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firs, après lefquels je foupire, aves la même ardeur que le malade foupire après les bains, après le vin, après les eaux. Ne m'arriverat-il donc jamais, de rompre les nœuds qui m'attachent, puifque je ne puis les délier? Non, je n'ofe m'en flatter. Chaque jour, nouyeaux embarras viennent fe joindre aux anciens. Une affaire n'eft pas encore finie, qu'une autre commence. La chaîne que forment mes occupations, ne fait que s'allonger & s'appefantir. Adieu.

L

LETTRE IX.

A Apollinaire.

Es démarches fait mon que ami Sextus Euritius pour obtenir la charge de Tribun, me donnent une véritable inquiétude. Je reffens pour cet autre moy-même des agitations, qu'en pareille occafion je n'ay point fenties pour moy. D'ailleurs, il me femble que mon honneur, mon crédit, & ma dignité font compromis. J'ay obtenu de l'Empereur pour Sextus une place dans le Sénat, & la charge de Questeur. Il doit à mes follicitations la permiffion de demander celle de Tribun. Si le Sénat la luy refufe, j'ay peur que je ne paroiffe avoir furpris le Prin ce. Je ne dois donc rien oublier,

pour faire en forte que le jugement public confirme l'opinion que, fur ma parole, l'Empereur en a bien voulu concevoir. Quand une raifon fi preffante me manqueroit, je n'aurois guére moins d'ardeur pour l'élevation de Sextus. C'est un jeune homme plein de probité, de fageffe, de fçavoir, & de qui l'on ne peut dire trop de bien, ainfi que de toute fa maison. Son pere Euritius Clarus s'eft acquis une grande réputation. Il n'a pas moins de droiture que d'éloquence. Il excelle dans la profeffion d'Avocat, dont il s'acquitte avec autant de modeftie & de probité que de courage. Caïus Septitius fon oncle eft la vérité, la franchise, la candeur, la fidélité même. Ils m'aiment tous comme à l'envy, & tous également. Voicy une occafion, où je puis, en payant un feul, m'ac quitter envers tous. J'employe

on

donc tous mes amis. Je fupplie, je brigue, je vais de maifon en maifon, je cours dans toutes les places publiques ; & je n'oublie rien, pour voir jufqu'où peuvent aller mon crédit & la confidération que a pour moy. Partagez, s'il vous plaît, les foins & les mouvements que je me donne ; je vous le rendray au premier ordre, que même je préviendray.Je fçay combien de gens vous chériffent, vous honorent, vous font la cour. Laiffez entrevoir feulement vos intentions; nous ne manquerons pas de perfonnes empreffées à les feconder. Adieu.

NE

LETTRE X.

A Octave.

bien non,

ESTES-vous pas chalant, ou plûtôt bien dur, peut s'en faut que je ne dife cruel, de tenir toûjours dans l'obscurité de fi excellentes Poëfies? Combien de temps encore avez-vous réfolu d'être l'ennemi de votre gloire & de notre plaifir? Laiffez, laiffez vos ouvrages courir le monde, Ne les refferrez pas dans des bornes plus étroites que celles de l'Empi re Romain. L'idée qu'ils nous ont donnée n'eft-elle pas affez grande, & notre curiofité affez vive, pour vous obliger à ne nous pas faire languir davantage? Quelques-uns de vos vers échappez malgré vous,ont déja paru.Si vous ne prenez foin de les rappeller & de les raffembler,

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