Imágenes de páginas
PDF
EPUB

le corps, puis ils pofent leurs calumets devant le Chef fur de petites fourches : celui des Ambaffadeurs qui eft chargé particuliérement des ordres de fa Nation, harangue pendant une groffe heure. Quand il a fini, on fait figne aux Etrangers de s'affeoir fur des bancs rangez près du grand Chef, qui leur répond par un difcours d'une égale durée. Enfuite le Maître de cérémonie allume un grand calumet de paix, & fait fumer les Etrangers qui avalent la fumée du tabac. Le grand Chef leur demande s'ils font venus, c'est-à-dire, s'ils fe portent bien: Ceux qui l'environnent vont les uns après les autres leur faire la même politeffe. Après quoi on les conduit dans la cabanne qu'on leur à préparée, & on les régale.

[blocks in formation]

Le foir au Soleil couchant les Ambaffadeurs le calumet à la main, vont en chantant chercher le grand Chef, & le chargeant fur leurs épaules, ils le transportent dans le quartier où eft leur cabanne. Ils étendent à terre une grande peau où ils le font affeoir. L'un d'eux fe place derriere lui, & pofant les mains fur fes épaules, il agite tout fon corps, tandis que les autres affis en rond par terre, chantent leurs belles actions. Aprés cette cérémonie qui fe fait foir & matin pendant quatre Jours, le grand Chef retourne dans fa cabanne. Lorfqu'il rend la derniere visite aux Ambaffadeurs, ceux-ci plantent un poteau au pied duquel ils s'affeyent: Les Guerriers de la Nation ayant pris leurs plus beaux ajustemens, danfent en

frappant le poteau, & racontent à leur tour leurs grands exploits de guerre : ils font enfuire aux Ambassadeurs des préfens,qui confiftent en des chaudieres, des haches, des fufils, de la poudre, des ballés, &c.

Le lendemain de cette derniere cérémonie, il eft permis aux Ambaffadeurs de fe promener par tout le Village, ce qu'ils ne pouvoient pas faire auparavant:On leur donne alors tous les foirs des fpectacles, c'eft-à-dire,que les hommes & les femmes avec leurs plus bel-les parures s'affemblent dans la place, & danfent jusques bien avant dans la nuit. Quand ils font prêts de s'en retourner, les Maîtres de cérémonie leur -font fournir les provifions néceffaires pour le voyage. Après vous avoir donné une

[ocr errors]
[ocr errors]

légere idée du genie & des moeurs des Sauvages Natchez, Je vais mon R. P. entrer, comme je vous l'ai promis, dans le détail de leur perfidie & de leur trahifon Cefut le fecond deDécembre de l'année 1729. que nous apprîmes qu'ils avoient furpris les François & les avoient prefque tous égorgez. Cette triste nouvelle nous fut d'abord apportée par un des Habitans qui avoit échappé à leur fureur: Elle nous fut confirmée les jours fuivans par d'autres François fugitifs; & enfin des femmes Françoises qu'ils avoient fait esclaves, & qu'on les a forcez de rendre, nous en ont rapporté toutes les particularitez..

enAu premier bruit d'un événement fi funefte,, l'allarme & la confternation fut générale

dans la nouvelle Orleans. Quoique ce carnage foit arrivé à plus de cent lieues d'ici, on eût dit qu'il fe fût paffé sous nos yeux: chacun pleuroit la perte de fon parent, de fon ami,de fes biens; tous craignoient pour leur proprevie; car il y avoit lieu d'apprehender que la conspiration des Sauvages ne fût univerfelle.

Ce maffacre imprévû commença le Lundi 28 Octobre vers les neuf heures du matin. Quelque fujet de mécontentement que les Natchez crurent avoir de Monfieur leCommandant, & l'arrivée de plufieurs voitures richement chargées pour la garnifon & pour les Habitans les déterminerent à

[ocr errors]
[ocr errors]

brufquer leur entreprife,& à faire leur coup bien plûtôt qu'ils n'en étoient convenus avec les Nations conjurées.

« AnteriorContinuar »