Imágenes de páginas
PDF
EPUB

me bornerai à ce que j'ai vu de plus fingulier, parmi les Chrétiens qui font fous ma condui

te.

Il n'y a point d'année qu'on ne vous faffe part du grand nombre d'enfans ou expofez ou moribonds, qui ont été régénérez dans les eaux du Batême. Nous en comptons pendant celle-ci plus de fix cens, on en compte beaucoup plus dans chacune des deux Eglifes Portugaifes, parce que leur diftri&t eft d'une bien plus grande étenduë que le nôtre. N'y eût-il que ce feul bien à faire, ne ferionsnous pas bien dédommagez de tout ce que nous éprouvons de peines & de contradictions? Je vifite de temps en temps les tombeaux de nos Chrétiens fur-tout le quartier deftiné à la fépulture des enfans morts

avant

avant l'âge de raison: & là me représentant cette multitude innombrable d'ames innocentes qui font à la fuite de l'Agneau, j'implore leur fecours, & je les prie d'interceder auprès du Seigneur pour le falut de leurs proches, & de leurs compatriotes, qui court de fi grands rifquest dans ces jours de tribulation. Je regarde tous ces petits Prédeftinez comme des troupes de réserve, toûjours prêtes à fortifier du haut du Ciel ceux de leurs freres, dont la conftance á de fi rudes affauts à foûtenir, pour s'affermir dans la Foy.

C'eft principalement dans cette vûë que j'exhorte fans ceffe nos Neophytes à baptifer les jeunes enfans, qui fe trouvent dans le danger évident d'une mort prochaine. Outre les Catéchistes entretenus par XX. Rec.

C

les aumônes qui nous viennent d'Europe pour une œuvre fi fainte, je confacre volontiers une partie de l'argent qui m'eft destiné, à aider les Chrétiens dont je connois le zele, afin qu'ils ne plaignent point le temps qu'ils employent à une fonction fi charitable. A l'égard des autres qui n'ont pas befoin d'un pareil fecours, je leur fais fentir l'obligation où ils font d'épier les occafions qui fe préfentent, d'affûrer par le Batême le falut de ces enfans moribonds. Je vois chaque jour que mes exhortations ne font pas vaines. Un de ceux-ci vint me trouver il y a quelques jours pénétré de la plus vive douleur: Il avoit découvert que l'enfant d'un de fes voifins, qui eft infidéle, ne pouvoit échaper à la violence de son mal,&

[ocr errors]

il comptoit de le baptifer fecre tement le lendemain matin. Ayant appris qu'il étoit mort pendant la nuit, il parut incons folable, & dépofant dans mon fein le vif repentir qu'il avoit de ne s'être pas preffé davantage, il fe reprochoit cette prétenduë négligence, comme une des fautes les plus griéves qu'il eût pû commettre.

Une Chrétienne, que fa con dition rend fujette à des corvées journalieres dans la maifon d'un Regulo, où il y a quan tité d'Efclaves, a conféré cette année le Batême à treize en fans moribonds: un de fes artifices eft de porter toûjours fur elle du cotton bien imbibé d'eau ; & de répandre furtivement quelques gouttes de cette eau falutaire fur la têté des en fans qui font prêts d'expirer,

Le plaifir quelle reffent en me comptant le nombre de fes pieufes conquêtes, égale celui que j'ai de l'entendre.

Il ne fe paffe aucun mois qu'un Medecin habile à traitter les maladies des enfans, ne m'apporte la lifte de ceux auf quels il a ouvert la porte du Ciel par le Batême. C'eft ce qui m'a donné l'idée d'enseigner à nos Chrétiens,hommes & femmes, des remedes aifez pour la petite verole, afin qu'ayant par ce moyen un libre accès dans les maifons des Infidéles, ils puiffent procurer le même bonheur aux enfans dont la vie eft désespérée.

Comme je fuis perfuadé que rien n'eft impoffible à une foy vive, je fuis porté à croire qu'il y a quelque chofe d'extraordi naire & de furhumain, dans ce

« AnteriorContinuar »