dont les noms n'ont pas été portez aux Mandarins. Un feul trait fera juger du nombre des morts qu'on n'a pas eu le temps de fupputer. Dans un TchaKouan-tze de notre voisinage (c'est une maison publique où l'on va boire du thé ) plus de quatre-vingt perfonnes ont été écrafees, les Mandarins viennent de les faire tirer de deßous les murs de cet édifice.. Un autre évenement doit encore, mes RR. PP. attirer votre attention. De ce nombre

de Jésuites que nous vîmes partir de France il y a peu d'années, pour aller établir des Miffions dans la Louisiane, deux

ont déja été massacrez_par les Sauvages, un troifiéme n'a échappé que par une espece de miracle à la fureur de ces bar

a

bares: les Miffionnaires n'igno

roient pas en partant à quels périls ils s'expofoient; le fang d'un fi grand nombre de leurs Freres répandu par les mains des Infidéles, les en inftruifoit fuffifamment. Mais en fe confacrant, comme ils ont fait avec tant de courage à la conversion d'un peuple fi cruel, ils ont cru, à l'exemple de faint Paul, qu'ils né devoient pas estimer leur vie plus précieuse qu'eux-mêmes, pourvû que felon l'esprit de leur vocation ils achevaßent leur

courfe, & le miniftere de la pa role qui leur avoit été confié. A la vérité la foy n'est pas entré dans les motifs qui ont porté ces Barbares à immoler leurs Pafteurs ; ils n'ont confulté que leur haine pour la Nation Françoife. Mais on ne peut difconvenir que les Missionnaires n'ayent été les victimes de leur zele pour le falut de ces In

fideles.

La troifiéme Lettre de ce Recueil vous fera connoître avec quelle perfidie la Nation des Sauvages nommez Natchez, a furpris égorgé les François qui formoient la Colonie établie dans leur contrée. Cette trabifon

n'a pas demeuré long-temps impunie: car comme on l'a appris depuis,la Nation des Natchez eft aujourd'hui hors d'état de nuire à nos Colonies, M. du Perrier Commandant Général de la Louifiane à la tête de 900 hommes a a legé les Sauvages dans leur Fort, & malgré la vigoureuse réfiftance qu'ils ont faite, il n'a perdu qu'un François & deux Negres; 170 Sauvages ont été tuez; Les autres ont prévenu l'affaut qu'on étoit prêt de donner, fe font rendus à difcretion; en forte que de cette Nation il ne reste plus environ que vingt guerriers, qui fe font Jauvez à la faveur de la pluye

de l'obfcurité de la nuit. Vous avez déja fçû, mes RR. PP. les espérances qu'on a de gagner à J.C. ces nombreufes Nations de Sauvages répandus dans le vafte continent, qui s'étend depuis l'Ile de Cayenne jufqu'au grand fleuve des A

mazones. Vous en ferez encore mieux perfuadez par la lecture

des nouvelles Lettres contenue's

dans ce Recueil.

Un prodige affez recent qui n'eft venu à ma connoiffance, qu'après que ces Lettres ont été imprimées, a extrémement touché ces Indiens. Les nouveaux Chrétiens de Kourou dans la

Guyane l'ont appris des Sau