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chine appellée Cochlea, inventée par notre fameux Archimede; il n'eft pas furprenant que le Delta produise toutes fortes de grains & de fruits. Les mêmes eaux coulant encore plus doucement & féjournant encore plus long-tems dans les lieux bas y forment des étangs dont le fond eft rempli de toutes fortes de femences. En effet on y trouve des efpéces trèsparticuliéres de racines, de plantes, & d'herbages. Les indigens & tous ceux qui ne peuvent gagner leur vie y ont recours, & elles fourniffent de plus des repas variez & même délicieux. On fait du Lotos qui y croit en abondance une forte de pain qui fuffiroit feul pour la nourriture de l'homme, & le Ciborion produit la fêve d'Egypte qui eft un manger d'un goût exquis. On voit auffi dans le Delta des arbres fans nombre; les uns s'appellent Perfiques, dont le fruit eft excellent & qui ont été apportez de l'Ethiopie dans l'Egypte au tems de l'expédition de Cambyfe : les autres fe nomment Sicanins, & por tent des mûres ou des figues prefque toute l'année, les pauvres y trouvent une ressource perpétuelle. Il y a une

autre espèce de fruit appellé Bate, que le fleuve laiffe dans la campagne en fe retirant & qu'on mange à la fin des repas à caufe de fon extrême douceur. Les Egyptiens font auffi de la Biere. Ils fe fervent pour leurs lampes de l'huile d'une certaine plante appellée Cici: Enfin l'Egypte produit une infinité d'autres chofes qui fatisfont à tous les befoins de la vie, & dont il eft impoffible de faire ici l'énumération.

Animaux

P'Hippopota

LE NIL nourrit plufieurs animaux XX, de formes très-différentes; mais il y du Nil: le en a deux principaux, le Crocodile & Crocodile, l'Hippopotame ou Cheval du fleuve. me, FichneuLe Crocodile de très-petit qu'il eft man, &c. d'abord devient très-grand; car l'œuf qui le produit eft à-peu-près femblable à celui d'une Oye; & quand l'animal en eft forti, il croît jusqu'à feize coudées; il vit plus que l'homme; il n'a point de langue. La nature a muni fon corps de défenses merveilleuses: car il eft couvert d'écailles extroardinairement fortes. Il a plufieurs dents des deux côtez de la gueule; mais il en a deux qui en fortent & qui font beaucoup plus grandes que les autres. Il devore non

feulement les hommes; mais encore tous les animaux qui viennent trop près du fleuve: il fait des morfures profondes & cruelles: il déchire même fa proye avec les griffes & la chair que fa dent ou fon ongle ont une fois touchée ne se rétablit jamais, Les Egyptiens alloient autrefois à la chaffe ou plûtôt à la pêche de ce monftre avec de forts hameçons garnis de chair de porc : maintenant ils les prennent dans de gros filers comme les autres poiffons, & les tuent de dedans leurs barques en les frappant fur la tête avec des crampons de fer,

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Il y en a une multitude étonnante le long du fleuve & des étangs voisins parce qu'ils multiplient beaucoup & qu'on ne les tue que fort rarement, Quelques-uns des habitans de l'Egypte les regardent comme des Dieux, & d'autres plaignent la peine qu'on a à les prendre parce qu'ils ne valent rien à manger. Cependant la Nature a donné aux hommes un fecours contre la multiplication de cet animal qui feroit exceffive. C'eft l'Ichneumon, autre animal de la groffeur d'un petit chien qui cherche fans ceffe les œufs des Crocodiles pour les caffer;

&

& ce qu'il y a de merveilleux; c'est qu'il ne les mange point & paroît ainfi condamné par la nature à un travail qui n'eft utile qu'à l'homme, L'Hippopotame ou cheval du fleuve n'a pas moins de cinq coudées de long, il a quatre pieds & l'ongle fendu com me le bœuf. De chaque côté de sa gueule font trois défenses, plus grandes que celles des fangliers. Il a les oreilles, la queue & le hanniffement du cheval; mais la forme entiére de fon corps différe peu de celle de l'Eléphant: fa peau eft plus dure que celle d'aucun animal que ce foit. Comme il est amphibie, il paffe le jour au fond des eaux où il fait toutes fortes de tours & de mouvemens ; & la nuit il va dans les campagnes voifines où il mange les blez & les foins: de forte que fi fon efpéce étoit plus féconde qu'elle ne l'eft, & que fa fémelle portât tous les ans, cet animal feroit de très-grands ravages dans les campagnes. On a auffi la maniére de le tuer & de le prendre. Quand il en paroit un, les pêcheurs l'environnent avec plufieurs barques & après l'avoir bleffe avec quelque inftrument de fer, on trouve moyen de le tirer avec une Tome 1,

D

XXI,

le Nil procu

corde au bout de laquelle on lui laisse perdre tout fon fang par les efforts qu'il fait pour s'en dégager. Sa chair eft extrêmement dure & difficile à cuire; mais il faut jetter abfolument toutes les entrailles dont on ne fçauroit manger, Outre les animaux dont nous venons de parler, le Nil enferme dans fes eaux un nombre incroyable d'autres poiffons; & fournit à toute l'Egypte non-feulement de ceux qui font excellens à manger frais mais beaucoup plus encore de ceux qui fe confervent dans la faumure.

CE FLEUVE eft fans contredit celui Fertilité que de tous les fleuves de la terre dont re à l'Egypte. le voifinage eft le plus avantageux, Car commençant fon débordement au folftice d'Eté il croit jufqu'à l'é¬ quinoxe d'Automne. Ses eaux fe répandent d'abord fur toutes fortes de terres & de plans: mais comme leur crue fe fait avec beaucoup de douceur; les laboureurs les détournent les reçoivent & les laiffent féjourner fur leurs champs autant qu'ils veu lent, par le moyen de quelques élé¬ vations de terre qu'ils abbattent en¬ fuite quand ils le jugent à propos. Çes avantages naturels abrégent tel

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