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nat. Mais Tatius ayant été tué depuis par des ennemis particuliers, on ne lui donna point de fucceffeur; Romulus rentra dans tous fes droits, &. réunit en fa perfonne toute l'autorité Royale.

Les Sénateurs Sabins, & tous ceux qui les avoient fuivis, devinrent infenfiblement Romains; Rome commença à être regardée comme la pius puiffante Ville de l'Italie; on y comptoit avant la fin du regne de Romulus jufqu'à quarante-fept mille habitans tous foldats, tous animés du même efprit, & qui n'avoient pour objet que de conferver leur liberté & de fe rendre maîtres de celle de leurs voifins. Mais cette humeur féroce & entreprenante, les rendoit moins dociles pour les ordres du Prince; d'un autre côté l'autorité fouveraine, qui ne cherche fouvent qu'à s'étendre, devint fufpecte & odieufe dans le Fondateur même de l'Etat.

Romulus victorieux de cette partie des Sabins, voulut régner trop impérieufement fur fes Sujets & fur un Peuple nouveau qui vouloit bien lui obéir, mais qui prétendoit qu'il dépendît lui-même des Loix dont il

étoit convenu dans l'établissement de l'Etat. Ce Prince au contraire rappelloit à lui feul toute l'autorité qu'il eût dû partager avec le Sénat & l'Affemblée du Peuple. Il fit la guerre

Virg. Eneid.

à ceux de Comerin, de Fidene, & Plin. I. 3.0. à ceux de Veïe, petites Villes com- 3. prifes entre les cinquante-trois Peuples, que Pline dit qui habitoient l'ancien Latium, mais qui étoient fi peu confidérables qu'à peine avoientils un nom dans le tems même qu'ils fubfiftoient, fi on en excepte Veie Ville célebre de la Tofcane. Romu- 1.6. lus vainquit ces Peuples les ans après les autres, prit leurs Villes, dont il ruina quelques-unes, s'empara d'une partie du territoire des autres, dont il difpofa depuis de sa seule autorité. Le Sénat en fut offenfé, & il fouffroit impatiemment que le Gouvernement fe tournât en pure Monarchie. Il fe An. 37. de défit d'un Prince qui devenoit trop abfolu. Romulus âgé de cinquantecinq ans, & après trente-fept de regne, difparut, fans qu'on ait pû découvrir de quelle maniere on l'avoit fait périr. Le Sénat, qui ne vouloit pas qu'on crût qu'il y eût contribué, lui dreffa des Autels après fa mort,

Rome.

An. 38. de

Rome.

dec. &.

& il fit un Dieu de celui qu'il n'avoit pû fouffrir pour Souverain.

,

L'autorité royale, par la mort de Romulus, fe trouva confondue dans celle du Sénat. Les Sénateurs convinrent de la partager, & chacun fous le nom d'entre-Roi gouvernoit à fon tour pendant cinq jours, & T. Liv. I. 1. jouiffoit de tous les honneurs de la fouveraineté. Cette nouvelle forme de Gouvernement dura un an entier, Plut. in Nu. & le Sénat ne fongeoit point à fe ma Pomp. donner un nouveau Souverain. Mais le Peuple qui s'apperçut que cet interregne ne fervoit qu'à multipli fes Maîtres demanda hautement qu'on y mît fin: il fallut que le Sénat relâchât à la fin une autorité qui lui échappoit. Il fit propofer au Peuple, s'il vouloit qu'on procédât à l'élection du nouveau Roi, ou qu'on choisit feulement des Magiftrats annuels qui gouvernaffent l'Etat. Le Peuple par eftime & par déférence pour le Sénat, lui remit le choix de ces deux fortes de Gouvernemens. Plufieurs Sénateurs qui goûtoient le plaifir de ne voir dans Rome aucune dignité au-deffus de la leur inclinoient pour l'Etat Républicain; mais

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les principaux de ce Corps qui afpiroient fecrettement à la Couronne, firent décider à la pluralité des voix, qu'on ne changeroit rien dans la forme du Gouvernement. Il fut réfolu qu'on procéderoit à l'élection d'un Roi; & le Sénateur qui fit le dernier, durant cet interregne, la fonction d'entre-Roi, adreffant la parole au peuple en pleine assemblée, lui dit : » Elifez un Roi, Romains, le Sénat » y confent; & fi vous faites choix » d'un Prince digne de fuccéder à Ro

mulus, le Sénat le confirmera dans » cette fuprême dignité «.On tint pour cette importante élection une affemblée générale du peuple Romain, Nous croyons qu'il ne fera pas inutile de remarquer ici qu'on comprenoit fous ce nom d'Affemblée du Peuple, non feulement les Plébéiens, mais encore les Sénateurs, les Chevaliers, & généralement tous les Citoyens Romains qui avoient droit de fuffrage, de quelque rang & de quelque condition qu'ils fuffent. C'étoient comme les Etats généraux de la Nation, & on avoit appellé ces affemblées, affemblées du peuple, parceque les voix s'y comptant par tête, les

Tome I.

C

Plébéiens feuls, plus nombreux que les deux autres Ordres de l'Etat, décidoient ordinairement de toutes les délibérations, qui dans ces premiers temps n'avoient cependant d'effet qu'autant qu'elles étoient enfuite approuvées par le Sénat: telle étoit alors la forme qui s'obfervoit dans les élections: celle du fucceffeur de Romulus fut fort contestée.

Le Sénat étoit compofé d'anciens Sénateurs & de nouveaux qu'on y avoit aggrégés fous le regne de Tarius, cela forma deux partis. Les anciens demandoient un Romain d'origine; les Sabins, qui n'avoient point eu de Roi depuis Tatius, en vouloient un de leur nation. Enfin, après beaucoup de conteftations, ils demeurerent d'accord que les anciens Sénateurs nommeroient le Roi de Rome, An de Ro- mais qu'ils feroient obligés de le choifir parmi les Sabins. Leur choix Tit. Liv tomba fur un Sabin de la Ville de CuD. Hal. Plu. res, mais qui demeuroit à la campaLarg. gne. Il s'appelloit Numa Pompilius homme de bien, fage, modéré, équitable, mais peu guerrier, & qui ne pouvant fe donner de la confidération par fon courage, chercha à fe

me 39.

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