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de cet Historien. Le malheur qui nous a fait perdre les cinq fuivans, fans parler des vingt derniers, fait en quelque forte de ces cinq premiers Livres un corps à part & complet en foi. Mais la nature des faits, le ton même de la narration, les diftinguent encore plus de ceux qui les fuivent, que le hazard d'une lacune qui les a féparez d'eux.

Il s'agit dans ces cinq Livres des tems qui ont précédé la guerre de Troye. L'Auteur dit lui-même dans fa Préface qu'il ne s'est attaché à aucune chronologie par rapport à ces tems-là quoique dans tout le refte de fon Hiftoire il fuive année par année les Archontes d'Athénes les Olympiades, & les faftes Confulaires, avec une attention qui lui eft propre & qui a été approuvée de tous les Sçavans. En effet à quel fyftême de chronologie peut-on fe fixer à l'égard de l'origine du monde rapportée fuivant les traditions de divers peu

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ples, qui ignorant malheureusement la feule qui fut vraie, se font égarez en imaginations abfurdes, à les confidérer même comme fables. Diodore paffant de-là aux antiquitez des Nations particuliéres, commence par celles des Barbares & continue par celles des Grecs.

Celles des Barbares mériteroient à peine le nom de Mythologie; fi les Grecs Auteurs de ce terme, n'avoient mis quoique fauffement au nombre de leurs Dieux ou de leurs Ancêtres une infinité de perfonnages qui leur étoient étrangers. Entre les Barbares les Egyptiens fe présentent les premiers. C'est ce peuple fameux, à l'égard duquel le terme de Barbare fignifie feulement qu'il n'étoit pas Grec; puisque c'est à eux que les Grecs mémes ont dû leurs fciences & par conféquent leur politeffe. L'Auteur fait un détail intereffant des Dieux de l'Egypte, de fes Rois, de fa Religion, de fes mœurs, de la fertilité du

pays procurée par le Nil, dont il donne une description étendue qu'on peut regarder comme une Histoire naturelle de ce fleuve.

Il paffe dans le fecond Livre à l'Empire des Affyriens. On apperçoit dans les Rois de cette monarchie un pouvoir fans bornes & des richelles immenfes, qui les ont conduits comme Semiramis à des entreprises téméraires ; ou qui les ont plongez dans une molleffe où leur Empire même a trouvé fa fin dans la perfonne de Sardanapale. Ce fut là le paffage de la puiffance des Affyriens à celle des Médes. Avant que de fortir du second Livre l'Auteur va jufqu'aux Indes d'où il revient par la Scythie, animant toujours la description des lieux par l'Hiftoire des origines, & furtout les faits par les mœurs. On commence là à connoître les plus célébres Amazones qui font celles de l'Afie; mais qu'on verra bien-tôt n'être pas les feules. On trouve enfin dans ce mê

me Livre une defcription de l'Arabie dont les productions merveilleufes femblent avoir infpiré à l'Auteur une éloquence particuliére.

Dans le troifiéme Livre il s'agit des Ethiopiens, qui entre les vrais Barbares montroient quelque forme de gouvernement & quelque apparence de culture d'efprit. Mais parcourant enfuite les rivages ou de l'Afrique ou de l'Afie, on ne trouve que des peuples qui ne font diftinguez les uns des autres, & qui ne méritent de l'être, que par le genre de leur nourriture. En entrant dans l'intérieur de l'Arabie on en rencontre d'autres qui jaloux d'une liberté fauvage n'ont aucune demeure fixe. Les uns & les autres nous font voir que l'homme dénué d'éducation, d'inftruction, de communication avec les autres hommes, n'eft guéres fupérieur aux animaux, & ne le devient qu'en acquérant ce qu'il eft feul capable d'acquétir par le moyen de la fociété. Le mê

me troifiéme Livre nous méne auffi dans l'Afrique où nous découvrons d'autres Amazones que l'Auteur croit plus anciennes que les premiéres ; & qui demeurérent victorieuses des Gorgones autres femmes guerriéres comme elles. Mais ce que l'Afrique a de particulier eft que parmi bien des peuples auffi fauvages qu'aucun autre que nous ayons vû jusqu'ici; l'Afrique dans fa partie Septentrionale, la feule que Diodore connut, nous préfente à fon extrêmité Occidentale & la plus éloignée de l'Egypte & de la Gréce, un peuple diftingué, qui par le fejour d'Uranus & d'Atlas eft devenu un exemple d'innocence & d'hofpitalité, la fource même des connoiffances aftronomiques, ou du moins l'origine de la plupart des noms que les Grecs ont donnez au Ciel & aux corps Céleftes.

Quoique l'existence de ces Empires: & de plufieurs de ces peuples foit un fait historique avéré par les témoi

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