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PLANCHE

LXXIII.

N°. I.

CETTE figure de bronze haute de fix pouces moins deux lignes eft d'une très-belle confervation, & d'une antiquité que l'on ne fçauroit contefter. Le vêtement qui couvre fon corps eft retenu par trois ceintures, dont l'une fait un double tour fur les hanches. Ce monument a bien du

rapport avec la figure que M. Gori a fait graver dans le Mufeum Etrufcum, & dans laquelle il a cru reconnoître Planche x le Dieu Camulus, ou le Dieu Mars, car tout eft nommé Dieu ou Déeffe par les Modernes qui ont écrit fur l'Antiquité; mais le morceau dont je viens de parler eft orné d'un cafque énorme, fuivant l'usage reçû dans l'Etrurie en certain temps: au lieu que la figure que je rapporte a une coëffure qui ne ressemble en rien à une armure de guerre. On peut s'en convaincre en examinant la tête deffinée féparément fous le même numéro. Toute la connoiffance de l'art jointe aux réflexions ne permet pas de douter que la figure ne foit Romaine; quand même je ferois forcé d'avouer que l'habillement eft Etrufque, & que les Romains l'auroient emprunté de leurs voisins, parce qu'il eft conftant qu'il paroît, à peu de différences près, fur plufieurs monumens Romains, entr'autres fur deux lampes fépulchrales gravées dans le Recueil de Pietro Santi, dont l'une repré-Antich. Lucer, fente un homme dans un char attelé de quatre chevaux, pl. 27. & 30, & l'autre un homme tout feul à qui l'on donne le nom d'Aurigator. Ces deux figures, habillées à-peu-près de la même maniére que celle-ci, m'autorifent à dire qu'elle représente un cocher du Cirque. En effet, la rapidité de la course obligeoit ceux qui pratiquoient cet exercice à se foûtenir contre la preflion de l'air, & à trouver fur euxmêmes un appui, pour résister à la violence de cette fatigue.

No. II.

CE Ce petit bronze dont la hauteur eft de deux pouces quatre lignes, représente l'Abondance. Le boiffeau qu'elle a fur la tête fe voit également fur plufieurs figures de Divinités; mais elle n'eft point ici métaphorique, fi cette Abondance a été confacrée à celle des grains, qui a fouvent été l'objet de l'inquiétude des Romains. La figure est bien confervée, & joliment touchée. Sa forme & fa compofition peuvent toûjours avoir leur utilité, & trouver leur place dans quelque tableau.

N°. III.

Je ne puis regarder cette petite figure de bronze, haute de deux pouces deux lignes, que comme une autre représentation de l'Abondance; mais il faut fur-tout observer que c'est un de ces ouvrages mêlés du goût de deux Nations, & j'avoue que c'eft-là fon plus grand mérite. Elle a été faite en Egypte, & il eft fort aifé d'y découvrir le goût Romain. Il en faut conclure qu'elle a été fabriquée depuis que les Romains ont fait la conquête de ce beau pays. La corne d'abondance n'auroit pas été fi mal exécutée, fi les Egyptiens euffent été accoûtumés à traiter de pareils fymboles, mais ils n'y étoient point exercés.

Je trouve une extrême fatisfaction à rapporter des morceaux qui offrent ainsi un exemple de maniéres & de cultes mêlés ; & l'on remarquera fans peine ce mélange dans le petit bronze que je viens d'expliquer, & qui m'a été envoyé d'Egypte, où il a certainement été trouvé.

N. IV.

Ce petit mafque de bronze a trois pouces de haut, & un peu plus de deux de largeur. Il eft creux & fondu affez groffiérement. Il confirme, ce me femble, le jugement que j'ai porté fur le mafque de terre cuite que l'on yoit au

N°. IV. de la Planche LI. c'est-à-dire, qu'ils peuvent avoir fervi l'un & l'autre à couvrir en certaines occafions le le vifage des Dieux Lares.

PLANCHE LX XIV.

APRE's avoir fait fur la deftination de ce bronze toutes les réflexions poffibles, je fuis enfin perfuadé que c'étoit l'ajoutoir d'un jet-d'eau ; & afin que le Lecteur en foit affûré, j'expofe à fes yeux ce monument fous quatre aspects différens. C'est la figure d'un efclave moiffonneur ou vendangeur. Le petit pot qu'il tient de la main gauche, & la ferpette ou faucille qu'il a dans la droite indiquent du moins l'une ou l'autre de ces occupations. Cette figure accroupie, & d'une affez mauvaise exécution, a fix pouces quatre lignes de haut dans l'attitude de repos que préfentent les Nos. I. & II. Elle eft creuse, & a une ouverture à fes deux extrémités. L'ouverture inférieure N°. III. a dix-fept lignes de diamètre, & la fupérieure No. IV. n'en a que cinq. Ma conjecture eft fondée sur cette différence & la proportion du morceau. L'anfe qu'on voit de chaque côté, à laquelle a donné lieu la fuppofition des treffes de cheveux tant bien que mal rendues, fervoit, felon moi, à donner plus de prife, afin de faciliter les moyens de tourner l'ajoutoir, foit qu'on voulût ouvrir, ou qu'il fallût fermer le paffage de l'eau. On ne fçauroit d'ailleurs douter que les Romains n'aient été verfés dans l'art de faire des jets-d'eau. Le feul Poëte Manilius suffit pour le prouver, fans qu'on fe donne la peine de parcourir les anciens Auteurs, dont la plupart font mention des machines hydrauliques & de leurs ufages: ce qui confirme mon explication.

PLANCHES LXXV. VI. VII. & VIII.

HUIT têtes de femmes rempliffent ces quatre Planches. Elles font de terre cuite, & ont chacune depuis douze jufqu'à quinze lignes de hauteur: celle que l'on voit au N°. I. eft plus grande environ du double. Cette quantité de têtes de la même matiére, à-peu-près du même volume, trouvées toutes en Egypte, & qui n'ont aucun attribut de Divinité, me persuade qu'elles pouvoient être quelquesunes de ces poupées dont Cicéron, dans fes lettres à Atticus, parle, comme de portraits de Dames Romaines, tels que l'on en avoit trouvé plusieurs dans les équipages Let. vi. trad. de de quelques jeunes gens. Voici fes paroles. «< On y trouve » les portraits de cinq de nos Dames.»

M. l'Abbé Mon

gault.

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L'Abbé Mongault donne dans fa Note à ces portraits les noms « d'Imaguncula, de Plaguncula, petites poupées de cire qui repréfentoient les personnes au naturel, & dont on fe fervoit dans les enchantemens. ».

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▸ Ce dernier trait d'une fuperftition reçûe chez les Romains augmentoit le mérite de la confiance, & par conféquent celui de la faveur que ces Dames accordoient à leurs amans. Mais il ne s'agit point ici de ces fortes de réflexions. Je n'ignore pas que ces poupées en buftes ou en figures entiéres étoient ordinairement de cire; mais il fe pouvoit auffi que, pour les rendre plus durables & les préferver d'un grand nombre d'inconvéniens, on les eût fait de terre, par la raison qu'on avoit la reffource de la cuite, pour garantir ces figures des accidens inévitables à celles de cire. Je n'infifte point fur cette conjecture, de quelque vraisemblance qu'elle puiffe être accompagnée; mais j'ajoûterai qu'il ne paroît en aucun endroit que les Anciens aient jamais confacré la peinture à cette confolation des amans dans l'absence. Leur fresque étant pareille à la nôtre, ne pouvoit fervir à cet ufage. Il eft vrai que la

peinture en détrempe pouvoit s'y trouver employée, mais plus fûrement encore celle qu'ils nommoient encauftique, & dans laquelle on mettoit la cire coloriée en fufion comme j'ai effayé de le démontrer dans un Mémoire lû à l'Académie des Belles-Lettres; & l'on fent bien que, foit en détrempe, foit en peinture encauftique, il aura été facile d'établir les couleurs fur des morceaux de bois ou de métal. Je conviens donc que ces deux genres de peinture pouvoient être confacrés à ce galant ufage. Cependant, quoique plus commodes & plus aisés à porter que les ouvrages modelés, nous ne voyons par aucun paffage que les Anciens les aient mis en pratique. Le Lecteur jugera de ces conjectures. En attendant, il me femble avoir affez bien tiré parti de toutes ces têtes, en les préfentant de face, de profil, par-derriére, des trois quarts, enfin felon l'aspect capable de faire paroître plus diftinctement & avec plus de graces les différentes façons dont les Dames Grecques & Romaines ont arrangé leurs coëffures, au moins dans certains temps; & pour ne point caufer d'erreur, j'avertis que les deux aspects de la même tête portent le même numéro. Cette petite recherche eft plus capable de fatisfaire la curiosité, que la vûe des médailles qui ne fçauroient nous apprendre auffi parfaitement les différentes maniéres dont se coëffoient les Dames Grecques & Romaines. J'avois efpéré que ces mêmes médailles auroient fervi à fixer précisément le temps où la mode de ces coëffures étoit en regne; mais on s'expoferoit à trop d'erreurs par cette voie. Cependant fi l'on confulte les monumens, & principalement les bustes & ftatues antiques, il paroîtra que ces huit têtes font prefque toutes du temps des premiers Empereurs, & quoiqu'elles foient de travail différent, c'est-à-dire, Grec & Romain, je n'ai pas voulu les féparer, non-feulement à cause de leur reffemblance générale, mais par la raison qu'elles ont toutes été trouvées en Egypte, d'où elles me font parvenues. Remarquez fur-tout les têtes des No. V.

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