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Après J. C.

khan

Ten-gli- envoya en Tartarie l'Eunuque Lieou-tcing-tan, mais Sfetchao-y avoit déja prévenu le Khan contre le nouvel Empereur, & les Hoei ke ne paroiffoient pas difpofés à fournir des troupes aux Chinois; ils prétextoient que l'Empereur étoit mort & que la Dynaftie regnante étoit détruite. Lieou-tcing-tan leur apprit que Tai-tçong qui avoit fervi autrefois dans les armées avec les Hoei-ke étoit parvenu à l'Empire, & que c'étoit lui qui recherchoit leur alliance, qu'ils devoient d'autant plus l'aider à dompter les rebelles, qu'ils avoient reçu autrefois beaucoup de préfens de lui. Les Hoei-ke qui n'étoient conduits que par des vûes intéreffées mirent fur pied une armée de cent mille hommes, & s'approcherent de la Chine, refolus de fe décider pour ou contre les Chinois, felon les circonftances & la fituation dans lesquelles ils les trouveroient: ils pafferent proche plufieurs villes qu'ils trouverent abandonnées, ce fut pour eux un prétexte de méprifer les Chinois & d'infulter leur ambaffadeur. Lieou-tcing-tan donna avis à l'Empereur de leur arrivée & de tout ce qui fe paffoit. Cette nouvelle jetta la confternation à la Cour. On ignoroit le deffein des Hoei-ke & on ne fçavoit fur quel pied les recevoir. L'Empereur envoya au devant du grand Khan un Officier, moins pour le complimenter que pour obferver fes démarches. Le Khan avoit époufé une fille d'Hoai-gneng de la Horde des Pou-kou qui commandoit depuis long-tems les armées Chinoifes il demanda une conférence avec cet Officier, elle fut avantageufe aux Chinois. Hoai-gneng le détermina en faveur de l'Empereur. Les Hoei-ke vouloient entrer par Poukouon, paffer par Cha-yuen & fe rendre de-là dans l'Orient. Tfe-gang qui avoit été envoyé au devant d'eux, leur repréfenta que toutes les villes qui étoient fur cette route ayant été ravagées par les rebelles, on n'y trouvoit point de magazins; qu'il valloit beaucoup mieux tourner du côté de Tcing-king (a) afin de s'emparer en chemin des villes de Hing-tcheou (b), de Goei-tcheou (c) & de plufieurs (a) Elle porte le même nom & dépend de Tchin-ting-fou dans le Percheli. (b) Aujourd'hui Chun te-fou dans le Percheli.

(c) Aujourd'hui Goci kiun-fou dans le Honan.

autres

Après J. Ca

autres dans lesquelles il y avoit de vivres en abondance; il propofa plufieurs autres partis que les Hoei-ke ne vou- Teng-lilurent point écouter, & ils fe déterminerent pour le moins khan. fage, c'étoit celui de confommer tous les vivres qui étoient à Tay-yuen, & de rassembler pendant la route plusieurs corps de troupes.

que

L'Empereur de la Chine donna le commandement de toutes les armées au Roi de Yong fon fils, appellé Li-co; il nomma un grand nombre de Généraux pour commander fous fes ordres. Le grand Khan étoit venu camper à Chen-tcheou dans le Honan, & c'eft dans cette ville le généraliffime de l'armée le vint faluer: la maniere dont il le fit ne parut point affez refpectueufe au grand_Khan qui s'en plaignit. Tfe-gang lui répondit que ce Prince étant encore en deuil, il ne pouvoit s'acquitter de la foumiffion qu'il exigeoit de lui. Alors les Hoei-ke voyant que les Chinois n'étoient pas dans le dessein de céder,fe faifirent de Tfe-gang & de plufieurs autres Officiers qu'ils firent fouetter fi cruellement, que plufieurs en moururent. Les Chinois fe retirerent auffi-tôt & voulurent faire main-basse fur les Hoei-ke; mais le befoin qul'ils avoient de ces barbares leur fit prendre le parti de la modération : toutes ces troupes fe réunirent & fe rangerent en bataille pour combattre ; Sfe-tchao-y, Hoai-gneng & le Cha (a) de l'Orient étoient à l'avant-garde, le rebelle voulut les débaucher; mais les Hoei-ke envoyerent fes émiffaires à l'Empereur & marcherent à l'ennemi. Sfe-tchao-y fut battu fur le bord du fleuve Hoam, & on reprit Lo-yam. Après cette victoire le grand Khan envoya féliciter l'Empereur de la Chine & lui offrit les étendarts & le butin qu'il avoit pris. Il alla camper à Ho-yam proche Hoai-king-fou, & le Généraliffime fe retira à Lim-pao,pendant que Hoai-gnengpourfuivoit Sfetchao-y; ce rebelle fut pris & eut la tête tranchée. Alors tous les pays qui étoient au nord du Hoam rentrerent fous la domination de l'Empereur. Les Hoei-ke refterent campés pendant trois mois à Ho-yam où ils firent beaucoup de

(4) C'eft une grande charge de l'Empire des Hoei-ke qui peut répondre à celle de Vice-Roi. Tome I.

C

Après J. C. Teng-likhan.

L'an 763.

L'an 764.

Kam-me.

Lie-tai-ki

fu.
Ven-bien-

tum-kao.

L'an 765.

défordres; ils pillerent Lo-yam & mirent le feu à deux temples de Fo, où plus de dix mille hommes s'étoient retirés, ils commirent plufieurs autres excès contre les Officiers Chinois,ils faifoient dans l'Empire plus de dégat que les rebelles, & obligeoient plufieurs Chinois à fe revolter contre l'Empereur. Le grand Khan, après s'être abouché avec Hoai-gneng, reprit la route de Ta-yuen-fou dans le Chanfi & s'en retourna en Tartarie. L'Empereur ferma les yeux fur toute la conduite qu'il avoit tenue à la Chine, & envoya en Tartarie un de fes Officiers pour donner de nouveaux titres à ce Khan (a).

:

fut

Hoai-gneng que nous avons dit être un Hoei - ke qui étoit depuis long-tems au fervice de l'Empereur de la Chine, après avoir rendu de grands fervices à cet Empire, changea tout d'un coup de fentiment & fongea à fe revolter. Il voulut s'emparer de quelques poftes, mais il en chaffé. Il repaffa alors en Tartarie, où il raffembla les Hoei-ke & les Toufans ou Tibetans, & vint enfuite avec une armée de cent mille hommes à la Chine du côté de Si-gan-fou l'armée Chinoife qui étoit commandée par Kou-tfe-y l'empêcha de pénétrer plus avant. Les Tibetans allerent prendre Pim - leam-fou; l'année suivante Hoai-gneng, avec un plus grand nombre de troupes de tous les barbares voifins, tant du nord que de l'occident, auxquels il en avoit impofé, entra dans le Chanfi par différens côtés; mais fa mort qui arriva dans le même-tems mit la division parmi tous les barbares. Le Général Chinois nommé Kou-tfe-y fit propofer secretement aux Hoeike de fe joindre à lui pour battre les Tibetans: Yo-ko-lo qui commandoit l'armée des Hoei-ke eut avec lui une conférence, Ko-tse-y reprocha aux Hoei-ke d'avoir oublié en fi peu de tems tous les bienfaits qu'ils avoient reçu des Chinois, & d'avoir pris le parti d'un rebelle. Il leur repréfenta que les Tibetans avoient des richeffes innombrables, & qu'il ne tenoit qu'à eux de s'en emparer s'ils

(a) Il lui donna le titre de Kie-tou-teng-li-ko-tcho-mi-to-ho-kiu-lou ing-y-kienkum pi-kia khan, à l'Impératrice celui de Kuam-tcin-li-hoa-pi-kia-khatoun & à fes principaux Officiers le titre de Roi.

vouloient se déclarer pour les Chinois. Les Hoei-ke qui Après J. C. n'entreprenoient la guerre que pour piller, trouvant un Teng-liavantage plus grand à trahir leurs alliés, traiterent avec khan. les Chinois; alors Kou-tse-y prit un vafe de vin dont il arrofa la terre en fouhaitant des millions d'années à l'Empereur de la Chine, au grand Khan & aux Généraux des deux armées, & toutes fortes de maledictions à ceux qui enfreindroient ce traité; le Général Hoei-ke fit de même, & fes Prêtres approuverent ce ferment. Auffi-tôt que les Tibetans eurent été informés de ce traité, ils prirent la fuite pendant la nuit, les Hoei-ke & les Chinois les pourfuivirent: on les battit à Lim-tai, là on leur prit & on tua environ dix mille hommes; on leur enleva en mêmetems tout leur butin.

Lie-tai-ki

tum-kao.

Les Hoei-ke qui venoient d'abandonner ainfi leurs al- L'an 768. liés, parce que leur intérêt qui faifoit la feule regle de Kam-me. leur conduite les y portoit, n'en étoient pas devenus plus fu. fidéles aux Chinois, & ne cherchoient que l'occafion de Ven-bienrompre la paix. La Khatoun, c'est ainsi que l'on appelloit la femme du grand Khan, étant venue à mourir, l'Empereur de la Chine, que la fituation de fes affaires & la crainte que les Chinois ont eu de tout tems des peuples de la Tartarie, obligeoient à ménager ces peuples, envoya au grand Khan un de fes principaux Officiers pour lui faire les compliments ordinaires fur la mort de la Princeffe. Les Hoei-ke, plus avides d'or que de ces vaines formalités, fe plaignirent à l'ambaffadeur de ce que les fervices qu'ils avoient rendus aux Chinois, non - feulement n'étoient pas recompenfés; mais encore de ce que l'on n'avoit pas pavé un grand nombre de chevaux que l'on avoit fait venir de Tartarie : l'ambaffadeur Chinois repro'cha au grand Khan d'avoir fourni des fecours à Hoaigneng, d'être venu avec les Tibetans ravager les frontieres, & d'avoir été le premier à enfreindre les traités. Les Chinois dans ces fortes d'occafions faifoient valoir la moindre grace, ils voulurent faire paffer la paix qu'ils. vencient de figner comme une grande récompenfe pour les Horike. Mais ces mécontentemens qui auroient pû faire naitre

Après J.C. Teng-likhan.

L'an 769.

Lie-tai ki

Su.
Kam-mo.
Ven-bien-
tum-kao.

y

une nouvelle guerre, n'eurent aucune fuite, le grand Khan ne les faifoit paroître que pour tirer des préfens, & l'Empereur de la Chine qui avoit befoin de la paix, diffimuloit & prodiguoit fes tréfors. Enfuite le Khan fit demander en mariage la fille de Hoai-gneng, l'Empereur oubliant la revolte de cet Officier, & uniquement touché des fervices qu'il en avoit reçus, adopta cette Princesse Tam-chou. & l'envoya au Khan. Ce fut encore une occafion pour les Hoei-ke de vouloir exiger le payement de leurs chevaux & l'exécution des traités qu'ils avoient plus violé que les Chinois. Leurs ambassadeurs qui étoient à la Chine exercerent en même-tems des violences que l'Empereur n'auroit pas dû fouffrir; ils entrerent dans quelques temples de Foqu'ils pillerent, & y enleverent une troupe de jeunes L'an 772. gens que l'Empereur n'ofa leur redemander. C'étoit ainfi que ces Tartares follicitoient depuis long-tems la paix & la liberté du commerce que les Chinois ne vouloient point leur accorder, mais qu'ils n'ofoient leur refufer. La foiblef fe où se trouvoit l'Empire autorifoit les Hoei-ke à mettre L'an 775. leurs chevaux à un très-haut prix ; la plûpart de ceux qu'ils amenoient étoient maigres & incapables de fervir; les Officiers Chinois, chargés de veiller fur ce commerce, les rejettoient; mais l'Empereur leur ordonnoit de les recevoir. Les Hoei-ke tirerent de-là un profit immenfe & s'appercevant combien on les redoutoit à la Cour de l'Empereur, ils ne tarderent pas à reprendre les armes, & vinrent faire des courfes du côté de Ning-hia, pendant que les Tibetans, dont la puiffance augmentoit tous les jours, étoient entrés dans la partie occidentale du Chenfi. Les Hoei - ke furent battus & obligés de fe fauver en défordre.

L'an 778.

Dans la fuite ils rentrerent dans le Chanfi du côté de Ta-yuen: les Chinois qui n'oferent aller à leur rencontre, propoferent de faire conftruire quelques forteresses pour les enfermer; mais on rejetta cet avis, un des Généraux marcha contre eux, & fut battu ; les Hoei-ke fe repandirent alors dans tout le pays, & y firent de grands ravages, jufqu'à ce que le commandant de Tai-tcheou les deffit & les contraignit de s'en retourner.

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