A MONSEIGNEUR MONSEIGNEUR LE MARQUIS DE SEIGNELAY SECRETAIRE D'ETAT. M CONSEIGNeur, -Je crains bien que vous ne preniez pas trop de plaisir à lire l'Ouvrage que je vous présente.Un esprit auffi délicat que le vôtre trouve peu de chofes qui le fatisfassent ; & il faudroit parler comme vous, pour vous entretenir agréablement. fi vous n'avez pas sujet d'être fort content de mes entretiens, j'ofe dire que vous devez l'être un peu de moi. Vous favez combien je fuis touché de votre mérite ; & que, depuis que j'ai l'honneur de vous connoître j'admire en vous des qualités qui ne Se rencontrent gueres ensemble : un génie propre pour les fciences & pour les affaires ; un efprit également vif &folide, une mémoire prodigieufe, avec un difcernement fort jufte, beaucoup de feu & en même-temps beaucoup de difcrétion, foit qu'il faille parler ou fe taire. Je ne dis rien de ce zele ardent que vous avez pour la gloire du Roi & pour le bien de l'Etat : il vous eft commun aves tous ceux de votre Maifon. Ce font ces qualités extraordinaires, MONSEIGNEUR, qui ont obligé Sa Majesté à vous donner dans un âge peu avancé une des Charges du Royaume qui demande le plus de capacité & de prudence. Ce fage Prince a jugé qu'étant auffi éclairé & auffi habile que vous êtes, vous n'aviez pas besoin d'être con ̈ fommé dans les affaires pour y réusfir, & que vos propres lumieres 3 vous pouvoient tenir lieu d'une lon gue expérience. Auffi, quelque bonté qu'il ait pour Monfeigneur votre Pere, il a confidéré votre Perfonne en vous faifant Secrétaire d'Etat. Dans les autres occafions il a récompenfé les fervices que ce fidele Miniftre lui arendus: mais en celleci il a eu égard particulierement aux fervices que vous pouviez vous♣ même lui rendre. Je ne m'étonne pas après cela, MONSEIGNEUR, de l'application avec laquelle vous travaillez pour remplir tous les devoirs de votre Charge, ni du foin que vous prenez de vous inftruire tous les jours, de |