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Liteffe qui y regnent par tout, l'Au teur y a joint ensemble la facilité &, l'exactitude. Le Difcours que le même Auteur a compofé fur les Oeuvres. de Sarafin eft une très-belle chofe.. Je l'ai lû plufieurs fois, & je l'ai toujours lû avec plaifir.

La Préface qui a été mife depuis: peu au commencement des Oeuvres. de Balzac eft favante & très-bien. écrite. Je ferois d'avis qu'on la lût avant que de lire les Lettres & les Difcours qui la fuivent. A propos de, Préface, dit Arifte, dit Arifte, il ne fe peut. rien voir de plus fenfé ni de plus jufte que la nouvelle Traduction de. L'Eneïde.

Mais puifque nous fommes fur les. Préfaces, dit Eugene, nous ne devons pas oublier celle qu'un de nos amis a faite fur de fört beaux Panégyriques. Elle eft digne de l'approbation qu'elle a eue dans le monde. Je. ne fais, dit Arifte, fi la lecture de. cette Préface ne m'a point caufé plus. de douleur que de plaifir; car je n'ai pû la lire, fans pleurer celui dont elle parle. Comme j'avois pour ce cher ami une grande tendreffe, &

toute l'eftime qu'on peut avoir pour un homme extraordinaire, fa perte m'a fenfiblement touché ; & je ne pourrois m'en confoler de ma vie, si je ne trouvois cet illuftre mort dans fes freres, comme dans d'autres luimême. Celui qui a fuivi une jeune Reine dans un pays étranger eft un homme d'un grand mérite, habile, modefte, fecret, défintéreffé, & infatigable dans le travail. Il écrit en fa langue d'une maniere à faire juger qu'il n'en auroit jamais étudié aucune autre. Cependant, outre la connoiffance qu'il a des langues Grecque & Latine, il parle celles de nos voisins prefque auffi facilement & auffi poliment que la fienne.

Pour revenir aux bons livres & aux bons Ecrivains dont nous parlions, reprit Eugene, l'Auteur des Réflexions ou Maximes morales a un caractere très-noble, & je ne fais quelle fineffe que tous les bons Auteurs n'ont pas. Le Difcours qui a été mis à la tête de ces Réflexions eft. de la main d'un grand Maître, qui fait le monde auffi-bien que la langue, & qui n'a pas moins d'honnêteté

que d'efprit. L'Auteur des Converfa. tions qui parurent l'an paffé, & celui des Obfervations fur les Poemes d'Homere &de Virgile, écrivent d'une maniere judicieufe & délicate.

Que vous femble, dit Arifte, des Obfervations qu'un favant Homme a faites fur les Poëfies de Malherbe? Elles font curieufes, repliqua Eugene, auffi-bien que fes Origines de la Langue Françoife; & après les Remar ques de Vaugelas, je ne fache rien en ce genre qui puiffe inftruire davan

tage.

Je vous ai déja parlé des Avantages. de la langue Françoise fur la langue. Latine: quelque doctes que foient ces Differtations, elles ne font pas moins agréables que la Promenade de· Saint Germain. Je l'ai lûe depuis peu, dit Arifte, & j'en ai été charmé. Vous ne l'auriez pas moins été, ajouta Eugene, des Promenades de Versailles &de Saint-Cloud, fi vous les aviez lues; elles ont quelque chofe qui enchante.

La Vie de Socrate, reprit Arifte, que le Traducteur de Xenophon a compofée, me tomba l'autre jour en

tre les mains, & j'en fuis bien content. Elle est très-exacte, répondit Eugene, quoiqu'elle ne foit pas fort nouvelle.

L'Hiftoire de la Vie du Duc d'Efpernon, compofée par Girard; la Guide des Pécheurs de Grenade traduite par le même; les Paraphrafes fur les Epîtres de faint Paul, les actions publiques d'un Prédicateur célebre, font d'affez bons livres. L'Hiftoire Sainte du Nouveau Teftament est également pure & fleurie. Il n'y a rien de plus net ni de plus élégant que la Morale du Sage: on y trouve de quoi former fes mœurs & fon ftyle en même temps. Il n'appartenoit qu'à une perfonne confidérable par fa naiffance & par fon mérite d'être l'interprete de Salomon ; & il falloit favoir notre langue auffi-bien que cette illuftre Solitaire la fait, pour le bien faire parler François.

Mais que penfez-vous, dit Arifte, de ces Solitaires qui ont tant écrit depuis vingt ans? Je leur fais juftirepliqua Eugene, & j'avoue de bonne foi qu'ils ont beaucoup contribué à la perfection de notre lan

ce,

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περίοδος μακ αίκαι αποπνίγου σαιτες λε γοντας.

Dyon.
Halicaru.

gue. Avez-vous vû, dit Arifte, la traduction qu'ils ont faite de l'Imitation de Jefus-Chrift? J'ai ouï dire que c'eft un de leurs chef-d'œuvres, & qu'ils la propofent eux-mêmes pour un modele de la pureté du langage. Je la lis depuis quelque jours, repartit Eugene, & je l'eftime pour le moins autant que les Confeffions de faint Auguftin, & que la Vie de Dom Barthelemi des Martyrs, ou les longues périodes fatiguent un peu le le-

cteur.

Il eft vrai, dit Arifte, que ces Ecrivains fi fameux ne peuvent pas être accufés de laconifme: ils aiment naturellement les difcours vaftes; les longues parentheses leur plaifent beaucoup; les grandes périodes, & furtout celles qui par leur grandeur exceffive fuffoquent ceux qui les procomme parle un Auteur Grec, font tout à fait de leur goût. La belle Vie de l'Archevêque de Brague commence par une période démefurée: il faut avoir de bons poulmons pour la lire tout d'une haleine, & une grande attention pour la comprendre la premiere fois qu'on la lit

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