Imágenes de páginas
PDF
EPUB

22.17.

[ocr errors]

Bandeniu. roit ardemment d'en avoir de JESUS-CHRIST même, c'est-à-dire, de la vraie croix. Elle refolut donc d'en demander à l'Empereur Juftin. Mais comme elle ne faifoit rien fans confeil, elle écrivit au Roi Sigebert, dans le roiaume duquel elle étoit, pour avoir fa permiffion; & Faiant obtenue elle envoia des Clercs en Orient: à qui l'Empereur donna du bois de la croix, orné d'or & de pierreries, avec plufieurs reliques des Saints, & des évangiles ornez de même. Les reliques étant venues à Poitiers, fainte Radegonde pria l'Evêque Merouée, fucceffeur de Pientius de les placer dans fon monaftere, avec le chant des pfeaumes, & les honneurs convenables. L'Evêque fans avoir égard à fa priere monta à cheval pour aller à fa maison de campagne. Sainte Radegonde fort affligée, envoia au roi Sigebert, le priant d'ordonner que le premier Evêque qui fe trouveroit, transferât ces reliques. Cependant elle redoubloit fes jeûnes, fes veilles & fes prieres avec toute fa communauté. Le Roi envoia le comte Justin à Euphrone Archevêque de Tours pour le charger de cette commiffion. Euphrone vint à Poitiers, & en l'abfence de l'Evêque il porta les reliques dans le monaftere avec un grand appareil de Greg. gl. cierges, d'encens & de pfalmodie. Il y eut deBart.6.5. puis un grand concours de peuple à cette Eglife, & il s'y fit plufieurs miracles.

[ocr errors]

Ce fut à cette occafion, que le prêtre Fortunat compofa l'hymne celebre en l'honneur de la Paul. drac. croix, qui commence par ces paroles: Vexilla 11. gef. & regis prodeunt. Il étoit né en Italie près de Trevife, & avoit fait fes études à Ravenne, où il s'étoit rendu fçavant dans la grammaire, la retorique & la poëtique. Ayant un grand mal aux yeux, il fut gueri par l'huile d'une lampe qui brûloit près d'un autel de faint Martin; &

pour

pour reconnoiffance il quitta fon païs, & vint Tours vifiter les reliques du Saint. Il fut bien AN. 572. reçu par le Roi Sigebert, & cheri de plufieurs grands, & de plufieurs faints Evêques. De Tours il vint à Poitiers auprès de fainte Radegonde, & y paffa le refte de fa vie, compofant plufieurs poëfies à la louange des Evêques, & de fes autres amis, & à l'occafion des nouvelles Eglifes qu'ils bâtiffoient il écrivit auffi en profe les vies de plufieurs Saints. Ses vers font affez harmonieux & valent mieux que fa profe pleine de rimes & d'antithefes affectées, fuivant le mauvais goût du fiecle. Sainte Radegonde Greg. IX. aiant effaié plufieurs fois inutilement, de gner les bonnes graces de l'Evêque Merouée, alla avec fon Abbeffe Agnés à Arles, pour y prendre la regle de faint Cefaire, & étant revenue à Poitiers fe mit fous la protection du Roi, ne pouvant avoir celle de l'Evêque.

rega

hift. c. 40.

de Galice.

En Espagne faint Martin de Dume devenu XIX. Archevêque de Brague, tint un Concile des deux, Conciles provinces de Galice: c'eft-à-dire, de Brague & An. 572. de Lugo, l'ere 610. la feconde année du Roi tom. 5.cone. Miron ou Ariamir, que l'on croit être le fils de p. 894. Theodemir c'est-à-dire, l'an 572. le premier jour de Juin. Le Concile fe tint dans l'Eglife métropole de Brague, & il y affifta douze Evêques, fix de chaque province. Saint Martin y Sup. n. 5i fit lire ce qui avoit efté reglé au premier Concile, où il témoigne avoir affifté avec eux; & propofe d'achever ce qu'on n'avoit pu faire alors.. Puis il ajoûte: Par la grace de JESUS-CHRIST, il n'y a point en cette province de difficulté touchant la foi; il ne refte qu'à regler la difcipline, fuivant l'écriture & les canons. Lifons donc premierement les preceptes de S. Pierre. On lut le . Petr.V. paffage de fa premiere Epître, où il marque les 1. 2. 3.4. devoirs des Pafteurs, que tous les Evêques pro

Y 6

mirent

AN. 572.

2.39.

mirent d'obferver: puis on dreffa dix canons Le premier porte, que les Evêques en vifitant leurs Eglifes, examineront premierement les Clercs, pour fçavoir comment ils adminiftrent le Baptême, comment ils celebrent la Meffe, & les autres offices de l'Eglife. Ils leur ordonneront Sup.XXX, fur tout, de faire venir les catecumenes à l'exorcifme vingt jours avant leur baptême, c'est-àdire, le quatriéme Dimanche de Carême; & de leur apprendre particulierement le Symbole pendant ce tems-là. L'Evêque aiant examiné ses Clercs, affemblera le peuple un autre jour, pour l'inftruire de fuir l'idolatrie, l'homicide, l'adulle parjure, le faux témoignage, & les autres pechez mortels: de croire la refurrection & le jour du jugement: puis il paffera à une autre Eglife.. L'Evêque en fa vifite ne prendra que le droit nommé cathedratique : c'est-à-dire, deux fols d'or, non pas la troifiéme partie des offrandes, qu'il doit laiffer pour le luminaire & les reparations. Il n'emploiera point les Clercs des Paroiffes à des oeuvres ferviles.

4.7.

tere,

Toute fimonie eft défendue. Les Prêtres pourront prendre ce qui fera offert volontairement pour le Baptême : mais ils n'exigeront rien, de peur de détourner les pauvres de faire baptifer 4. leurs enfans. Les Evêques ne prendront plus le tiers du fou que l'on exigeoit pour le faint Chrême, fous pretexte du peu de beaume qui y en.3. tre. Ils ne prendront rien non plus pour l'ordination des Clercs; & ne les ordonneront qu'après un foigneux examen & fur le témoignage de .5. plufieurs. Ils n'exigeront rien des fondateurs, pour la confecration des Eglifes: feulement ils prendront garde qu'elles foient fuffifamment 4.6. dotées, & par écrit. Si quelqu'un pretend fonder une Eglife, à la charge de partager les oblations avec les Clercs aucun Evêque ne la con

[ocr errors]

facrera;

[ocr errors]

6.9.

facrera, comme étant fondée, plûtôt par interêt que par devotion. Le Métropolitain dénon- AN. 572. cera aux Evêques le jour de la Pâque, à la fin du Concile; & chaque Evêque le dénoncera au peuple, le jour de Noël après l'Evangile. On commencera le Carême par des proceffions de trois jours aux Eglifes des Saints : le troifiéme jour on celebrera la Meffe à trois ou quatre heures après midi, & on avertira d'observer le jeûne, & d'amener au milieu du Carême les enfans qui 'doivent être baptifez, pour être purifiez par les exorcifmes. Les Prêtres ne doivent confacrer qu'à jeun, & il n'est pas permis de s'en difpenfer, même fous pretexte de Meffes pour les

morts.

Mor. XI.

Tom.5.conc.

903. App.co.r

Bibl. Jn

fel.

La même année 572. les Evêques de la pro- Conftit. vince de Lugo y tinrent un Concile, où le Roi " Ambr. confirma la divifion des diocefes, établie de nou- Chr. c. 62. veau. Nitigius Evêque de Lugo préfidoit à ce Concile, & il y avoit des Legats du faint Siege. C'est le même Nitigius à qui faint Martin de Brague adreffa fa collection de canons. II marque dans la préface, qu'aiant été d'abord écrits en Grec, ils ont été alterez, tant par le défaut des traductions, que par l'ignorance ou la negligence des copiftes: c'eft pourquoi il a travaillé à les rendre plus corrects. Ce recueil eft divifé en deux parties., dont la premiere regarde le Clergé, & la feconde les Laïques ; & il comprend en tout quatre-vingts-quatre canons. On marque à chacun, d'où il a été tiré : c'est-àdire, des Conciles compris dans l'ancien code de l'Eglife univerfelle, & des conciles d'Efpagne tenus jufques alors. Cette collection de faint Martin de Brague, a été depuis très-fameufe. Il mourut vers l'an 580.

Greg.Tur.

V. hift...

37.

XX.

Le Pape Jean III. mourut en 572. & fut enterré à faint Pierre le treiziéme de Juillet i Lombards

[ocr errors]

avoit en Italie.

Lib, Pontif. avoit tenu le faint Siege près de treize ans. En deux ordinations au mois de Decembre, il fit trente-huit Prêtres & treize Diacres, & foixante & un Evêques. De fon tems les Lombards entrerent en Italie, fous la conduite d'Alboin leur Roi. Ils étoient Germains d'origine : mais ils avoient demeuré quatre cens ans en Pannonie ; & ils en fortirent en la premiere indiction, le lendemain de Pâque : c'eft-à-dire, le fecond jour Paul, diac. d'Avril 568. Ils entrerent en Italie par la Venelib.II.c.7. tie; & Paul Patriarche d'Aquilée, qui en étoit la capitale, craignant leur fureur, quitta la ville .10. & fe retira à l'île de Grade, emportant avec lui tout le trefor de fon Eglife. Il mourut l'année 11. fuivante, & eut pour fucceffeur Probin. Alboin ́étant arrivé à la riviere de Piave, Felix Evêque de Trevife vint au-devant de lui; & le Roi accorda à fa priere tous les biens de fon Eglife, & 4.13. en confirma la donation par lettres. Če Felix Sup.n.18. étoit ami de Fortunat de Poitiers, & avoit été Paul.c. 14. gueri avec lui du mal des yeux, par l'huile de la lampe de faint Martin. Alboin prit Vicenze, Verone, & toutes les autres villes de la Venetie excepté Padoue, Mont-Silice & Mantoue. Puis il paffa dans la Ligurie, & le troifiéme de Septembre de la troifiéme indiction, c'est-à-dire, l'an 569. il entra à Milan. Honorat qui en étoit Evêque, s'enfuit à Genes: car Alboin conquit toute la Ligurie; à la referve des villes maritimes. Honorat étant mort peu de tems après, on élut en même tems à Milan Froton & à Genes Laurent, pour la même Eglife. Mais ce dernier demeura Evêque de Milan, après qu'il eut donné au Pape un écrit, par lequel il confentoit à la condamnation des trois chapitres. Cet écrit fut certifié par les perfonnes les plus nobles, entre autres par faint Gregoire, alors Préteur de Rome,

5.23.

« AnteriorContinuar »