Imágenes de páginas
PDF
EPUB

enfin vigueur fous Trajan, prédéceffeur d'Hadrien. Les Artiftes Grecs étoient encore habiles, & continuoient de travailler dans cette Capitale du Monde. D'ailleurs l'expreffion de la chair fi bien obfervée dans ce morceau, principalement dans l'enfant, contribue à la beauté de ce

monument.

J'avouerai néanmoins que cette statue a un peu fouffert: quelques parties des bras font modernes, & ils font affez mal reftaurés. La tête, le corps & les jambes n'ont été, pour ainfi dire, que raffemblés. Le Cardinal de la Rochefoucauld, celui dont on voit le tombeau dans l'Eglife de fainte Geneviève, l'avoit apportée de Rome à Paris. Elle n'étoit point fortie de fa maison, rue de Seine. Comme elle y faifoit l'ornement du jardin, expofée à toutes les injures de l'air, qui la gâtérent confidérablement, on la trouva trop délabrée pour la laiffer dans le lieu qu'elle occupoit depuis tant d'années; on en fit préfent à l'Architecte, qui la vendit à celui de qui je l'ai achetée. Elle a été quelque temps chez moi, & on la voit aujourd'hui dans la belle maison de M. de la Haye, à qui je l'ai cédée. Elle tient fa place avec diftinction dans le nombre des beautés de l'art que le Préfident Lambert rassembla dans cette maison, lorsqu'elle lui appartenoit. La galerie de le Brun, & fur-tout les chefs-d'œuvres de le Sueur la rendront célébre à jamais ; & M. de la Haye n'a épargné ni peines, ni foins, ni dépenfes, pour entretenir les anciennes beautés, & pour y en ajoûter de nouvelles.

[blocks in formation]

LES trois figures de bronze que l'on voit fous ces trois numéros font à-peu-près de la même proportion : celle qui eft en pied a trois pouces neuf lignes de haut. Elles font de mauvais goût, l'exécution n'en eft pas bonne, & je ne

I.

voudrois pas garantir leur antiquité; mais au moins elles ont été copiées, ou plûtôt moulées fur l'antique, & par conféquent elles rappellent toûjours des monumens qui ont exifté. La feule différence qu'il y ait entre ces figures de mimes, c'est que celle que l'on voit au N°. Ï. est vêtue depuis la ceinture jufqu'en bas, qu'une drapperie qui lui prend les reins recouvre une efpéce de culotte qui defcend à la cheville du pied, & qu'enfin les jambes font couvertes d'une forte de bas où l'on n'apperçoit ni attache ni lien. Après la lecture de cette defcription, l'on ne manqueroit pas de décider que cette figure eft moderne: fi l'on ne fçavoit que les mimes paroiffoient avec toutes les efpéces de vêtement qui pouvoient les rendre comiques. Ainfi nul doute fur l'antiquité de cette figure, que prouvent invinciblement fon afpect & fa compofition. Les mimes des Nos. II. & III. font tous nuds. A l'égard des deux figures couchées ou affifes par terre, il faut obferver que cette attitude indiquoit chez les Romains le mépris que l'on avoit pour ceux qui étoient ainfi repréfentés & Pline nous apprend dans le panégyriquê de Trajan, que les fiéges & l'attitude d'être affis étoient. confacrés à la Nobleffe, & aux perfonnes conftituées en dignité.

N. IV.

CETTE figure de femme qui paroît représentée fortant du bain, eft accroupie avec nobleffe & élégance. Sa hauteur dans cette attitude, en y comprenant la plinte avec laquelle elle a été fondue, eft de trois pouces neuf lignes. Elle est bien confervée, à la réferve d'un pied, dont l'extrémité eft caffée. Cette figure qui n'eft fufceptible d'aucune explication, tire tout fon mérite du tour & de la compofition. Auffi les Modernes en ont fait un grand nombre de copies qui ont plû à tous les Connoiffeurs, & dans lefquelles, fans aucun autre changement, ils se font

contentés de renverser la main gauche, que ce modéle tient ouverte ; & l'on ne peut qu'approuver cette correction, qui étant plus fimple & plus naturelle, paroît donner au refte de la figure plus de mouvement, & même beaucoup plus de jufteffe pour l'attitude où on l'a mise, l'action dont on la suppose occupée.

PLANCHE LXX I.

N°. I.

&

pour

CE buste de marbre blanc eft le portrait d'une Dame Romaine. Il est grand comme nature, ou peu s'en faut. Je ne crois pas que l'on puiffe jamais fçavoir le nom de cette Dame, qui, à en juger par une partie de fa coëffure, paroît avoir vécu du temps d'Antonin le Pieux. Mais cela eft incertain; & comme ce monument n'eft accompagné d'aucune infcription, ni d'aucun attribut, je me renferme dans l'explication de ce qui a rapport à l'art. Ce morceau Romain eft affez bien confervé dans la partie de l'antique qui fubfifte, & la séparation d'avec la moderne eft marquée fur la Planche par une ligne ponctuée. C'eft Girardon qui a reftauré avec affez d'adreffe toute la partie baffe, par ordre de M. le Chancelier de Ponchartrain, ce grand Miniftre, qui fe délaffoit de fes occupations en jettant les yeux de temps en temps fur les monumens antiques qu'il avoit raffemblés. Il eftimoit fur-tout tellement celui-ci, qu'il le fit jetter en bronze, afin d'en multiplier, pour ainsi dire, la propriété. J'ai cédé à M. Pélerin ce bufte que j'avois acheté à l'inventaire de M. le Comte de Pontchar train. Le travail en eft affez bon, mais un peu lourd.

No. II.

No. II.

CETTE pierre, propre par fa grandeur à fervir de bague, représente un jeune homme dont le buste est armé. Elle eft de ce même travail d'incruftation en or fur un jaspe noir, dont j'ai parlé à la Planche LXI. en rapportant l'Hercule qui porte fa maffue fur l'épaule. Le deffein de la tête dont il s'agit eft d'un affez bon goût, mais d'une petite maniére: elle doit être mise au rang des inconnues.

N°. III.

CETTE Cornaline eft très-belle quant à la couleur & à la qualité de la pierre; mais elle est très-foible quant au travail de la gravûre, qui eft abfolument Romain, & ne peut guère être plus mauvais. Le chien qu'elle repréfente eft affez ridiculement & pefamment articulé, pour être confondu avec tout autre animal. Le mot MERCVRI gravé dans l'exergue eft un furnom que l'on trouve dans plufieurs infcriptions. Je crois qu'il défigne ici le nom du Gruter, P.cxxvi¿ Graveur de la pierre; & comme il me femble Graveurs Romains n'ont pas fouvent mis leurs noms fur leurs ouvrages, on ne me fçaura pas mauvais gré d'avoir rapporté cet exemple.

PLANCHE LXXII.

N°. I.

les que

CETTE belle tête de Médufe renfermée dans un rond ou plateau, dont le diamétre eft de quatre pouces neuf lignes, mérite d'être examinée par les Curieux, à caufe de fon travail, & de la façon dont le bronze est réparé. L'ouvrage eft Romain, ou plûtôt fait à Rome. Perfonne n'ignore combien il s'y trouvoit de bons Artistes étrangers, principalement depuis les Empereurs. J'ai rapporté ce morceau de face & de profil, pour mettre le Lecteur plus

Cc

CCL. &C.

en état de voir si l'idée que j'en ai eft jufte. Je crois donc que ce fujet, l'un de ceux que l'Antiquité a le plus répétés, a été copié d'après un des plus magnifiques ouvrages Grecs. Les tenons dont la faillie eft d'un peu plus de deux pouces, & dont les trous font marqués dans le profil, joints à la béliére qui partant du deffus de la tête fe réunit à l'ornement, me rendent inconcevable la destination de ce morceau. Au refte, il me fuffit que le bronze en queftion foit antique & bien confervé, & qu'enfin je le puiffe donner pour être du temps où les meilleurs ouvriers floriffoient à Rome.

No. II.

Ce petit buste de bronze est d'un bon travail, fin & délicat, & d'un tour agréable. Il représente la femme d'un Faune. On la reconnoît à fes deux petites cornes qui ne font encore que pointer; ce qui, joint aux autres détails marque fa jeuneffe. Voilà tout ce que j'ai à dire quant à l'hiftorique de ce petit monument, qui a deux pouces lignes de hauteur. Son ensemble & fon travail font heureux, n'offrent rien que de fort agréable, & c'est par cette raison que je me fuis déterminé à faire graver un bufte fi gracieux.

N°. III.

dix

CETTE petite urne de bronze a quatre pouces fept lignes dans toute fa hauteur. Elle a été destinée à une cérémonie funébre, ou du moins confacrée à la mémoire de JVLIVS GRATVS. On ne peut douter que ce ne foit un monument de la tendresse que FVLVIA fa fœur avoit pour lui; fentiment qui l'a engagée à faire graver l'infcription qu'on lit fur la petite urne, & qui eft écrite au-deffous du portrait en bufte repréfenté de relief, ainfi que l'infcription. On y reconnoît véritablement un jeune homme d'une belle figure. Tous les Antiquaires fçavent que les lettres L & C qui terminent cette infcription, s'expliquent ordinairement par ces deux mots LVBENS CVRAVIT,

« AnteriorContinuar »