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çante, fur la Prefqu'île de ce nom, qu'ils fuppofoient être la Cherfonèfe d'or de Ptolemée. Le bruit en vint aux oreilles de leur entreprenant Souverain, Emmanuel, qui conçut tout de fuite le projet de profiter des grands avantages que ce pays célèbre offroit à fon ambition. Il fit équiper une efcadre de quatre vaiffeaux, fous le commandement de Diogo Lopez Sequeira, qui

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mit à la voile de Lisbonne, le 8 Avril 1508, 1508. avec ordre de vifiter ces parties orientales de l'Afie, & d'y établir des relations. ́Après avoir touché à Madagascar, Sequeira aborda à Cochin, où son escadre fut augmentée d'un vaisseau, & en étant parti le 8 Septembre 1509, il fit voile vers Malacca; mais ayant doublé le dernier cap de Sumatra, alors appelée Taprobane, il jeta l'ancre

Pedir (1), un des principaux ports de cette

(1) Pedir & Pafay étoient anciennement les places les plus importantes de cette partie de Sumatra. La puillance de la première, qui avoit été prédominante, commençoit à décliner dans le temps des découvertes des Portugais, & celle de Pafay, à gagner le deffus. De Barros. Il eft fait mention de Pedir dans Louis Vartomanus, qui écrivoit quelques années auparavant, & qui avoit lui-même vifité cette Ville en 1504. Les Ecrivains que j'ai principalement fuivis pour ces temps reculés de l'Hiftoire d'Acheen, font De Barros & Oforius.

1509%

fle, où il trouva des navires du Pegu, du Bengale & d'autres contrées. Le Roi de Pedir, qui, comme les autres Princes Mahometans, prenoit le titre de Sultan, lui envoya une députation, avec des rafraîchiffemens, en s'excufant de ce qu'il ne venoit pas en perfonne lui faire fes complimens, parce qu'il étoit malade; & l'affurant en même temps qu'il feroit enchanté de faire amitié & alliance avec les Portugais, dont la renommée étoit parvenue jufqu'à lui. Sequeira répondit à ce meffage d'une manière fatisfaifante, & du confentement du Sultan, il fit élever fur le rivage une croix, comme un monument de leur amitié, ou plutôt comme un témoignage de la découverte & de la prife de poffeffion, felon l'ufage des Nations Européennes. Il fut reçu de la même manière à Pafay, environ vingt lieues à l'oueft de Pedir fur la même côte, & il y éleva auffi un monument. Ayant pris dans chacun de ces ports autant de poivre qu'il put s'en procurer dans un court efpace temps, il fe hâta d'aller à Malacca, où la nouvelle de fon apparition dans ces mers avoit précédé fon arrivée. Là il fut fur le point d'être facrifié à la politique infidieufe de Mahumad, Roi du pays, auquel les Portugais avoient été représentés par les marchands Arabes & Perfans, & fans doute avec quelque raison, comme des pirates fans loix, qui, fous prétexte de faire

de

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des traités de commerce, avoient d'abord ruiné
par leurs rapines, enfuite rendu efclaves, avec une
infolence digne des brigands, les Princes qui
avoient été affez foibles pour fe confier à eux,
ou pour
leur accorder de s'établir fur leurs terres.
Sequeira échappa néanmoins aux embuches qu'on
lui tendoit; mais il perdit plufieurs de fes gens,
dont les uns furent tués, les autres pris: il re-
tourna donc en Europe, & fit part à fon Roi de
ce qui lui étoit arrivé.

quence,

le 2

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En 1510, une autre escadre fut envoyée, fous le commandement de Diogo Mendez, pour établir les Portugais à Malacca; mais Alfonfo d'Alboquerque, leur Gouverneur Général dans l'Inde, jugea à propos de retenir cette efcadre fur la côte du Malabar, jufqu'à ce qu'il pât s'y préfenter luimême avec de plus grandes forces; & en conféde Mai 1511, il mit à la voile de 1511. Cochin, avec dix-neuf vaiffeaux & quatorze cens hommes. Il toucha à Pedir, où il trouva quelques Portugais qui s'étoient fauvés de Malacca dans un bateau, & qui étoient venus chercher un refuge à Sumatra. Ils rapportèrent qu'étant arrivés à Pafay, ils avoient été maltraités par les Naturels, qui avoient tué un de leurs camarades, & les avoient obligés de fe réfugier à Pedir, où ils avoient été reçus avec hofpitalité & avec bonté par le Roi, qui fembloit défirer de s'at

tirer l'eftime de leur Nation. Alboquerque témoígna au Sultan fa gratitude pour cette marque d'amitié, & renouvella avec lui l'alliance qui avoit été conclue par Sequeira. Il alla enfuite à Pasay, dont le Roi tâcha de s'excufer de l'outrage commis contre les Portugais fugitifs; mais comme il ne pouvoit s'arrêter pour en avoir raison, il cacha fon reffentiment. En allant à Malacca, il rencontra une grande Jonque, ou vaiffeau du pays, qu'il attaqua, & voulut aborder; mais P'ennemi lui lança une fi grande quantité de matières enflammées, qu'il fe défifta de fon deffein, voyant fon propre vaiffeau fur le point d'être embrafé, & il fe contenta de le canonner de loin; jufqu'à ce que la Jonque ayant perdu quarante hommes, Alboquerque, admirant la bravoure de fes intrépides défenfeurs, leur cria que s'ils vou loient mettre bas les armes, & fe reconnoître fujets des Portugais, il les traiteroit comme amis, & les prendroit fous fa protection. L'offre fut acceptée, & le vaillant Commandant de la Jonque se fit connoître au Gouverneur pour Geinal (1), le légitime héritier du royaume de Pasay, ajoutant que le Roi actuel étoit un ufurpateur, qui profitant de fa minorité, s'étoit emparé de la

(1) Ou Zeinal, felon Oforius

DE SUM AT R A.
SUMATRA.

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couronne, avec d'autant plus de facilité qu'il étoit
Régent; qu'il avoit tenté de rentrer dans fes droits,
mais qu'il avoit été vaincu dans deux batail-
les, & que lorfqu'il l'avoit rencontré, il alloit,
avec ceux qui vouloient bien fuivre fa fortune,
à l'île de Java, dont plufieurs Princes étoient
fes
parens, efpérant que par leurs fecours il
pour-
roit rentrer en poffeffion de fon royaume. Albo-
querque lui promit de remplir fes défirs fur cet
objet, & l'engagea de l'accompagner à Malacca,
où ils arrivèrent le premier Juillet de 1511.

Dans l'intention de fauver la vie aux prisonniers Portugais, &, s'il étoit poffible, de les ravoir, Alboquerque entama une négociation avec le Roi de Malacca, avant d'en venir aux mains; mais Geinal crut que c'étoit un effet de la crainte, & renonçant à l'amitié des Portugais, if paffa pendant la nuit chez le Monarque Malais, dont la protection lui parut plus avantageufe. Lorfque Alboquerque fe fut rendu maître de la place, après une vigoureuse résistance, le Prince de Pasay, reconnoiffant fon erreur, revint aut Gouverneur, fe jeta à fes pieds, avoua sa faute, & implora fon pardon, qui lui fut accordé. Néanmoins il fembloit douter encore d'une fincère réconciliation & d'un entier oubli du paffé, & voyant qu'on ne prenoit point de mesures pour le rétablir dans fon royaume, mais qu'au con

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