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POÉSIES

DE

MALHER BE.

POÉSIES

DE

MALHERBE.


23.

LIVRE PREMIER,

CONTENANT les Pièces compofées avant 1605.

ÉPIGRAM ME

SUR le Portrait d'Eftienne Pafquier, avocat au
parlement de Paris, que l'on avoit peint fans
mains. 1585.

IL

ne faut qu'avec le vifage
L'on tire tes mains au pinceau :
Tu les montres dans ton ouvrage,
Et les caches dans le tableau.

Si

STANCE S. 1586.

I des maux renaiffans avec ma patience N'ont pouvoir d'arrêter un efprit fi hautain, Le tems eft médecin d'heureufe expérience; Son remède eft tardif, mais il eft bien certain.

Le tems à mes douleurs promet une allégeance
Et de voir vos beautés fe paffer quelque jour;'
Lors je ferai vengé, fi j'ai de la vengeance
Pour un fi beau fujet, pour qui j'ai tant d'amour.

Vous aurez un mari fans être guère aimée,
Ayant de fes defirs amorti le flambeau ;
Et de cette prifon, de cent chaînes formée,
Vous n'en fortirez point que par l'huis du tombeau.

Tant de perfections qui vous rendent fuperbe,
Les reftes d'un mari, fentiront le reclus;
Et vos jeunes beautés flétriront, comme l'herbe
Que l'on a trop foulée, & qui ne fleurit plus.
Vous aurez des enfans, des douleurs incroyables,
Qui feront près de vous, & crfront à l'entour;
Lors fuiront de vos yeux les foleils agréables,
Y laiffant pour jamais des étoiles autour.

Si je paffe en ce tems dedans votre province,
Vous voyant fans beautés, & moi rempli d'honneur,
Car peut-être qu'alors les bienfaits d'un grand prince
Marfront ma fortune avecque le bonheur.

Ayant un fouvenir de ma peine fidelle,

Mais n'ayant point à l'heure autant que j'ai d'ennuis,
Je dirai: Autrefois cette femme fut belle,
Et je fus autrefois plus fot que je ne fuis.

LES

LARMES

DE SAINT

PIERRE,

IMITÉES DU TAN SILLE,

AU ROI HENRI III. 1587.

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n'eft pas en mes vers qu'une amante abufée Des appas enchanteurs d'un parjure Thésée, Après l'honneur ravi de fa pudicité,

Laiffée ingratement en un bord folitaire,
Fait de tous les affauts que la

rage peut faire, Une fidelle preuve à l'infidélité.

Les ondes que j'épans d'une éternelle veine
Dans un courage faint ont leur fainte fontaine ;
Où l'amour de la terre & le foin de la chair
Aux fragiles penfers ayant ouvert la porte,
Une plus belle amour fe rendit la plus forte,
Et le fit repentir auffitôt que pécher.

HENRI > de qui les yeux & l'image facrée
Font un vifage d'or à cette âge ferrée,

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