Imágenes de páginas
PDF
EPUB

DES ESSAIS
DE MORALE.

TOME TROISIEME

DE LA PREMIERE PARTIE.

Contenant des

REFLEXIONS MORALES

SUR LES

EPITRES ET EVANGILES,

Depuis le Samedi de la troifiéme femaine de
Carême jusqu'au Dimanche de
l'octave de Paques.

[blocks in formation]

Chez ADRIAN MOETJENS,
Marchand Libraire. M. DC.LXXXIX.

DES ESSAIS DE MORALE.

SUR L'EVANGILE DUSA MEDI

DE LA III. SEMAINE DE CAREME.

Perrexit Jesus in montem Oliveti... Adducunt autem Scribæ & Pharifæi mulierem in adulterio deprehenfam, &c. Joan. 8. 1. II.

Les Docteurs de la Loi les Pharifiens amenérent à JEsus une femme qui avoit été prife en adultére.

I.

Et Evangile répréfente une action digne de la charité & de la douceur de JESUS-CHRIST envers une femme adultére, accompagnée d'une prudence

admirable; par laquelle il confondit les Pharifiens qui la lui avoient présentée. Il

A 2

n'étoit

17.

n'étoit pas convenable que JESUS-CHRIST, qui n'étoit point venu, comme il le difoit Iean 3. lui-même, pour condamner le monde, mais pour le fauver, livrât par fon jugement cette femme à la mort. Il ne vouloit pas auffi donner lieu aux Pharifiens de publier qu'il aboliffoit la loi de Moyfe, quoi qu'il eût le pouvoir d'en difpenfer, étant le maître de cette loi. Il ufa donc d'un tempérament, qui fut de ne rien dire précisément fur la queftion que les Pharifiens lui faifoient, s'il fa loit lapider cette femme, comme la loi l'ordonnoit. Il fit femblant d'avoir l'efprit occupé à écrire fur la terre, & ne leur répondit rien. Quand des gens nous interrogent avec mauvaise intention & fans voir, il eft permis, non de les tromper par des équivoques, mais d'éluder leur demande en ne leur répondant point : & c'eft l'exemple que JESUS-CHRIST nous a donné en certe occafion.

I I.

pou

Les Pharifiens infiftant, il les mit en defordre par une réponse pleine de fageffe, qui ne leur donnoit point lieu de l'acccufer de violer la loi, qui étoit ce qu'ils prétendoient, & qui ne leur donnoit point auffi occafion de lapider cette femme; à quoi ils étoient portez par le defir de le fignaler par .7un faux zéle pour la loi. Que celui, dit-il, d'entre vous qui eft fans péché, lui jette la

pre

[ocr errors]

༧.9.

JESUS

V. 10.

premiére pierre. Les Pharifiens donc ne fachant que conclure de cette réponse, s'en allérent les uns aprés les autres, CHRIST, qui demeura feul avec cette femme, lui ayant demandé s'ils l'avoient condamnée, comme elle lui cut répondu que non, il lui dit, qu'il ne la condamnoit & 11. pas auffi, qu'elle s'en allât, & qu'elle ne péchåt plus. C'eft le divin artifice par lequel il lui fauva la vie fans donner prife à la malice de fes ennemis. Et il ne faut pas douter que fi nous avions le cœur pur & dégagé de toute paffion, l'efprit de Dieu ne nous fournit fouvent auffi des tempéramens & des voies pour conferver la verité, la juftice & toutes les vertus, fans choquer les hommes. C'eft pour l'ordinaire la précipitation des paffions qui fe mélent dans nos actions, qui fait que pour conferver une vertu, nous en choquons une autre, & que l'on manque ou à la vérité, ou à la charité.

1 I I I.

Cette parole de J. C. Que celui d'entre vous qui eft fans péché, lui jette la premiére pierre, doit être bien entenduë. Elle ne fignifie pas que celui qui eft pécheur, perde abfolument le droit de punir les pécheurs. Un Juge, un pére, un Roi, un maître, peuvent punir ceux qui leur font foumis, quoi qu'ils fe reconnoiflent eux-mêmes pécheurs. Mais elle fignifie qu'ils ne le doi

A 3

.vent

« AnteriorContinuar »