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que les yeux font rarement traités de cette façon dans les morceaux Grecs que nous admirons. Mais quand ces exemples feroient plus fréquens, je n'en dirois pas moins que la Sculpture, pour donner de l'expreffion, ne doit pas emprunter un pareil fecours, qu'il y a au contraire plus d'art & d'avantage à laiffer penfer au fpectateur l'action des yeux; & que la Sculpture ne pouvant rien colorier, que des parties faillantes pour faire des ombres, & pour imiter les formes que lui offrent les objets qu'elle fe propofe de repréfenter, & les prunelles, pour fe faire fentir, ayant néceffairement befoin des couleurs, il ne faut pas que le Sculpteur entreprenne de les marquer par des traits qu'elles n'ont pas.

ne rendant

Cette tête fournit encore un exemple du poliment excelfif que les Grecs fur-tout donnoient à leurs ftatues de marbre, & dont je n'ai pû trouver d'autre raison que celle que j'ai rapportée dans un Mémoire lû à l'Académie des Belles-Lettres ; c'eft-à-dire, que le cas que les Anciens faifoient de l'ivoire, les engageoit à l'imiter; mais cette imitation n'avoit rien d'agréable: car le poliment excessif produit un luifant que la chair n'a jamais préfenté, & par conféquent il empêche la jouiffance de tous les détails fur lefquels l'Artiste a répandu fon fçavoir. La tête dont il est question, malgré l'altération de couleur qu'elle a reçûe dans l'incendie de cette malheureuse ville d'Herculanum, a confervé un poliment fi fin fur les chairs, que je ne fçaurois pardonner aux Anciens d'en avoir fait une efpéce de mode qui n'avoit aucun fondement raisonnable.

No. II.

Ce petit vafe n'eft ni d'un deffein, ni d'un travail élégant. Sa hauteur eft de trois pouces quatre lignes, & fa plus grande largeur, y compris les anfes, a trois pouces & demi. Il eft de terre cuite, & n'a reçû ni vernis ni couleur. Il représente une tête de Faune ou de Siléne. Je l'ai fait

deffiner fous deux afpects, afin de rendre plus fenfible l'intention de l'Artifte. Cet ouvrage est tout-à-fait dans le goût Romain, quoique je ne doute pas qu'il n'ait été compofé dans l'Ile de Chio, qui étoit néanmoins remplie d'ouvriers Grecs, où il a été trouvé, & où l'on déterre tous les jours beaucoup de monumens, fur-tout de terre, confacrés à Bacchus. Nous fçavons par l'hiftoire que les manufactures de quelques-unes des Inles de l'Archipel ont été confidérables; & je croirois volontiers que les Romains, vainqueurs des Etrufques, détruifirent leurs manufactures & anéantirent leur commerce, en leur communiquant leurs propres ufages & leurs idées militaires, & que le changement de moeurs & de conduite favorifa dans l'Archipel l'établissement de ces chofes d'ufage & d'ornement. J'ai cru qu'en mettant cette tête à la fin de la classe des antiquités Grecques, ce feroit répondre aux objections qu'on me fera fur la Nation à qui on doit l'attribuer; & l'on obfervera à cette occafion qu'il y a toûjours eû des pays qui fe font diftingués par la fabrique des ouvrages de terre, dont ils ont fourni les autres Nations qui les alloient chercher chez eux : & que les Romains ont eû avec les Etrufques & les Ifles de l'Archipel le même commerce que nous entretenons depuis long-temps avec les Chinois.

ΗΒΟΥΛΗ Η ΕΠ

ΛΥΚΕ

ΑΡΧΟΝΤΟΣ

RECUEIL

ANTIQUITÉS

GRECQUES.

13. PLANCHES.

XLV=à=LVII.

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III

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II

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