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Gardien de la Croix étoit prefent, & leur dit: AN. 491. Eft-ce vous qui l'avez reçu dans ce lieu-là,

ou

lui qui vous y a reçus? Ils répondirent: C'est lui qui nous a reçus; mais il eft trop groffier pour nous gouverner depuis que nôtre nombre eft augmenté. Le Patriarche leur dit : Allez, faites-y reflexion, & revenez demain. Cependant il envoia querir faint Sabas, comme pour un autre fujet. Il fit auffi venir ses accufateurs, & l'ordonna Prêtre à leurs yeux, puis il leur dit : Voila vôtre Pere, & l'Abbé de vôtre Laure, que Dieu a choifi, & non les hommes. Je me fuis procuré mon propre avantage, en confirmant le choix de Dieu. Enfuite il les prit avec faint Sabas, & le Prêtre Quirice; il alla avec eux à la Laure, & dedia leur Eglife, que l'on nomma Theoctiste, c'eft-à-dire bâtie de Dieu. Il dreffa dans la conque un Autel, qu'il confacra, en mettant deffous plufieurs Reliques de Martyrs. C'étoit le douzième de Decembre indiction quatorziéme, la premiere année du regne d'Anaftafe, la cinquante-troifiéme de l'âge de faint Sabas, 491. de JESUS-CHRIST.

La même année un Armenien nommé Jeremie fut reçu dans la Laure avec fes deux difciples, Pierre & Paul & S. Sabas leur donna un petit oratoire, où il leur permit de faire l'office en leur langue le famedi, & le dimanche. Ils attirerent petit à petit plufieurs Armeniens; en forte que dix ans après S. Sabas les transfera de leur petit oratoire dans la Theoctiste pour y faire leur office mais à la charge qu'après qu'ils auroient lû l'Evangile en leur langue, ils pafferoient dans l'Eglife des Grecs au tems de l'oblation, pour communiquer avec eux aux faints Myfteres. C'eft-à-dire, qu'ils celebroient feparément la premiere partie de la Meffe, qui eft pour l'inftruction, & fe réüniffoient pour le facrifice.

Et

Et comme quelques-uns de ces Armeniens chantoient le Trifagion, avec l'addition de Pierre le AN. 491. Foulon Crucifié pour nous, faint Sabas leur ordonna de le chanter en Grec, fuivant l'ancien- p. 165. ne tradition de l'Eglife, fans cette addition.

Deux ans après faint Sabas bâtit un Monafte- n. 17. re à une lieuë de la Laure, en un lieu nommé Caftel, où l'on croioit qu'il revenoit des démons: faint Sabas y mettoit ceux qui étoient les plus n. 18. avancez dans la perfection monastique. Pour les Novices, il avoit un petit Convent au côté feptentrional de la Laure, où il les faifoit demeurer, fous la conduite de quelques hommes mortifiez & vigilans; jufques à ce qu'ils euffent appris le pfeautier, & la difcipline reguliere. Mais il ne permettoit de demeurer dans les cellules difperfées de la Laure, qu'après de grandes épreuves. Il ne recevoit point dans la Laure de jeunes gens; mais il les envoyoit à l'Abbé Theodofe, qui avoit bâti un Monaftere à une lieuë & demie de la Laure, & vivoit avec lui dans une étroite union.

Saint

Theodofe.
Vita S.Th.

ap.

Boll.11.

Theodofe étoit auffi de Cappadoce. Dès fa XXV. jeuneffe il fut ordonné Lecteur, & touché de ce qu'il lifoit, il refolut de quitter fon païs, & d'aller en Palestine, dans le tems que l'on tenoit le concile de Calcedoine. Paffant par la Syrie il Jann.c.. alla voir faint Simon Stylite, qui le fit monter fur fa colomne, & lui prédit qu'il feroit le Pafteur d'un grand troupeau. Après avoir vifité les faints lieux, il fe mit fous la difcipline d'un reclus, nommé Longin, & fut aufli inftruit par Luc & Marin, Difciples de faint Euthymius. Ensuite craignant d'être établi Superieur, il fe retira dans une caverne à deux lieues de Jerufalem, où il vécut trente ans de fruits ou de legumes, fans manger de pain. Il eut d'abord fix c. 4. 6. ou fept Disciples, puis comme ils fe multi

plioient,

V. Boll.

proleg.§.4.

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plioient, & que fa grotte ne les pouvoit plus AN. 491. contenir, il bâtit aux environs un grand Monaftere, où on exerçoit tous les arts neceflaires à la vie; en forte qu'il reffembloit à une Ville. C'étoit le refuge de tous les miferables: on y pratiquoit l'hospitalite, on y donnoit l'aumône, on y foulageoit les malades. Il y avoit quatre infirmeries deux pour les Moines; fçavoir, une pour les malades, & une autre pour ceux qui étoient caflez de travail ou de vieilleffe: deux

pour les feculiers felon leur condition, mettant •.9. à part ceux qui étoient plus confiderables. Il y avoit auffi quatre Eglifes, une pour ceux qui parloient Grec comme lui, une pour les Beffes, peuple de Thrace, la troifiéme pour les Armeniens, afin que les uns & les autres fiffent l'Office en leur langue : la quatriéme pour quelques Moines, qui ayant voulu temerairement vivre en Anacoretes, avoient perdu l'efprit, & depuis étoient revenus en leur bon fens. Chaque nation faifoit donc fon Office à part excepté le faint Sacrifice Car après la lecture de l'Evangile, ils s'affembloient tous dans la grande Eglife, qui étoit celle des Grecs, & y communioient en. 10. femble. On tira de ce Monaftere plufieurs Abbez & plufieurs Evêques. Saint Theodofe fans avoir aucune teinture des Auteurs profanes, ne laissoit AN. 492. pas d'être éloquent & perfuafif. Il fe fervoit fi fort des traitez afcetiques de faint Bafile, & fe le propofoit pour exemple. Tels étoient ces faints Moines de Palestine, au commencement du regne de l'Empereur Anastase.

Mort de

XXVI. Le Pape Felix lui écrivit fur fon avenement à Felix. Ge- l'Empire. Mais il mourut peu de tems après : lafe l'ape. fçavoir le cinquiéme des Calendes de Mars, fous Gelaf com. le Confulat d'Anaftafe & de Rufus; c'est-à-dire, ad Fauft. le vingt-cinquiéme de Février 492. aiant tenu le 2.1168, B. faint Siege près de neuf ans. L'Eglife le compte

to. 4. conc.

entre

chr.

Lib.Pontif.

492.

Gelafii

Epift. 1

P.1157.

entre les Saints: il fit la Bafilique de faint Agapet, Vit, Tun. près de celle de faint Laurent. En deux ordinations au mois de Decembre, il ordonna vingt- Martyr. huit Prêtres & cinq Diacres, & de plus trente R.15. Febr. & un Evêques, & fut enterré dans l'Eglife de faint Paul. Après cinq jours de vacance on élut à fa place Gelafe Africain, fils de Valere, qui An. tint le faint Siege quatre ans & huit mois. Euphemius Patriarche de C. P. lui écrivit par un Diacre nommé Syncetius, fe plaignant qu'il ne lui eût pas donné part de fon ordination fuivant to. 4. cone. la coûtume. Il eft vrai, répond le Pape Gelafe, c'étoit l'ancienne regle entre nos Peres, qui étoient unis de communion; mais vous avez préferé une focieté etrangere à celle de faint Pierre. Vous dites que je dois ufer de condefcendance; il eft f. 1159. B vrai que l'on doit fe pancher pour relever ceux qui font tombez, mais non pas fe précipter avec eux. Ainfi nous accordons fans difficulté à ceux qu'Acace a baptifez, ou ordonnez, le remedė établi par la tradition de nos Peres. Vous condamnez Eutychez; mais Acace, dites-vous, n'a rien avancé contre la foi : comme fi ce n'étoit pas encore pis de connoître la verité, & communiquer avec fes ennemis. Vous demandez quand Acace a été condamné, comme s'il faloit une condamnation particuliere contre un Catholique qui communique à une herefie. Vous dites que vous recevez le concile de Calcedoine, & vous ne tenez pas pour condamnez en general & en particulier ceux qui ont communiqué avec les fectateurs de ceux qu'il a condamnez.

Prétendez-vous que Pierre, à qui Acace a communiqué ait été juftifié ? Donnez-en des preuves puifqu'il eft manifeftement convaincu d'avoir été Eutyquien : & ne vous flattez pas de la declaration que vous faites de tenir la foi catholique, & d'avoir ôté le nom d'Eutychez. Il P.1161

ne

ne fuffit pas de le dire, il faut encore le montrer par les effets en renonçant à la communion des heretiques, & de ceux qui ont communiqué à leurs Succeffeurs. Mais il y a des gens qui vous contraignent. Permettez-moi de le dire, un Evêque ne doit jamais parler ainfi, quand il s'agit de publier la verité mais pardonnez auffi à ma crainte, je tremble à la vue du terrible jugement de Dieu : nous devons comme miniftres de JESUS-CHRIST donner notre vie pour la verité. Vous dites qu'il faut perfuader le peuple .1162. de C. P. & que je dois envoier quelqu'un pour l'appaifer. N'est-ce pas au Pasteur à conduire le troupeau, plûtôt que de fuivre fes égaremens ? Vôtre troupeau rendra-t-il compte de vous, ou vous de lui? Comment m'écoutera-t-il, moi quí lui fuis fufpect, s'il méprise les avertissemens de fes Pasteurs? Nous viendrons, mon frere Euphemius, nous viendrons fans doute à ce redoutable Tribunal de JESUS-CHRIST; où les chicanes & les fuites ne feront point d'ufage. On y verra clairement, fi c'eft moi qui fuis aigre & dur, comme vous dites, ou vous qui refufez le remede falutaire. Quoi que le Pape en cette lettre traite Euphemius de frere, il y declare toutefois que ce n'eft pas par une marque de communion, & qu'il lui écrit comme à un étranger.

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Vers le même tems le Pape Gelase reçut une lettre de Laurent Evêque de Lignide en Illyrie, portant que dans l'Eglife de Theffalonique, & dans les autres du païs, on avoit lû la lettre du Pape Felix touchant les excès d'Acace; que tous lui avoient dit anathême, & que perfonne n'étoit entré dans fa communion. C'est pourquoi Laurent prioit le Pape d'envoyer aux Evêques d'Illyrie une profeffion de foi, qui fervit d'antiEpidote contre l'herefie. Le Pape dans fa réponse P.1163 reconnoît que c'eft la coûtume que l'Evêque nouvel

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