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& VIII. de la Planche LXXVII. & LXXVIII. Elles ne font parées que d'un feul pendant à l'oreille gauche. Cette fingularité confirmée par deux exemples, mérite, ce me semble, une attention particuliére; & je ne me fouviens même de l'avoir vû rapportée par aucun Auteur.

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PLANCHE LXXIX.

N°. I.

CE fragment d'émail est un échantillon de la magnificence des Romains dans l'intérieur de leurs maisons. Je le dois à la politeffe de M. Schoepflin qui l'avoit apporté de Rome. La couleur en eft d'un bleu clair, extrêmement beau; & fon épaiffeur eft d'environ fept lignes, fa plus grande hauteur eft de quatre pouces deux lignes, & fa plus grande largeur de trois pouces quatre lignes. Il faifoit partie d'une incruftation dont les murailles étoient revêtues. Ces fortes d'incruftations étoient fouvent enrichies d'ornemens dorés, pareils à ceux que nous voyons fur ce morceau. La figure eft drappée, & le goût du deffein fait juger que l'ouvrage eft Romain; elle représente une Victoire, les aîles éployées, & tenant avec les mains une espéce de banderolle. C'est ainsi qu'elle paroît fur plufieurs médailles, du temps de Septime Sévère; elle a trois pouces trois lignes de hauteur, & la tête en eft presqu'effacée. Cet ouvrage devoit produire un effet magnifique. Le bleu turquin de l'émail & les ornemens dorés ont encore aujourd'hui de l'éclat; mais ce n'eft qu'une foible image de celui dont ils ont dû briller dans le temps qu'ils n'avoient effuyé aucun accident. Ce qui mérite encore notre attention, c'eft que l'or a été mis en feuille, & a tenu fur la furface polie de l'émail par le moyen d'un mordant qui m'a déjà étonné plufieurs fois. Il n'est pas douteux que la pratique de dorer ainfi à froid ne soit très-ancienne. Ön la trouve exécutée en Egypte. Outre les Auteurs qui en parlent,

parlent, & que j'ai cités dans un Mémoire lû à l'Académie

tom, II, & VII.

des Belles-Lettres. On peut voir ce que le P. Sicard dit Miff. du Levant, de l'éclat & de la confervation de ces dorures mêlées avec des couleurs rouges & bleues.

On verra ici fans doute avec plaifir l'explication de cette pratique des Anciens. J'en fuis redevable aux expériences & à l'amitié de M. Rouelle. La fimplicité de cette opération, que l'on a tant admirée fans la connoître, nous avertit de fufpendre notre jugement fur les chofes que nous n'avons pas examinées avec affez d'attention. Les mordans font des efpéces de vernis, de gommes, de réfines, qui n'étant pas encore fecs, ont la propriété de happer les corps légers qu'on leur préfente. Les huiles graffes qui fe defféchent à l'air, les réfines liquides & celles qui ont befoin d'être diffoutes pour obéir au pinceau, font les matiéres qui peuvent compofer les mordans. On couvre légérement & également l'efpace de quelque corps folide que ce foit, quand on le veut dorer ou colorier. Les Anciens connoiffoient plufieurs efpéces de térébenthine, de mastic, enfin la gomme de varni, ou le fendarak, & grand nombre de réfines. Tout cela pouvoit leur fervir de mordant, & les mettoit en état d'en varier les combinaifons; mais les matiéres les plus communes fe trouvoient fuffifantes pour cette opération. Ce n'eft point au mordant que l'on doit la durée des couleurs : c'eft aux matiéres de ces mêmes couleurs, qui étant une fois appliquées & établies, n'ont pû se détruire, puifqu'elles font d'une nature à n'être pénétrées ni par l'air, ni par l'humidité.

L'or, le bleu & le rouge font, comme je l'ai déja dit, les corps qui fe font confervés en Egypte durant tant de fiécles voyons par quelle raison. Rien n'eft capable de détruire l'or, fur-tout quand la feuille a été employée avec une certaine épaiffeur; on a pû d'ailleurs mettre en poudre cet or en feuilles fur le mordant liquide, ou bien avec un pinceau imbibé de ce même mordant; & il aura tenu, si

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toute la furface a été exactement couverte

mais l'or employé de cette derniére façon eft beaucoup moins brillant.

Le bleu a la même folidité que l'or : c'est une matiére vitrefcible naturelle, c'eft l'outremer.

Le rouge eft fait avec le cinabre ou le minium des Anciens. Cette matiére, foit minérale, foit factice, eft une combinaison du soufre & du mercure : elle eft des plus durables.

La nature de ces couleurs les a donc mises en état de résister aux injures du temps, fur-tout dans des pays aussi chauds que la haute Egypte, & dans l'intérieur de quelques maifons de la ville de Rome. L'une & l'autre situation avoit les mêmes dégrés de féchereffe : ce que nous apprenons des Voyageurs, & en examinant des monumens tels que celui-ci, reste du luxe & de la fomptuofité des Romains. Nous pouvons donc dorer tous les corps polis que nous aurons envie d'orner; nous pouvons employer à notre gré les deux autres couleurs dont je viens de parler : & fi nos dorures ne fubfiftent pas plus long-temps, ce n'eft point la faute des mordans, il faut s'en prendre à l'humidité, au changement des faisons, à la mauvaise opération des ouvriers, à leur friponnerie fur la légéreté des feuilles d'or, enfin au peu de solidité des corps fur lefquels nous faifons appliquer ces ornemens.

No. II.

CETTE boucle ou agraffe de bronze a fept pouces dans fa plus grande longueur, & trois dans fa plus grande hauteur. Elle eft auffi forte que bien confervée. Il ne paroît point par fon volume qu'elle ait été destinée à retenir aucune pièce de l'habillement d'un homme ou d'une femme: il eft plus vraisemblable qu'elle ait fervi à relever des rideaux & des portiéres dans l'intérieur des maisons. Le reffort de fon épingle n'a rien perdu de son élasticité

& il se foûmet encore avec peine à l'extrémité concave qui doit l'arrêter & le retenir.

N°. III. & IV.

Je ne fuis pas trop affûré de l'usage auquel les Romains employoient ces fortes de boutons de cuivre. Cependant on en trouve affez fouvent pour croire qu'ils étoient communs ; & quoique ceux-ci n'aient ni trou ni queue, ni rien enfin qui pût les attacher, je conjecture qu'ils entroient dans la parure de l'homme ou du cheval; qu'ils ont apparemment été collés entre deux cuirs, & que celui de deffus en confervant un recouvrement, a été fendu, pour laiffer paroître le relief dont le bouton eft orné; ou plûtôt ces morceaux ont peut-être été fertis dans un cuivre plus mince, & ce cuivre ayant une queue ou des trous, a été placé à une des extrémités des lambrequins pour leur ornement, comme tous les monumens nous en inftruisent. Quoi qu'il en foit, je ne les rapporte l'un & l'autre de face & de profil, qu'à cause qu'ils font faits avec goût, fur-tout celui du N°. IV. fur lequel on voit une tête de femme. On y peut néanmoins diftinguer un tenon, mais qui n'a point été percé. Le genre du travail fait juger que ces deux petits morceaux ne font pas du même temps, & que la tête du tigre eft de beaucoup plus ancienne, le travail en étant plus fec & plus auftère. Le N°. III. a treize lignes de diamétre, & le N°. IV. en a neuf : l'un & l'autre font exactement de forme circulaire.

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On trouva en 1748. dans la fouille faite pour le potager de Choisi deux tombeaux de pierre qui n'étoient chargés d'aucune infcription. Comme le peu de chofes qu'ils renfermoient fut diffipé, & que je ne pourrois en parler que

fur des récits, je passe à un autre objet. Affez près de ces tombeaux, & toûjours en continuant les mêmes travaux, on en découvrit un autre au commencement de 1751. Il étoit également fans fculpture & fans infcription: fa longueur étoit de quatre pieds fept pouces, & fa direction étoit la même que celle des deux premiers, c'eft-à-dire, du Sud au Nord. M. de Tournehem, Directeur général des bâtimens, qui n'a négligé aucune des parties commifes à fes foins, ordonna que l'on confervât ce qui s'y trouva, il m'en fit présent, & en voici un état.

Quelques morceaux de cuivre formant deux cercles, un du diamètre d'un pouce, & un autre plus grand, dont la partie extérieure eft à pans; tous deux affez peu épais, mais rompus & tels qu'il feroit inutile de les deffiner.

Quatre boutons de verre & de différentes formes, dont un plat, & travaillé au tour; les trois autres différens par leur couleur, l'un étant verd, l'autre blanc, & le troifiéme noir, marqué de quatre affez gros points blancs, au milieu defquels il y en a un rouge; mais tous les quatre de même épaiffeur n'ont jamais eu de queue, & ne paroiffent avoir été d'aucun usage, fi on ne les a pas revêtus de quelqu'étoffe, ou fertis de quelque métal.

Plufieurs petits morceaux de verre, dont deux formés en boutons, mais avec des queues, & d'autres petits fragmens de même nature, dont l'usage eft inconnu, & la forme peu intéreflante.

Six petits morceaux de verre à pans, formés comme des clous, mais fans têtes, & longs depuis cinq lignes jusqu'à dix.

Six autres morceaux de même matiére, dont un en olive, deux autres ronds., imitant l'agathe, & trois formés en petites corbeilles, une blanche & deux vertes. Tous ces derniers morceaux font percés pour être portés.

Deux petits anneaux pour le doigt d'un enfant, formés fimplement par un fil d'or de la groffeur d'une petite épin gle, & très-fimplement noués,

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