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y exami

ECRITSSUR

LA

POESIE

font le 22. le 23. & le 27. du tome premier de cet ouvrage. On ne principalement quelle eft la fource PASTORALE du plaifir que nous caufe la poëfie paftorale, & quel elt fon caractere. C'est le fujet du 22. & du 23. difcours. On y donne trois raifons du plaifir dont il s'agit: l'amour naturel de l'homme pour repos : celui-ci eft la bafe du bonheur; car c'eft le défir même de la tranquillité qui nous porte aux deffeins les plus étroitement liés au travail & à l'inquiétude: notre amour pour l'innocence & pour la fimplicité des mœurs, qui ne nous eft guéres moins naturel, malgré notre corruption: enfin nous aimons les tableaux naïfs de la vie champêtre 2 parce qu'en fuivant notre penchant le plus naturel, nous préférerions la campagne aux villes. Ce que les Auteurs de ces difcours difent fur le caractere & le génie de la poëfie pastorale, n’a rien de neuf: on en a parlé de même avant eux. J'aurois voulu qu'ils euffent eu plus d'égards pour la pudeur dans les exemples qu'ils ont rapportés: il y en a plufieurs qui ne préfentent que des images indécentes. Dans le vingt-feptiéme difcours ils comparent Théocrite & Virgile à quoi ils ajoutent quelque

chose fur les modernes qui ont fait des ECRITSSUR paftorales, entr'autres fur le Taffe: ce PASTORALÉ difcours eft fort fuperficiel.

LA POESIE

Ce n'eft point par oubli que je ne vous ai rien dit de l'Avis à Ménage fur fon Eglogue intitulée Chriftine. C'eft qu'après avoir lû cet écrit je l'ai peu trouvé propre à éclaircir la matiere de l'Eglogue. M. de la Monnoye en a bien jugé dans la préface de fon Recueil depiéces choifies tant en profe qu'en vers, lorfqu'il a dit, « que cet Avis eft unë critique railleufe & piquante, où reẻ gne une agréable érudition, jointe à une grande pureté de langage; & qu'on y releve d'une maniere un peu cauftique la liberté que fe donnoit M. Ménage d'adopter trop fréquemment dans fes poëfies les penfées & les expreffions d'autrui. »

Voilà en effet tout ce que l'on trou ve dans la plus grande partie de ce petit ouvrage, qui eft, comme l'on fçait, de Gilles Boileau, de l'Académie Françoife, frere de M. Boileau Defpreaux. Les réfléxions fur la nature & les caraçteres de l'églogue y font en petit nombre, & elles ne préfentent rien de plus que ce qu'on lit dans tous les écrits qui ont été compofés fur ce genre de pcë

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LA

POESIE

PASTORALE

fie. Cet Avis de Gilles Boileau parut ECRITSSUR pour la premiere fois en 1656. in-4°. à Paris. Je ne connois que cette édition, & la quatriéme qui a été procurée par M. de la Monnoye, qui inféra cet écrit dans le recueil dont je viens de parler, imprimé en 1714. à Paris fous le titre de la Haie.

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La lettre de François Ogier à M. Lenqueftz fur la premiére Eglogue de M. de Ségrais, & la réponse de celui-ci adreffée à M. Huet contiennent plus de réfléxions fur l'églogue en général que l'Avis à Ménage. Mais comme ces deux lettres concernent encore plus la premiere églogue de M. de Ségrais, je me réferve à vous en parler plus au long lorfque je toucherai l'article de cet illuftre Poëte. La lettre de M. Ogier eft du 6. Septembre 1655. & la réponse eft apparemment de la même année. On les trouve l'une & l'autre dans une édi tion des Eglogues de M. de Ségrais fai¬ te en 1661. dans celle qui a été publiée en 1733. in-8°. & dans le Ségraifiana.

On a augmenté l'édition des Eglo gues faite en 1733. de huit Réfléxions fur l'Eglogue, où l'Auteur pofe entre autres ces principes: Que l'on doit confidérer trois chofes dans l'Eglogue, fą

PASTORALE

matiere ou le fujet, la forme & les inECRITSSUR terlocuteurs: Que la matiere & la forLA AOESIE me en conftituë la nature, & que les interlocuteurs ne font, pour ainfi dire, que les inftrumens dont le Poëte fe fert pour éxécuter fon fujet : Que le but que le Poëte doit fe propofer, c'eft de plaire; & que pour plaire il faut fouftraire aux yeux du lecteur tout ce que la campagne peut avoir de groffier & de déréglé, toutes obcénités, toutes rusticités, tout emportement, fureur, violence, &c. L'Auteur blâme M. de Fontenelle d'avoir dit, que la poëfie paftorale ne doit rouler que fur l'amour; & le pere Rapin, d'avoir écrit qu'elle ne devoit parler que de ce qui regarde la campagne. Il donne quelques raifons de fa cenfure, que vous pouvés lire dans fes Réfléxions.

que

Je finis par le Difcours fur l'Eglogue M. Richer a publié dans un recueil de fes poëfies à la fuite de fa traduction des Epîtres choifies d'Ovide, à Paris, 1723. in-12. Ce difcours eft fort fuccinct, & je le trouverois même affés mal intitulé. M. Richer y dit à peine quelques mots de l'origine de l'Eglogue & de fon caractere. Il rapporte des exemples de quelques défauts qu'il

de ECRITSSUR

a cruappercevoir dans les Eglogues de Théocrite, de Virgile, de Racan, Ségrais, & de quelques autres; après quoi il difcoure fur les anciens & les modernes: Et voilà ce qui occupe plus de la moitié de ce petit écrit, où le but de l'Auteur, comme il le dit lui-même, eft de prouver qu'on ne doit point avoir pour les anciens un refpect fi aveugle qu'il nous ferme les yeux fur leurs négligences, ni auffi un mépris qui nous faffe éviter leurs tours & leurs penfées comme un écueil. Il fait fur cela de fort bonnes réfléxions.

CHAPITRE VIII,
Des Ecrits fur l'Elégie.

ELégie vient de deux mots Grecs,

LA POESIE
PASTORALE

L'ELEGIE.

Roll. hift. anc. t. 12. P.

qui fignifient dire, hélas ! ou de ECRITSSUR deux autres dont la fignification eft, dire des chofes touchantes. Cette forte de poëfie, dont on ignore l'inventeur, 46. 47. étoit destinée dans fa premiere inftitution aux gémiffemens & aux larmes ; elle ne s'occupa d'abord que de malheurs & d'infortunes: elle n'exprima d'autres fentimens, elle ne parla d'autre langage que celui de la douleur,

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