. Je n'y trouvai rien qui ne

dût
y avoir place, mais je m'ap-
perçus bien-tôt que pour remplir
le Canevas que M. l'Abbé Maf
fieu s'étoit tracé, il s'en falloit
beaucoup qu'il n'eût encore ra-
maffé tout ce qui lui étoit nécef-
faire. Le fujet des deux premie-

res Parties étoit fans contredit le

plus difficile. Il falloit pour l'exécuter fouiller dans toutes les Bibliothéques, confulter une infinité d'Auteurs, feuilleter de vieux Bouquins, les lire même avec ap. plication pour fe mettre en état d'en porter un jugement, & d'en citer quelques paffages qui en puf fent donner une idée. Tout ce cahos du premier âge de notre Poëfie a été, comme on le verra parfaitement débrouillé par notre Auteur. Il a fçu rendre interref

fante pour tout le monde une matiere, qui jufqu'ici ne l'avoit été que pour un petit nombre de gens de Lettres, amateurs de tout ce qui eft marqué au coin de l'Antiquité. A travers combien de ronces & d'épines ne lui a-t-il pas fallu percer pour cueillir les Rofes qu'il préfente à fes Lecteurs. Il n'y en aura point qui ne regarde comme un jeu & un amuse. ment ce qui refte à faire de cet Ouvrage, en comparaifon de la peine & du travail qu'à du coûter ce qui eft fait. Cependant ces deux dernieres Parties ne laifferont pas d'avoir leurs difficultés dans l'exécution. Il est vrai que plus l'Hiftoire fe rapproche de notre tems, & plus il eft facile de trouver de bons mémoires pour la compofer;