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Après J. C.

L'an 780.

Jufqu'alors les Hoei-ke avoient toujours vêcu avec beaucoup de fimplicité comme tous les Tartares, on n'a- Teng-livoit remarqué aucune différence entre le Prince & le fu- khan. jet, & ils avoient été fort unis entre eux; mais depuis que le commerce avec la Chine & furtout les préfens confidérables qu'ils en retiroient, leur eurent fait connoître le luxe, le grand Khan Teng-li commença à abandonner ces mœurs antiques; il chercha à rendre Sa Majefté refpectable par l'éclat de l'or; il bâtit de magnifiques palais & donna à fes femmes de fuperbes habits. Dans le tems que tous fes fujets lui repréfentoient que la mort de l'Empereur Tai-tçong qui venoit d'arriver, lui offroit une occafion favorable d'entrer dans la Chine, & qu'il faifoit tous les préparatifs néceffaires pour cette expédition un de fes principaux Officiers nommé Tun-mo-ho voulut arrêter les progrès du luxe, il blâma la conduite du grand Khan; mais il ne fut point écouté. Alors Tun-mo-ho raffembla ceux des Hoei-ke auxquels cette expédition déplaisoit, il marcha contre le grand Khan & le tua; il prit lui-même ce titre, & fe fit appeller Ho-ko-tou-lou-pi-kia-khan. Il fit Pi-kia khan auffi-tôt demander à l'Empereur de la Chine le diplome 'd'inveftiture, & il l'obtint avec le titre de Vou - y -tchimkum-khan.

à

Depuis long-tems il y avoit à la Cour de la Chine un: grand nombre d'Hoei ke avec leurs ambaffadeurs, ils y commettoient des excès qui obligerent enfin l'Empereur leur ordonner de fe retirer : ils emporterent avec eux beaucoup de richeffes; mais ils fe conduifirent encore fi, infolemment dans leur route, & ils firent tant de dégât dans les campagnes que Tchang-kuam-tching demanda à l'Empereur la permiffion de les attaquer. Ce Prince ne voulut pas le permettre; mais quelques mauvais traitemens que ces barbares firent à un Officier, irriterent tellement Tchang-kuam-tching qu'il raffembla fes troupes & tua environ neuf cens Hoei-ke, il n'en referva que deux qu'il renvoya en Tartarie pour informer le grand Khan des défordres que fes fujets avoient commis & de la punition qu'ils s'étoient attirée. L'Empereur pour appaifer le Khan

Après J. C.
Pi-kia-khan

fit reconduire le corps de l'ambaffadeur Hoei-ke en Tartarie. Le grand Khan envoya au-devant des Chinois fon L'an 782. Miniftre Kie-tfu-kia, qui les reçut dans le pays de Tatong-fou dans le Chanfi, blama leur co duite & voulut qu'on lui remît quatre des meurtriers. Il les retint pendant cinquante jours, enfuite le grand Khan fit dire à l'ambaffadeur Chinois que tous fes fujets demandoient sa mort; mais qu'il ne vouloit point y confentir, & qu'il oublioit l'action des Chinois. Il redemanda encore l'argent qu'il prétendoit lui être dû pour le prix d'un grand nombre de chevaux qui avoient été vendus à l'Empereur.

L'an 787.

Dans la fuite le grand Khan envoya beaucoup de préLie-tai-ki- fens à Te-tçong Empereur de la Chine, & demanda en fu. même-tems une Princeffe Chinoife en mariage : l'Empereur, Ven-bien- mécontent de la conduite que les Hoei-ke avoient tenue tum-kao. de tout tems à l'égard des Chinois, n'étoit point porté à lui Tam-chou. accorder cette grace; mais comme les frontieres fepten

Kam-mo.

L'an 788.

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trionales étoient entiérement dégarnies de cavalerie, Limi propofa à ce Prince de faire la paix avec les Hoei-ke parce que ce feroit un moyen sûr de tirer des chevaux de Tartarie; il lui confeilla en même-tems de faire alliance avec les Rois du Yun-nan, avec le Khalif de Bagdad, & avec les Indiens qui l'aideroient à détruire la puiffance des Tibetans. Il l'engagea encore à oublier toutes les infultes qui avoient été faites aux Chinois par les Hoei-ke. L'Afie étoit alors partagée en fix grands Empires, celui de la Chine dans l'orient, au midi le royaume de Yun nan & l'Empire des Indes, dans l'occident l'Empire de Khalifs qui s'étendoit jufqu'aux frontiéres de celui du Tibet; celui-ci occupoit le milieu de l'Afe & le nord étoit poffedé par les Hoei-ke. Les Tibetans étoient continuellement en guerre avec les Khalifs, & les Chinois avoient intérêt de refter unis avec ces derniers, afin d'être plus en état de repouffer les Tibetans qui faifcient fouvent des courfes dans l'Empire. L'Empereur fuivit le confeil de Li-mi, confentit à la paix & accorda une Princeffe Chinoife au grand Khan.

Auffi-tôt que ce Khan eut été informé que la Princeffe

J. C.

Pi-kia-khan

étoit partie pour fe rendre en Tartarie, il fe rendre en Tartarie, il envoya au-devant d'elle les fours & les femmes de fes principaux Of Apres ficiers; elle fut reçue avec diftinction, il lui donna le titre de Khatoun, & promit, en qualité de gendre de l'Empereur, de fournir aux Chinois du fecours contre les Tibetans. Il demanda auffi qu'il lui fût permis de changer le nom de Hoei-ke en celui d'Hoei-hou. L'Empereur lui donna le titre de Tchang-cheou-tien-tçin khan.

kia khan.

O-tcho

Le grand Khan mourut peu de tems après, & laiffa L'an 789. l'Empire à fon fils To lo-ffe auquel l'Empereur de la Chi- Tchin - pine donna le titre de Tchong-tchin-pi-kia-khan. Ce Prince fecourut la garnifon Chinoife qui demeuroit dans Peting au nord d'igour, & qui venoit d'être attaquée par L'an 790, les Tibetans. Il n'eut pas le tems de rendre de plus grands fervices aux Chinois; il fut tué par fon frere qui voulut prendre le titre de Khan; mais les Hoei-ke s'étant revoltés tuerent cet ufurpateur, & mirent fur le thrône O-tcho fils de Tchong-tchin. Son Miniftre nommé Kie-khan-kia- khan fu (a), alla au fecours de la fortereffe de Pe-ting, que les Toufans tenoient affiégée;il leur livra bataille, mais il ne put les obliger à lever le fiège, & les ravages qu'il fit lui-même dans les environs forcerent les peuples à fe foumettre aux Tibetans. Alors tout ce que les Chinois poffedoient dans cette partie de la Tartarie, à l'exception d'Igour se rendit aux Tibetans. Le grand Khan obtint enfuite de l'Em-12 pereur le titre de Fong-tching-khan, il vint attaquer les Tibetans à Ling-tcheou dans le Chenfi où il les envoya les prifonniers à l'Empereur.

L'an 691.

khan.

Fong-tching-khan ne laiffant pas d'enfants après la mort, L'an 795. fon Miniftre Ko-to-lou, qui depuis long-tems avoit l'admi- Hoai-fin nistration de toutes les affaires, & le commandement des armées, fut choisi par la nation pour être grand Khan. Il .:: envoya un ambaffadeur à la Chine pour inftruire l'Empereur de fon avenement à l'Empire, & l'Empereur Telui donna le titre de Hoai-fin-khan. Les hiftoriens L'an 805. trong qui pouvoient nous inftruire des événemens de fon regne

1

(4) 11 me paroît le même que celui qui cft nommé plus haut Kic-tfc-kia.

Après J. C.

Ven-hientum-kao.

khan.

gardent un profond filence, & ne nous apprennent que l'époque de fa mort ; il eut pour fucceffeur fon fils Tengli-pi-kia-khan, qui reçut, fuivant l'ufage, les patentes de L'an 807. l'Empereur de la Chine. Ce Prince envoya 'des tributs Teng-li-pi- aux Chinois. Son ambaffadeur avoit à fa fuite des Bonces de Fo que ces Tartares appelloient Mo-ni. L'Empereur leur fit bâtir un temple & les logea; mais quelques années après, leurs débauches obligerent ce Prince à les chaffer. Les Hiftoriens ne s'expriment pas d'une maniere affez détaillée pour nous faire connoître quels font les Religieux appellés Mo-ni (a). Ils étoient non- feulement repandus dans la Tartarie, mais il y en avoit encore en Perfe, & il femble qu'ils venoient de ce pays; dans ce cas ils font ou Chrétiens ou Mahometans. Je les foupçonne Chrétiens Manichéens.

L'an 808.

Lie-tai-ki

Su.

Pao-ykhan

L'an 817.

L'an 821.

La Princeffe Chinoise qui avoit été envoyée autrefois en Tartarie vint à mourir, le grand Khan en informa la Cour de la Chine, & il mourut lui-même prefqu'auffi-tôt. Alors l'Empire fut déféré à Pi-kia-pao-y-khan. Ce Prince, L'an 813. leva une armée avec laquelle il alla attaquer les Tibetans proche la riviere Pi-ti, fituée au nord de Si-cheou-kiangtching. Dans la fuite il fit demander plufieurs fois une Princeffe de la Chine en mariage, mais l'Empereur qui étoit occupé d'affaires plus importantes ne voulut point alors y confentir, & quand il le permit le grand Khan fut furpris par la mort. La Princeffe fut donnée à fon fucceffeur nommé Pi-kia-tçong-te-khan. Ce Khan à l'occafion de quelques troubles qu'il y avoit dans la Chine voulut y envoyer des fecours; mais l'expérience avoit fait voir aux Chinois combien il étoit dangereux d'introduire ces barbares dans l'Empire, & on les renvoya. Après fa mort, ce Khan eut pour fucceffeur fon frere Ko-fa-te-le, l'Empereur de la Chine lui donna quelque tems après le titre de Pi-kia-tchaoli-khan. Il fut tué dans la fuite par fes sujets qui donnerent l'Empire à Hou-te-le ce nouveau Khan reçut de

L'an 822.

Tçong-tekhan.

L'an 814

Tchao-likhan.

L'an 832,

(a) On les appelle Mo-ni-fem, c'est-à-dire bonzes de Mo-ni ou de Mani qui eft le nom de Manes.

L'Empereur

Après J. C.
Tchang-

l'Empereur le titre de Tchang-fin-khan. Les deux nations vivoient en paix, & faifoient entre elles le commerce : le grand Khan envoyoit fouvent des ambassadeurs à la Chi- fin-khan. ne; mais ces événemens peu importans ont été négligés par les Historiens. Tchang-fin-khan fut tué par fon Miniftre Kue-lovou & les peuples mirent fur le thrône L'an 839. Ko-fan-te-le. Sous fon regne les neiges qui tomberent en abondance, firent périr beaucoup de beftiaux ; ces fortes de malheurs, capables de caufer la ruine de cet Empire, l'affoiblirent confidérablement.

Ou-kiai

Le regne de ce nouveau Khan ne fut pas tranquile, un de fes Officiers nommé Kiu-lou-mo-ho avec cent mille L'an 849¿ Siberiens appellés Kie-kia-fu, qui demeuroient vers le lac Paikal, & s'étendoient du côté l'occident par de-là l'Irtisch, le vint attaquer & le tua; toutes les Hordes furent difperfées, & une partie vint fe foumettre aux Chinois. Ces Kie-kia-su, depuis près de cent ans, étoient foumis aux Hoei-ke dont l'Empire parconféquent devoit s'étendre bien avant dans la Siberie, jufqu'aux environs de Tobolsk. Cette revolte donna naiffance à un nouvel Empire. Les Kie-kia fu nommerent un grand Khan de leur nation comme on l'a vû dans l'hiftoire des Turcs occidentaux. Treize Hordes des Hoei-ke donnerent à Ou-hi-te-le le ha titre de Ou-kiai-khan & camperent fur les frontieres du Chenfi pendant que les Kie-kia-fu s'emparerent de leur L'an 841. pays. Les Hoei-ke furent battus en plufieurs rencontres par les Kie-kia-fu, & obligés pour avoir des vivres d'implorer le fecours de l'Empereur Vou-tçong. Les Chinois eurent bientôt lieu de fe repentir d'avoir donné une re- L'an 842. traite à ces peuples; le grand Khan vint faire des courfes aux environs de la riviere Hong - choui où il enleva beaucoup de prifonniers. L'Empereur fut obligé d'envoyer contre lui des troupes. Cette guerre venoit de ce qu'un des Officiers du Khan nommé Ou- mo-fu, après avoir tué un des principaux de la nation, s'étoit retiré à la Chine avec environ trois mille hommes & on lui avoit donné le nom de Li-fu-tchong. Dans le même tems un autre Officier nommé Na-kie-tcho fe revolta contre Tome II.

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