Imágenes de páginas
PDF
EPUB

d. Ibid.

eut pas plus de deux arpens pour fa fubfistance.

L'établiffement du Sénat fuccéda à ce partage. Romulus le compofa de cent des principaux Citoyens: on en augmenta le nombre depuis., comme nous le dirons dans la fuite. Le Roi nomma le premier Sénateur, & il ordonna qu'en fon abfence il auroit le Gouvernement de la Ville ; chaque Tribu en élut trois, & les trente Curies en fournirent chacune trois autres ; ce qui compofa le nombre de cent Sénateurs, qui devoient tenir lieu en même temps de Miniftres pour le Roi, & de Protecteurs à l'égard du peuple : fonctions auffi nobles que délicates à bien remplir.

:

Les affaires les plus importantes devoient être portées au Sénat. Le Prince comme le Chef, y préfidoit à la vérité mais cependant tout s'y décidoit à la pluralité des voix, & il n'y avoit que fon fuffrage comme Liv. I. 1 c. 8. un Sénateur particulier. Rome après fon Roi, ne voyoit rien de fi grand & de fi refpectable que ces Sénateurs. On les nomma Peres, & leurs

defcendans Patriciens: origine de la premiere Nobleffe parmi les Romains. On donna aux Sénateurs ce nom de Peres par rapport à leur âge, ou à caufe des foins qu'ils prenoient de leurs Concitoyens. » Ceux qui Conjuration compofoient anciennement le Con- de Catilina. feil de la République, dit Sallufte,

رو

رو

[ocr errors]
[ocr errors]

دو

fié

» avoient le corps affoibli par les années, mais leur efprit étoit fortipar la fageffe & par l'expérien»ce. » Les Dignités civiles & militaires, même celles du Sacerdoce, appartenoient aux Patriciens, à l'exclufion des Plébeïens. Le Peuple obéiffoit à des Magiftrats particuliers qui lui rendoient juftice; mais ces Magiftrats recevoient les ordres du Sénat, qui étoit regardé comme la Loi fuprême & vivante de l'Etat, le Gardien & le Défenfeur de la liberté.

Les Romains après l'établiffe-D.H l.zi ment du Sénat, tirerent de nouveau de chaque Curie dix hommes de cheval; on les nomma Celeres, foit du nom de leur Chef appellé Celer, ou par rapport à leur vîteffe & parcequ'ils fembloient voler , pour exécuter les ordres qu'on leur don

,

;

noit. Romulus en compofa fa garde ils combattoient également à pied & à cheval, dit Denis d'Halicarnaffe, felon les occafions & la difpofition du terrein où ils fe trouvoient ce qui revient affez à cette efpece de Milice que nous appellons Dragons. L'Etat leur fourniffoit un cheval, d'où ils furent appellés Chevaliers, & ils étoient diftingués par un anneau d'or. Mais dans la fuite, quand leur nombre fut augmenté, cette fonction militaire fut changée en un fimple titre d'honneur, & ces Chevaliers ne furent pas plus attachés à la guerre que les autres Citoyens. On les vit au contraire fe charger, fous le nom de Publicains, de recueillir les tributs, & tenir à ferme les revenus de la République : efpéce de corps qui, quoique Plébéien, ne laiffoit pas de former comme un ordre féparé entre les Patriciens & le Peuple.

De tous les Peuples du monde, le plus fier dès fon origine, & le plus jaloux de fa liberté, a été le Peuple Romain. Ce dernier ordre, quoique formé pour la plupart de Pâtres & d'Efclaves, voulut avoir part dans le

Gouvernement comme le premier. C'étoit lui qui autorifoit les Loix qui avoient été dirigées par le Roi & le Sénat ; & il donnoit lui-même D. H. 1. 2 dans fes affemblées, les ordres qu'il vouloit exécuter. Tout ce qui concernoit la guerre & la paix, la création des Magiftrats, l'élection même du Souverain, dépendoit de fes fuffrages. Le Sénat s'étoit feulement réfervé le pouvoir d'approuver ou de rejetter fes projets, qui, fans ce tempéramment & le concours de fes lumieres, euffent été fouvent trop précipités & trop tumultueux.

Telle étoit la conftitution fondamentale de cet Etat qui n'étoit ni purement Monarchique, ni auffi entierement Républicain. Le Roi, le Sénat & le Peuple étoient, pour ainfi dire, dans une dépendance réciproque ; & il résultoit de cette mutuelle dépendance un équilibre d'autorité qui modéroit celle du Prince, & qui affuroit en même-temps le pouvoir du Sénat & la liberté du Peuple.

Romulus, pour prévenir les divifions que la jaloufie, fi naturelle aux hommes, pouvoit faire naître entre

les Citoyens d'une même Républi que, dont les uns venoient d'être élevés au rang de Sénateurs & les autres étoient reftés dans l'ordre du Peuple, tâcha de les attacher les uns aux autres par des liaisons & des bienfaits réciproques. Il fut permis D. H. 1. 2. à ces Plébeïens de fe choifir dans le Corps du Sénat, des Patrons qui étoient obligés de les affifter de leurs confeils & de leur crédit ; & chaque particulier fous le nom de Client s'attachoit de fon côté aux intérêts de fon Patron. Si ce Sénateur n'étoit pas riche, fes Clients contribuoient à la dot de fes filles, au paiement de ses dettes ou de fa rançon, en cas qu'il eût été fait prifonnier de guerre ; & ils n'euffent ofé lui refufer leurs fuffrages s'il briguoit quelque Magiftrature. Il étoit également défendu au Patron, & au Client, de fe préfenter en justice pour fervir de témoin l'un contre l'autre. Ces offices réciproques & ces obligations mutuelles furent eftimés fi faints, que ceux qui les violoient, paffoient pour infâmes, & il étoit même permis de les tuer comme des facriléges.

Un tempéramment fi fage dans le
Gouvernement,

« AnteriorContinuar »