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Antiq. expl. tom.

2. pl. CXCII.

travail; que l'idée en eft grande; que les cheveux & la barbe en font bien touchés ; & qu'enfin le caractère en est majestueux. Le P. de Montfaucon a déja publié une figure qui ne diffère de celle-ci que par le manteau qu'elle a pardeffus le fagum. Jupiter eft fouvent représenté avec un pareil ornement, auquel le P. de Montfaucon n'a fait aucune attention, non plus qu'au caractère de la tête. Il a même cru reconnoître Efculape dans cette figure.

Outre celle que j'ai fait graver, il m'en étoit tombé entre les mains une autre de la même matiére & du même deffein, plus haute, & par conféquent plus forte à tous égards que celle-ci, mais d'une exécution moins fine & moins recherchée. Elle est aujourd'hui dans le petit cabinet d'antiquités que l'on commence à former dans l'Abbaye de S. Germain des Prés.

No. II.

La petite figure de bronze que ce numéro présente est deffinée fous deux afpects, parce que le tour & le balancement de fa composition font charmans. Elle est haute de quatre pouces dix lignes. Il n'y a pas long-temps qu'elle a été trouvée dans la fontaine de Nîmes. Sans le foudre qu'elle tient de la main gauche, on ne croiroit point qu'elle dût représenter Ganyméde; car fa pofition ne convient nullement à ce fameux Echanfon. Il faut convenir encore que les Connoiffeurs feront fort étonnés du contrafte prodigieux que l'Artiste a mis dans cette figure nonobftant l'ufage ordinaire des Anciens, qui ont toûjours été fort modérés & fort fages fur cette partie de l'Art, dont le plus grand nombre des Modernes n'a que trop abufé. Enfin je n'ai guère vû dans l'antique que cet exemple d'un contrafte auffi confidérablement affecté. Il fuffit d'avoir examiné attentivement ce petit bronze, pour être für de fon antiquité; & à l'égard de fa confervation, elle ne laiffe rien à defirer.

PLANCHE LIX.

N. I.

LES têtes de Jupiter font fi communes, que fans les raifons fuivantes, je me ferois peut-être difpenfé de rapporter celle-ci. Elle eft de terre cuite, mais d'une terre brune. Le goût du travail en eft bon. Elle eft affez bien confervée ; & ce que j'y vois de plus remarquable, c'est qu'elle a été dorée, & que la plus grande partie de sa dorure fubfifte. Elle a été trouvée en Egypte, & me paroît un ouvrage Romain, que l'on a copié d'après celui d'un Artiste Grec. Sa hauteur eft de seize lignes.

No. II.

La tête de ce Faune, de pareille grandeur que la précédente, & de la même matiére, dont la couleur eft naturelle, a été trouvée dans le même pays. On ne peut que louer le goût de l'Artifte, & le caractère du deffein. C'est ce qui m'a engagé à la faire graver.

N°. III.

CETTE Bellone représentée avec des aîles, felon l'ufage des Etrufques qui en donnoient à plusieurs de leurs Divinités, eft gravée en relief fur une fardoine-onyce de trois couleurs. Le champ eft d'un brun très-foncé. La figure eft blanche, d'une bonne pâte ; & le Graveur a profité d'une tache noire transparente qui s'eft trouvée dans la pierre, & dont il a tiré un parti avantageux, puifqu'il en a formé le corps du cafque. Cette pierre eft de la plus belle confervation, & fe trouve aujourd'hui dans le cabinet de M. Pélerin.

N. IV.

CE camée parfaitement confervé eft d'un travail admirable, & par plufieurs autres raisons il mérite toute l'attention des Connoiffeurs. L'étendue de la compofition, l'élégance du dessein & la variété des attitudes dans les fix figures de femmes qui facrifient à Vesta, leurs airs de tête qui donnent une idée de mouvement, enfin l'autel & la forme du temple, toutes ces chofes rendent ce monument précieux; & je le rapporte avec d'autant plus de plaifir, que ce camée, qui représente exactement le revers d'un médaillon de Fauftine, m'a conduit à quelques réflexions. Il n'eft pas le feul ouvrage en ce genre qui foit renfermé dans ce Recueil, & qui ait été copié : on en verra plus bas un autre d'après un médaillon contorniate. J'ai d'abord conjecturé que les Monétaires devant présenter des modéles en cire pour fçavoir fi les Princes qui les avoient ordonnés étoient contens de la pensée & de la compofition, il s'en étoit trouvé qui, pour faire leur cour, ou par magnificence, avoient fait ces modéles fur des matiéres plus rares & plus précieuses. Mais cette idée n'a aucun fondement; le travail fur l'agathe exigeant un temps confidérable, il n'eft pas douteux que celui-ci n'ait occupé l'Artiste plus d'une année, quelque habile qu'il ait été. Il faut donc croire ou que les compofitions ayant été du goût des Princes, ils ont voulu les voir exécutées fur une matiére plus rare, & qui rendoit la diftribution du fujet plus agréable; ou bien que les Artiftes, fenfibles aux applaudiffemens qu'avoit reçû quelqu'un de leurs ouvrages, l'exécutoient pour leur compte fur une pierre fine, bien affûrés de s'en défaire avec avantage; peut-être encore que n'étant pas capables de le compofer eux-mêmes, ils profitoient du génie d'un autre, & fe renfermoient dans une exécution précise & délicate.

PLANCHE LX.

N. I.

CETTE Divinité en bronze, qui d'une main tient une patère, & qui de l'autre tenoit vraisemblablement la hafte, pourroit bien être Jupiter. Mais ce morceau n'a rien de fingulier. Il eft feulement bien confervé : le travail en eft bon, & fa hauteur eft de deux pouces cinq lignes.

No. II.

CETTE autre figure de bronze me paroît repréfenter Hercule. Il tient dans la main droite les pommes des Hefpérides, & peut-être tenoit-il de la main gauche une maffue, qu'il foûtenoit horizontalement, à en juger par la position de la main : ce qui ne fe rencontre pas communément dans l'antique. Quoi qu'il en foit, la figure eft trèsbien confervée, mais du plus mauvais goût, foit pour la compofition, foit l'exécution. Elle a quatre pouces pour

& demi de hauteur.

No. III.

On voit ici Vénus avec fes principaux attributs, mais non avec tous fes charmes. La figure en bronze, dont la hauteur n'eft que de trois pouces & demi, n'eft que trop bien confervée, puifque dans la vérité elle eft auffi mal compofée que mal exécutée. Cette figure peut fervir à prouver ce que perfonne ne pouvoit ignorer; c'eft qu'il y avoit dans l'antiquité de mauvais Artiftes, principalement à Rome.

N. IV.

QUOIQUE les ufages des Anciens dont on trouve des traces dans les Auteurs foient affez bien établis ; cependant les passages sur lesquels on se fonde ayant pû être altérés

Liv. VI. ch. 34.

par les Copiftes, il faut convenir qu'il n'y a rien de plus für que les monumens confacrés par les Arts & bien confervés. Ils doivent donc être l'objet de nos recherches, puisqu'ils nous apprennent ce que les Auteurs ne nous ont point laiffé dans leurs ouvrages. Telle eft la pierre gravée que je rapporte fous ce numéro. Son antiquité n'eft pas douteufe. Elle représente un vainqueur des jeux dans un char attelé de vingt chevaux. Suétone nous apprend que Néron voulant étonner la Gréce & briller dans fes jeux, remporta la victoire en courant avec dix chevaux. Il eft véritablement bien plus difficile d'en atteler vingt à un char; mais de quoi ne vient pas à bout un Empereur Romain, un Maître du monde ?

Ces réflexions m'engagent à n'attribuer l'événement rapporté fur cette pierre qu'à un des fucceffeurs de Néron. On fçait qu'il fut l'exemple & le modéle que tous les Empereurs voulurent fuivre quant aux jeux; & l'on verra dans la Planche LXXXVI. de ce Recueil une preuve incontestable de cette opinion. La pierre gravée dont il s'agit ici ne contenant point d'époque, je ne l'attribuerai à aucun Prince en particulier; & il ne me refte plus qu'à la décrire.

Elle n'eft pas d'un travail fort terminé mais elle est : touchée d'efprit, & n'eft prefque pas moins bonne qu'elle eft finguliére par le fait dont elle rappelle le fouvenir. Elle a été trouvée depuis très-peu de temps dans la Cyrénaïque. On y travailloit beaucoup en ce genre de gravûres, comme on le voit dans quelques endroits de Pline. Ce monument exécuté fur un cabochon de cornaline blanche eft très-bien confervé. Il a été envoyé ces jours-ci à M. Pélerin, qui m'en a fait préfent.

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