plus, soixante-dix livres; un nain de trois pieds et demi, quarante-cinq livres; un de trois pieds, vingt-huit ou trente livres, si leur corps et leurs membres sont bien proportionnés, ce qui est tout aussi rare en petit qu'en grand; car, il arrive presque toujours que les géans sont trop minces, et les nains trop épais; ils ont sur-tout la tête beaucoup trop grosse, les cuisses et les jambes trop courtes; au lieu que les géans ont communément la tête petite, les cuisses et les jambes trop longues. Le géant, disséqué en Prusse, avoit une vertèbre de plus que les autres hommes; et il y a quelque apparence que, dans les géans bien faits, le nombre des vertèbres est plus grand que dans les autres hommes. Il seroit à desirer qu'on fît la même recherche sur les nains, qui peut-être ont quelques vertèbres de moins. En prenant cinq pieds pour la mesure commune de la taille des hommes, sept pieds pour celle des géans, et trois pieds pour celle des nains, on trouvera encore des géans plus grands et des nains plus petits. J'ai vu moimême des géans de sept pieds et demi, et de sept pieds huit pouces; j'ai vu des nains qui n'avoient que vingt-huit et trente pouces de haut. Il paroît donc qu'on doit fixer les limites de la nature actuelle pour la grandeur du corps humain, depuis deux pieds et demi jusqu'à huit pieds de hauteur; et quoique cet intervalle soit bien considérable, et que la différence paroisse énorme, elle est cependant encore plus grande dans quelques espèces d'animaux, tels que les chiens un enfant qui vient de naître est plus grand relativement à un géant, qu'un bichon de Malte adulte ne l'est en comparaison du chien d'Albanie ou d'Irlande (1). (1) L'opinion commune, et que les faits ont assez généralement justifiée, est que les nains ne parviennent pas à un âge fort avancé. L'on a cependant quelques exemples de la longévité de quelquesans. Mathieu Guthrie, dans un ouvrage anglais, publié en 1795, et intitulé : Dissertation sur les antiquités de la Russie, rapporte qu'une femme qu'il a rencontrée chez un seigneur, autrefois attaché à Pierre le Grand, a particulièrement fixé son attention. L'empereur prenoit plaisir à voir cette naine, et à l'appeler sa poupée, comme elle est encore toute fière de le raconter aujourd'hui. A la fin de 1794, elle avoit près d'un siècle; elle conservoit encore de la vivacité, de l'enjouement et l'entier usage de ses yeux, de ses jambes et de ses dents, avec la voix d'un enfant quand elle pleure; ce qui lui arrive souvent au souvenir de son ancienne parure de cour, qu'elle regrette vivement. Vue par derrière, on la prendroit pour un enfant de cinq à six ans. Elle ne se plaint d'aucune infirmité, après 80 ans de séjour eu Russie. SONNINI. Fin du dix-huitième Volume. TABLE De ce qui est contenu dans ce CHAP. X. De la formation du Foetus. 78. CHAP. XI. Du développement et de l'accrois- Fin de la Table du dix-huitième Volume: |