Ce n'est point l'élégance générale du travail & du dessein des mains. Lorsqu'ils approchent de quelque ville, ce qu'ils font le plus qu'il leur eft poffible, quelques-unes » des femmes continuent leur symphonie; d'autres appellent à haute voix celles de la ville, & leur disent des injures: quelques – unes dansent ; d'autres enfin se tiennent prétend qu'on y consomme plus de vin que dans le reste le récit d'Hérodote s'accorde avec P. 492. pont, ou sur la couverte du bateau, paroissent repréfenter en effet des femmes : elles sont très peu vêtues, & tiennent leurs crotales dans les mains. On sçait que cette espéce d'instrument étoit composé de deux lames de cuivre, qui servoient à faire du bruit , ainsi que Saumaise Salm. ad Vopisc. la démontré.L'homme qui joue des deux flûtes à la pouppe du bateau, est la seule chose que l'on puisse ne pas trouver parfaitement d'accord avec ce que nous sçavons d'ailleurs sur les Egyptiens ; car il ne paroît pas que l'usage de ce double instrument ait été établi dans l’Egypte. Mais comme je ne donne pas cette gravûre pour être de la premiére antiquité Egyptienne, & qu'au contraire son travail me porte à la croire Grecque ; il aura pû se faire, ou que l'Artiste aura pris la licence d'introduire cet instrument de son pays, ou qu'en effet les Egyptiens l'auront reçû des Grecs dans des temps postérieurs. Car s’il eft très-important, comme on n'en peut douter , de ne point confondre les temps en matiére d'antiquités, il est indirpensablement nécessaire de les distinguer dans tout ce qui regarde l’Egypte. Avant que de finir cet article , je dois remarquer que le sujet que je viens d'expliquer , se trouve traité de la même maniére sur une cornaline gravée dans un Recueil Mers . Cortonense. d'antiquités , publié depuis peu en Italie. Le sçavant Antipl. 60. quaire qui a pris foin de l'éclaircir, ne voit dans cette composition qu'une troupe de pantomimes , tels qu'ils Bellorii Lucern. sont représentés sur plusieurs monumens Romains. J'avoue tab. 44. 450 que ses preuves sont capables de faire impression, & que je me rendrois à son autorité, li je n'étois encore arrêté par les raisons qui m'ont déterminé à embrasser un sentiment contraire. 1°. Le bateau représenté sur les deux pierres , ressemble entiérement aux barques que l'on voit sur les monumens Egyptiens , & entr'autres sur la face septentrionale de l'obélisque de S. Jean de Latran., où l'on remarque dans le milieu un pont ou une élévation quarrée. L'Isis que quarrée. 2°. Sur le premier plan où l'on reconnoît le bord de la riviére , on apperçoit des roseaux & des oiseaux, qui fur ma pierre paroissent être des Ibis, ce qui dénote les bords du Nil, & fixe par conséquent le lieu de la scéne. 3o. Enfin je ne crois pas que le goût du travail foit Romain ; &'s'il n'est pas Grec, comme je l'ai déja dit , j'y trouverois bien plus de rapports avec le goût Egyptien.J’insisterois mêmed'autant plus sur cette derniére preuve, qu'elle m'a semblé toûjours recevoir un nouveau degré de force du fréquent examen que j'ai fait de la pierre, P L A N C H E IV. No. I. & II. l'on voit dans cette Planche, avec son fils Horus sur ses genoux, est de bronze, & a un pied de hauteur. Quoique ces sortes de figures aient été fort multipliées parmi les Egyptiens , il est rare d'en trouver d'un si grand volume & d'une si parfaite conservation. J'en posséde cependant une autre semblable, qui a cinq à fix lignes de plus dans sa hauteur , & dont je n'ai fait graver que la tête ; elle est au No. II. cette partie avoit seule des différences. Les siéges de bois, sur lesquels sont assises l’une & l'autre aujourd'hui, ne sont pas du même temps; ceux qu'elles avoient autrefois ayant été ou détruits , ouséparés des figures, il m'a fallu y en substituer de nouveaux. La coëffure de ces deux figures mérite quelqu'attention : on y voit d'abord un oiseau, dont les aîles éployées accompagnent la chevelure ; au- dessus de l'oiseau est une couronne de feuilles, du milieu de laquelle s'élévent deux grandes cornes, qui embrassent le disque de la Lune. Dans la table Isiaque , & dans d'autres monumens Egyptiens , Isis paroît plus d'une fois avec la dépouille d'un oiseau sur la tête. Kirker a & Pignorius ont cru que · Oedip. Ægype: C'étoit la poule de Numidie, ou la poule Pintade, qui mens, Ijiac. p. 433 'I. . de C par la diversité de ses couleurs, étoit regardée comme le symbole de la variété qui se fait remarquer dans les productions de la nature , que l'on confondoit souvent avec Isis. Les feuilles dont cette Déesse est couronnée, sont des feuilles de musa , espéce d'arbre fort commun aux environs de Damiette, & que Théophraste a mis dans la · Horus Apoll. classe des palmiers. Si c'est de cet arbre qu'on a dit a qu'il Hierog. lib.1.6.23. poussoit une seule branche à chaque lunaison, & que les Egyptiens l’employoient dans leur écriture symbolique, on ne doit pas être surpris que ses feuilles soient entrées dans la parure d'Isis, Divinité qui n'étoit pas différente de Lib. 2.6.41. la Lune. A l'égard des cornes, Hérodote rapporte que les Egyptiens représentoient cette Déesse avec des cornes de bæuf, de la même maniére que les Grecs représentoient De isid. & Ofirid. lo ; & Plutarque dit que Mercure mit une tête de beuf fur celle d'Isis, à la place du diadême qu'Horus venoit de lui ôter. Mais comme il ne faut pas beaucoup s'arrêter à ces sortes de traditions , je penserois plûtôt que les cornes de boeuf ayant été dans les plus anciens temps l'emblême de la puissance, elles entroient dans le nombre des attributs qui caractérisoient les Princes & les Dieux; Euseb. Præp. & je me fonde sur un passage de Sanchoniaton, où il est Evan.lib.1.c.16. dit', qu’Astarte mit sur sa tête la marque de la Royauté, c'est-à-dire , une tête de taureau. Les rapports No. III. d'Iris avec preuve. Ce buste a cing pouces & demi de hauteur, & quatre pouces lix lignes de largeur. La plinte que la Déelle a sur la tête , & qui semble former une espéce de couronne, a un trou quarré dans son milieu. Il est long de huit lignes sur cinq de large, & a servi à porter quelqu'ornement qui ne subliste plus, & qui vraisemblablement n'étoit autre chose que des cornes de bæuf accompagnées du disque de la Lune ; telles enfin que l'on en voit dans les figures précédentes : car toutes les têtes qui portent cet ornement, posent sur une pareille base. P L A N CH E V. Tout ce qui prouve les connoissances & les différentes pratiques des Anciens dans les Arts, mérite notre attention, ou du moins console de la peine que l'on s'est donnée pour les retrouver. C'est en conséquence de cette pensée, que j'ai fait graver ces quatre petits morceaux, & nullement à cause de leurs formes. En effet, quoiqu'il se trouve quelquefois des variétés dans les figures d'une même espéce, faites par les Egyptiens, on peut dire en général que ces variétés ne sont pas fort considérables. Qui voudroit, , par exemple, suivre les différences que présente la coëffure des Iris, n'auroit pas beaucoup d'observations à faire , & je doute qu'elles fussent même fort utiles. Car comment s'exprimer, ou quels éclaircissemens pourroit-on donner sur des choses de détail qui nous font absolument inconnues ? No. I. CETTE Isis qui a deux pouces dix lignes de hauteur, tient le petit Horus sur ses genoux. Il est aussi mal formé dans l'original, qu'il le paroît dans la copie, |