Louis de pour être monté fur des échaffes Duelete de effa puente Mançanares » , Voilà ce que c'est que le Mançanares & voilà auffi à peu près ce que c'eft que la langue Caftilane. Des termes vastes & réfonnans: des expreffions hautaines & fanfaronness de la pompe & de l'oftentation par tout. Il n'en eft pas de même de notre langue: fes mots font d'une grandeur raifonnable, comme ceux de la langue Latine; fes expreffions font nobles & modeftes tout enfemble; elle fuit les façons de parler baffes, & les proverbes jufques dans le difcours familier mais elle abhorre auffi les termes ampoullés, & le Phebus jufques dans le ftyle fublime.Elle a de quoi foutenir les matieres les plus fortes, & de quoi élever les plus foibles: le bon fens & la bienféance l'accompagnent par tout. Enfin je trouve prefque autant de différence entre elle & la langue Efpagnole, qu'il y en a entre une Reine de théatre, qui doit toute fa majesté à la magnificence de fes habits, & une yéritable Reine, laquelle a dans toute fa perfonne je ne fais quel air majestueux qui la fait toujours paroître ce qu'elle eft, quelque habit qu'elle porte, & quelque action qu'elle faffe. Vous favez ce que dit le Taffe de fon Herminie habillée en Bergere, & occupée aux exercices de la vie champêtre. Non copre habito vil la nobil luce, E quanto è in lei d'altero e di gentile : E fuor la maeftà regia traluce Per gli atti encor de l'effercitio bumile. Mais la langue Italienne, dit Arifte, n'a rien de cette vaine grandeur, & de cet orgueil que vous reprochez à la langue Espagnole. Je l'avoue, reprit Eugene : mais avouez auffi qu'elle va dans une autre extrémité, & qu'elle tombe dans l'enjouement, en s'éloignant de la gravité & du fafte. Y a-t-il rien de moins férieux que ces diminutifs qui lui font fi familiers ? Ne diroit-on pas qu'elle ait deffein de faire rire avec fes fanciulleto, fanciullino; bambino bambinello > bambinellucio; buemetto, buomicino buomicello dottoretto, dottorino, dot torello, dottoruzzo; vecchino, vecchietto, vecchiettino, vecchiuzzo, vecchiarello. Ajoûtez à cela les mêmes terminaifons qui reviennent fi fouvent, & qui font une rime perpétuelle dans la profe. Le difcours eft quelquefois tout en A, & quelquefois tout en 0: ou du moins les O & les A fe fuivent de fi près, qu'il étouffent le fon des I & des E, qui de leur côté font auffi en quelques autres endroits une mufique affez mal plaifante. De plus, la langue Italienne aime extrêmement les jeux de paroles, les antithefes & les defcriptions: elle s'égaye, elle badine même quelquefois dans les matieres les plus graves & les plus folides. Je parle de l'Italien & de l'Espagnol, tels qu'ils font préfentement dans les Auteurs modernes qui ont de la réputation en Italie & en Efpagne. Le François eft exempt de tous ces défauts: Il de un jufte tempérament entre ces: deux langues; comme il n'a rien de l'efprit orgueilleux de l'une, it gar n'a rien auffi du génie enjoué de l'autre. Les fontelette, montagnette, oyfelet, ruiffelet, qui étoient des délicatelles dans le ftyle de nos vieux Auteurs, ne fe peuvent fupporter dans le langage d'aujourd'hui : on fe moqueroit bien maintenant d'un Poëte qui diroit avec Belleau: Le gentil Roffignolet Découpe deffous l'ombrage Au doux chant de fon ramage. De tous les diminutifs adjectifs qui ont été fi en vogue autrefois, je n'en fais pas un qui foit demeuré dans le bel ufage. Nous avons horreur de mignardelette, blondelette. Pour les fubftantifs, outre cuvette, clochette, & quelqu'autre terme de cette forte, je ne fache gueres qu'amourettè que nous ayions retenu. Car quoique tablette, lancette, & plufieurs autres mots de cette |