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les Indes de grandes Villes & entr'au tres Nyfa, à laquelle il donna ce nom en mémoire de la ville d'Egypte où il étoit né. C'est-là qu'il planta le lierre qui n'eft demeuré & qui ne croit encore aujourd'hui dans les Indes qu'aux environs de cette Ville. Il s'y exerça auffi à la chaffe des Eléphans. Enfin Ofiris fit dreffer des colonnes pour faire reffouvenir ces peuples des chofes qu'il leur avoit enfeignées, & il laiffa plufieurs autres marques de fon paffage favorable dans cette contrée: de forte que les Indiens qui le regardent comme un Dieu, prétendent qu'il eft originaire de leur pays. Delà il vint vifiter les autres nations de l'Afie. L'on dit même qu'il traverfa l'Hellefpont & qu'il aborda en Europe où il tua Licurgue Roi de Thrace qui s'oppofoit à fes deffeins. Il donna les Etats de ce Roi barbare à Maron qui étoit déja vieux, pour y maintenir les loix & les connoiflances qu'il leur avoit apportées comme aux autres nations. Il voulut même que Ma ron bâtit une ville dans ce pays, & qu'il l'appellât Maronée. Il lailla Macedon fon fils Roi de cette province. qui a pris le nom de Macédoine, &

il chargea Triptoleme de cultiver tout le territoire de l'Attique; en un mot parcourant toute la terre il répandit partout les mêmes bienfaits. Nous n'oublierons pas de dire ici qu'en faveur des peuples dont le terroir n'eft pas propre à la Vigne, il inventa une boiffon faite avec de l'orge & qui pour l'odeur & pour la force n'eft guére différente du vin. C'est ainsi qu'Ofiris laiffa fur toute fa route les fruits heureux de fa fageffe & de fa bonté. Revenu en Egypte il fit part à fes peuples d'une infinité de chofes curieufes & utiles qu'il rapportoit de fes longs voyages, & s'attira par tant de bienfaits le nom de Dieu & le culte qu'on rend aux Dieux. Ainfi ayant paffé de la terre au Ciel Ifis & Mercure lui firent des facrifices, & inftituérent des initiations avec des cérémonies fecrettes & myftérieufes en fon honneur.

XI.

Mort d'ofiris, & regne d'is. Hon

AU RESTE quoique les Prêtres euffent caché long-tems la mort d'Ofiris & la caufe de fa mort, elle fe divulgua à la fin. On dit donc qu'Ofiris dans neurs qu'elle le tems qu'il régnoit avec le plus moire de fon d'équité fut tué par fon frere Typhon époux. homme violent & injufte; & que ce

rend à la mé.

barbare partagea le corps de fon fre re mort en vingt-fix parties, qu'il di ftribua aux vingt-fix complices de fon parricide, afin de les engager par cette attestation sacrilége à foutenir l'in— justice de fon nouveau régne. Mais Ifis foeur & femme d'Ofiris aidée de fon fils Horus pourfuivit la vengeance de cet attentat, & ayant fait mourir Typhon & fes complices, elle monta elle-même fur le Trône. Il s'étoit auparavant donné un combat contre ce malheureux parti du côté de l'Arabie, près du village d'Antée, ainfi nommé d'Antée qu'Hercule y avoit tué du tems d'Ofiris. La victoi re étant demeurée à Ifis, elle y reccuvra toutes les parties du corps de fon mari, excepté celles que la pudeur défend de nommer. Pour cacher la maniére dont elle vouloit l'enfevelir, & rendre en même tems fon tombeau célébre & recommandable dans toute l'Egypte, on dit qu'elle eut recours à cette adreffe. Elle fit faire autant de figures de cire mêlées d'aromates & de la grandeur d'Ofiris, qu'elle avoit trouvé de parties de fon corps. Elle mit une de ces parties en chaque figure; & appellant chaque fociété de

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Prêtres en particulier, elle leur fit jurer qu'ils lui garderoient le fecret fur la confidence qu'elle alloit leur faire. Là-deflus elle affura chacune de ces fociétez qu'elle l'avoit préférée à toutes les autres pour être la dépofitaire du corps entier d'Ofiris ; qu'ainfi c'étoit à eux à le porter dans le lieu qu'ils deffervoient & à fe charger de fon culte. Elle enjoignit enfuite à chacune d'elles de choisir un animal tel qu'ils voudroient, qui reprefenteroit Ôfiris; auquel on rendroit pendant fa vie les mêmes refpects qu'à Ofiris & qu'on enfeveliroit après la mort avec les mêmes honneufs. Ifis voulant engager les Prêtres par des bienfaits extraordinaires à executer fidellement fes intentions, leur donna en propre le tiers de l'Egypte,pour leur entretien & pour les frais des facrifices. Les Prêtres perfuadez par les difcours & par les dons d'Ifis, & fe reffouvenant des biens qu'ils avoient reçûs d'Ofiris même, firent tout ce que la Reine fouhaitoit. C'eft pourquoi chaque fociété Sacerdotale fe vante jufqu'à ce jour d'avoir le corps d'Ofiris, nourrit un animal facré en fa mémoire, & renouvelle les funerailles de ce Prin

XII. Mort d'Ifis.

divins.

ce à la mort de cet animal. Cependant les Taureaux facrez & furtout les deux qui s'appellent Apis & Mnevis font particulièrement en vénération chez les Egyptiens; parce que ces animaux ont fervi plus que tous les autrés à celui qu'ils croyent avoir trouvé l'ufage du blé, & à tous ceux qui ont perfectionné l'agriculture.

ON DIT qu'Ifis fit un vœu folemOn lui rend nel de garder à la mémoire de fon les honneurs époux la fidélité qu'elle avoit gardée à fa perfonne pendant fa vie. Elle acheva un régne heureux par les loix qu'elle fit obferver & par les bienfaits dont elle combla fes peuples. Après la mort, elle participa aux honneurs divins, & fon corps fut enfeveli à Memphis où l'on montre encore la clôture de fon tombeau dans un temple de Vulcain. D'autres foutiennent pourtant que les corps de ces deux divinitez ne font point à Memphis, mais qu'ils ont été pofez dans une Ifle du Nil, fituée auprès des montagnes qui féparent l'Ethiopie de l'Egypte entre des rochers qu'on appelle Phyles ; & que pour cette raifon l'Ife même s'appelle le Champ Sacré. Ils apportent pour preuve de ce qu'ils

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