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No. II.

CETTE pierre gravée est une très-belle prime d'émeraude dont la couleur eft fort claire, & elle prouve bien que les Romains réuniffoient quelquefois fur un même monument les différens objets de leur culte. Jupiter étoit fans doute la Divinité tutélaire du Romain à qui la pierre fut destinée. Le bufte de ce Dieu accompagné du foudre & de la corne d'abondance, eft placé dans un cercle décrit par un ferpent qui fe mord la queue, & qui est un symbole de l'éternité. Au-deffous eft un crocodile, & aux côtés on voit les bustes de Caftor & de Pollux cafqués, & défignés chacun par une étoile ; ils font placés au-deffus, l'un d'un autel, l'autre d'une palme & d'un œuf, à ce qu'il me femble; ce qui rappelle le fouvenir de leur naiffance, de leurs victoires, & de leur confécration. Le ferpent est furmonté de la tête de Janus, de celle d'une femme qui pourroit représenter une ville, ou plûtôt Cybéle; enfin de celle d'un épervier. Ces deux derniéres femblent environnées de quelques étoiles, mais plus petites & moins formées que celles qui fervent de fymboles à Caftor & à Pollux. Après cette jufte & vraie exposition du fujet, on me pardonnera facilement de ne pas entreprendre l'explication de cette pierre. Cependant je pourrois dire que c'eft le travail de quelque Romain dont le culte étoit mêlé d'idolatrie Egyptienne.

No. III.

L'ENLACEMENT de ces deux ferpens dont on a vraisem blablement profité autrefois pour former l'anfe d'un vase, m'a paru mériter d'autant plus de recommandation, que le travail en eft beau, & que l'imitation de la nature s'y trouve dans le détail le plus fin, & fans aucune féchereffe. D'ailleurs la compofition en eft ingénieufe; & j'avoue que cette belle anfe de bronze me fait beaucoup regretter

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vase dont elle faifoit partie, mais il faut jouir de ce que l'on a. La hauteur de ce morceau eft de fept pouces, & dans l'endroit où il s'élargit davantage il a trois pouces trois lignes.

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JE rapporte cette tête de marbre blanc dans l'état où le hazard me l'a fait trouver dans Paris. Elle eft coupée à plat fur le derriére, & la grande infcription que l'on voit exactement copiée au-deffous dans la Planche en occupe toute la furface. Les quatre vers Latins placés fur le côté de la même Planche, font gravés au-deffous du cou, & la plus grande hauteur de ce fragment eft de quatorze pouces.

Si je voulois faire valoir mon petit cabinet, il n'eft pas poffible qu'il fe rencontre jamais une plus belle occafion de le parer de ce qu'il ne renferme pas. Je pourrois, fans craindre la critique, me donner une tête de Pompée. Le lieu où l'on dit que cette tête a été trouvée, le nom de l'Antiquaire, enfin celui du Prince à qui elle a été offerte, ce font là des autorités qui me paroiffent fuffifantes pour donner place à ce morceau dans mon Recueil; mais elles ne font capables ni de me perfuader, ni de m'engager à en impofer. Je ne crois donc avoir en ma poffeffion qu'une tête de Goliath, tenue autrefois par le jeune David. Voici les raifons fur lesquelles je m'appuie; le Lecteur jugera fi je m'abuse, & fi je fuis plus riche qu'il ne me femble l'être.

Je ne puis croire qu'une ftatue représentant Achillas offrant à Céfar la tête du grand Pompée, ait jamais été exécutée & élevée à Rome, ni en aucun autre lieu du monde. La mort de cet illuftre malheureux & la façon dont elle arriva, cauférent une si grande affliction dans tout l'Empire, qu'il n'y a point d'apparence qu'on en ait ainfi confacré le fouvenir. Céfar & Augufte étoient trop habiles

politiques, & connoiffoient trop les hommes, pour rappeller de femblables idées au Peuple Romain. Quel intérêt les Empereurs qui leur fuccédérent auroient-ils eu à retracer dans la fuite ce funefte événement? Mais ce qui léve toute difficulté, la main qui tient la tête par les cheveux ne lui eft point du tout proportionnée, & ne fçauroit être regardée comme celle du Guerrier qui la présenta à Céfar. Pompée d'ailleurs n'avoit rien de gigantefque & de difproportionné dans la figure. On fçait au contraire qu'il étoit bien fait, & qu'il n'avoit rien que d'agréable dans les traits du vifage.

A l'égard du travail de ce morceau, je conviens qu'il eft d'une affez grande maniére, & c'eft ce que l'on apperçoit aifément, quoique la tête ait été altérée dans quelquesunes de fes parties: mais il eft fec, & n'eft pas d'un goût vraîment antique. Ainfi, malgré la pompe & l'étalage des discours du Seigneur Mondelli, je foûtiens qu'il n'a jamais poffédé qu'une tête de Goliath faite par quelques-uns des Sculpteurs Florentins qui travaillérent en Italie au commencement du feizième siècle. Je ne doute même pas fi l'on voyoit le grouppe dont cette tête faifoit partie, on ne le trouvât fort inférieur, quant à l'art, à la tête même que nous venons d'examiner.

que

PLANCHE LXVIII.

N°. I.

L'HISTOIRE d'Antinoüs & les raisons de fon Apothéofe font trop connues, pour ne me pas difpenfer de les rapporter; & je ne veux examiner dans ce beau monument que co qui concerne l'art. Il eft de bronze, & fa hauteur eft de fept pouces fept lignes. La confervation n'en eft point parfaite; le temps a détruit l'extrémité de fon pied droit, & emporté un morceau de la cuiffe du même côté. Le derriére de la figure a encore un peu plus fouffert. Je n'ai

rien à dire fur le tour & fur la position de la figure : tout le monde connoît l'élégance & la beauté de l'original en marbre, & ce petit modéle en eft une fidéle copie. Je crois feulement que la tête du bronze a été un peu affaiffée par quelqu'accident. Quoi qu'il en foit, il n'y a aucun bronze antique dont le travail ait plus de graces que celui de cette figure. Le métal s'y trouve traité avec la molleffe que comporte la cire, maniée par un habile homme, dont la main imprime fur tout ce qu'elle touche un air élégant & diftingué. J'ai acheté ce beau morceau lorsqu'après la mort de M. du Châtel on vendit des bronzes & des marbres qui avoient appartenu à M. Crozat, qui m'a dit cent fois l'avoir apporté de Naples, & qu'il y avoit été trouvé peu de temps avant l'année 1715. où il fit le voyage d'Italie. Je ne dois pas oublier que le tronc du palmier fur lequel la figure eft appuyée, & la drapperie qu'elle tient de la main gauche, font encore dorés, c'eft-à-dire, que l'on y apperçoit encore de la dorure, qui n'a pourtant pas été faite d'or moulu.

Les deux bronzes qui fuivent n'ont aucun rapport avec Antinoüs. Je les ai mis dans cette Planche pour la remplir, & ne pas multiplier les êtres fans nécessité.

N°. II.

Ce petit buste d'Apollon dont la tête paroît ornée de rayons, eft très-bien confervé, & fon antiquité n'eft point douteufe. Il a un peu moins de deux pouces.

No. III.

CEUX qui ont fondu ce petit bufte de Philofophe, ont pris toutes les précautions néceffaires pour le rendre folide & durable; car le vuide qui fe trouve au-deffous du cou fur la partie de derriére eft foûtenu jufqu'au plan où l'eftomach fe termine par une traverse de bronze fondue en même temps que le bufte. Le morceau d'ailleurs en eft

bien confervé. Le travail en eft bon, & fon antiquité est certaine. Il n'a deux pouces de hauteur.

que

PLANCHE LXIX.

CETTE figure de marbre blanc grouppée avec un enfant, eft haute de quatre pieds dix pouces, en comprenant fa plinte. C'est l'Impératrice Sabine. Perfonne n'ignore l'histoire de cette Princeffe. Mais quelques-uns des attributs avec lefquels elle eft représentée font embarraffans; & je crains, en les expliquant, de ne fatisfaire que médiocrement la curiosité du Lecteur.

On ne fera pas furpris de voir cette Princeffe avec les attributs de Cérès, quand on fçaura qu'on lui donne le nom cette Divinité dans quelques infcriptions rapportées par Fabretti, & qu'elle paroît fouvent fur les médailles avec les fymboles qui caractérisent Cérès. Ces flatteuses marques de reconnoiffance n'ont vraisemblablement point eu d'autre fondement que des diftributions de bled faites au peuple, ou des foins, des attentions, peut-être même des ordres donnés pour en faire venir en Italie. La figure dont Sabine eft accompagnée pourroit être allégorique, & représenter un Génie. Conjecture que je ne hazarde qu'à caufe qu'elle n'a jamais eû d'enfant. Si pourtant on veut fe tirer d'embarras d'une autre maniére, on n'a qu'à fuppofer, ce qui eft vraisemblable, que la ftatue dont il s'agit a été faite dans un temps où l'on avoit lieu d'efpérer que cette Princesse donneroit un fucceffeur à Hadrien. Mais pour ne pas m'écarter du principal objet que je me fuis propofé dans cet ouvrage, je dois fur-tout faire remarquer au Lecteur le mérite de la figure du côté de l'art. Le tour & la façon dont elle eft pofée font des plus recommandables, & témoignent que la Sculpture étoit alors à Rome dans un état floriffant. On fçait affez que les Arts qui y avoient été négligés pendant long-temps, reprirent

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