Les Auteurs qui rejettent le corps. humain de la devife en rejettent auffi les portraits, comme portraits; & parceque ce font des figures humaines, & parceque ces fortes de figures ne repréfentent que les linéamens & l'ex-térieur de la perfonne : au lieu que la Devise en doit faire voir les qualités: & le naturel. J'ai dit, comme portraits: car fi on les regarde comme des ouvrages de l'art, ils font des corps légitimes, auffi-bien que les fta-. tues; mais alors le portrait ou la ftatue de Céfar, par exemple, n'a nul rapport à la perfonne de Céfar; mais à quelque propriété de la Peinture ou de la Sculpture. Ainfi, pour exprimer qu'une perfonne fe fanctifie par les: difgraces qui lui arrivent, on peut fe fervir d'une Statue de Céfar ou d'Alexandre qu'une main taille avec le cizeau, en y ajoutant ces paroles, Perficitur dum caditur. Je penfois, dit Eugene, que les membres du corps humain n'entroient point dans la Devife, non plus que le corps humain. Ils n'y entrent poinr: auffi, répondit Arifte, comme par-ties de la Devife, non feulement pour: En la frap pant on la rend plus par faite. les raifons qui regardent la figure humaine; mais encore parceque les membres féparés du corps de l'homme ont quelque chofe de monftrueux. & de choquant, comme une oreille en l'air, un œil au bout d'un fceptre, un cœur au haut d'une pyramide, une main coupée für un livre: je dis une main coupée; car une main fortant d'un nuage ne fait pas le même effet ; on la regarde comme attachée au refte corps qui ne paroît point. C'est la feule partie du corps qui foit reçûe dans la Devife: encore n'y fert-elle que de foutien & d'ornement; ou tout au plus, fi elle fait quelque chofe davantage, elle ne fert qu'à rendre la figure complete par l'action dont elle l'anime , comme vous voyez dans la Devife de la Statue qu'une main taille avec le cizeau. du Il est vrai qu'Arefi s'étonne pourquoi on n'admet pas la main toute feule dans la Devife. Si on l'en croyoit, elle y auroit place, comme étant d'une nature particuliere, & pouvant fonder non feulement une comparaifon, mais une métaphore. Il en apporte un exemple tiré de la diftinction & de l'inégalité des doigts, qui réndent la main plus belle ; & pour faire une Devise, il ajoute ces paroles, Difparitate pulchrior le. L'inégalité Il prétend exprimer par-là que la di- me rend belverfité des efprits & des humeurs rend la fociété des hommes plus agréable. Un des plus beaux Efprits de ce fie cle eft dans le fentiment d'Arefi. Pour repréfenter qu'un grand Miniftre a un génie capable de tout, & qu'il regle toutes chofes en fuivant les ordres de fon Prince, ce favant homme a fait deux Devifes, qui ont le même corps: c'eft une main fortant d'un nuage, & tenant les inftrumens des beaux Arts, avec ces deux Ames, Habile ad ogni minifterio. Cunca regit, dum pareat uni. Mais quand cela feroit raisonnable & bien fondé, l'ufage ne veut pas qu'on en ufe ainfi ; & l'ufage n'eft gue res moins le maître en matiere de Devife, qu'en matiere de Langue. C'eft cet ufage qui a introduit des Faces avec des joues enflées, pour repréfenter les Vents qui foufflent; tếmoin la Devife fameufe qui a pour corps des Vents peints de la forte fur Je fuis pro pre à tout miniftere. regle tout dre d'un feul, fuivant l'or- de l'inégalité des doigts, qui ren nt la main plus belle ; & pour faire e Devise, il ajoute ces paroles, Difparitate pulchrior, le. L'inégalité Il prétend exprimer par-là que la di- me rend bel◄ erfité des efprits & des humeurs rend fociété des hommes plus agréable. Un des plus beaux Efprits de ce fiele eft dans le fentiment d'Arefi. Pour repréfenter qu'un grand Miniftre a un génie capable de tout, & qu'il regle toutes chofes en fuivant les ordres de fon Prince, ce favant homme a fait deux Devifes, qui ont le même corps: c'eft une main fortant d'un nuage, & tenant les inftrumens des beaux Arts,. avec ces deux Ames, Habile ad ogni minifterio. Cuneta regit, dum pareat uni. Mais quand cela feroit raifonnable & bien fondé, l'ufage ne veut pas qu'on en ufe ainfi ; & l'ufage n'eft gueres moins le maître en matiere de De vife, qu'er C'est ce Faces ave préfenter moin la orps.dt re de Langue. Je fuis pro pre à tout miniftere. Je regle tout dre d'un feul, fuivant l'or- |