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re d'étudier. Vous ne fçauriez croire combien le mouvement du corps donne de vivacité à l'efprit; fans compter que l'ombre des forêts, la folitude, & ce profond filence qu'exige la chaffe font très-propres à faire naître d'heureuses pensées. Ainsi croyezmoy, quand vous irez chaffer portez votre pannetiere & votre bouteille; mais n'oubliez pas vos tablettes. Vous éprouverez que Minerve fe plaît autant fur les montagnes que Diane. Adieu.

LETTRE VII.

A Octavius Rufus.

SCA

A VE Z-vous bien à quel dépuiffance vous m'éle

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vez, quand vous m'appliquez ce qu'Homere dit de Jupiter.

Le Pere accorda l'un; mais il refufa l'autre.

Ne puis-je donc pas aujourd'huy faire le Jupiter avec vous, vous accorder l'un & vous refufer l'autre? S'il m'eft permis, pour vous obéir, de refufer mon miniftere à l'Andaloufie contre un Particulier qu'elle accufe, ne dois-je pas avoir auffi la liberté de ne point me charger de la défense de cet homme? Après avoir prodigué mes veilles; après avoir hazardé ma fortune en faveur de cette Province opprimée, que penferiezvous de la fidélité fcrupuleufe dont je fais profeffion, & de cette uniformité de conduite que vous aimez fi fort en moy, fi je me démentois jufqu'à me déclarer contre mes anciens Clients? Je prendray donc un milieu dans la priere que vous me faites. De deux graces que vous me demandez, je vous accorde celle qui peut en

même-temps remplir une partie de vos défirs, & toute l'opinion que vous avez de moy. Car, afin que vous ne vous y trompiez pas, je n'ay pas tant à me regler, fur ce que veut aujourd'huy un homme de votre caractere, que fur ce qu'il voudra toûjours. J'efpére me rendre à Rome vers le quinziéme d'octobre. J'y réitéreray à Gallus en perfonne la promeffe que je vous fais: & je luy engageray ma parole & la vôtre. Vous pouvez par avance luy répondre de moy. Il dit; & d'un clin d'œil, fait figne qu'il exauce. Et pourquoy ne citerois-je pas auffi les vers d'Homere, puifque vous ne voulez pas que je puiffe citer les vôtres ? Dans la paffion que j'ay de les voir, les peuples d'Andaloufie ne feroient pas trop en fûreté, fi l'on tentoit à ce prix de me corrompre; & je ne voudrois pas jurer que je ne

pauvres

plaidâffe contre eux. J'oubliois le meilleur : j'ai reçû vos dattes; & quelles dattes? Elles font fi bonnes, qu'il faudroit être bien hardi pour entreprendre de regler les rangs entr'elles, les figues & les morilles que vous m'aviez auparavant envoyées. Adieu.

LETTRE VIII.

A Pompeius Saturninus.

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TRE Lettre ne pouvoit m'être renduë plus à propos. Elle me demande quelque ouvrage de ma façon, justement dans le temps que je me difpofois à vous prier d'en recevoir un. C'eft me preffer de me fatisfaire. Je n'ay donc plus à craindre, ni les excufes de votre pareffe, ni les fcrupules de ma difcrétion J'aurois

auffi mauvaise grace de me croire importun, que vous de me traiter de fâcheux, quand je ne fais que répondre à votre impatience. Cependant vous ne devez attendre rien de nouveau d'un pareffeux. Vous avez déja vû le difcours dont j'accompagnay la fondation que j'ay faite d'une Bibliothéque en faveur de mes Compatriotes. Ne pourroisje point obtenir qu'il repaffe encore une fois fous votre lime? Votre critique la premiere fois ne s'attacha qu'au deffein. J'en voudrois aujourd'huy une qui ne fît pas de quartier même aux fyllabes. Encore après cet examen, il nous fera permis de donner notre ouvrage, ou de le garder. Peutêtre même que cette exacte revûë aidera beaucoup à nous déterminer? Car en retouchant fouvent cette piéce, ou nous la trou

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