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en l'apportant en France : car il paroît beaucoup mieux confervé dans la copie que le P. Bonanni en a donnée. Il est de marbre blanc, & dans ce qui fubfifte il a dix-huit pouces neuf lignes de hauteur. Son plan eft triangulaire, & chacune des trois faces de fa base a treize pouces dix lignes. C'eft fur cette base ou premier focle qu'eft porté fur trois pates de gryphon ou de lion le corps de ce candélabre, pareil à ceux qui fe voient dans l'Eglife de fainte Agnès, hors des murs de Rome. Ce corps, pour une plus grande folidité, eft foûtenu par un cylindre réfervé dans l'épaiffeur. Sur chacune des faces eft représentée en basrelief une figure debout, dont je donnerai la defcription. J'ai fait remarquer que ce morceau étoit triangulaire; mais, pour éviter l'aigreur, les angles formés par la rencontre de chaque face de la base font arrondis: & le Sculpteur la même raison a orné les tranches du corps d'un graipar netis qui répand une plus grande richeffe, & qui embellit la compofition. Auffi, pour le bel enfemble, & fur-tout pour la fineffe du travail des ornemens, on ne peut rien voir de mieux exécuté, & ce monument, quand il étoit dans fon entier, devoit être magnifique.

Après la lecture de cette description, il n'y a perfonne qui s'avise de le prendre pour un autel. Je le regarde, avec le P. Bonanni, comme un de ces candélabres que l'on plaçoit dans les temples pour les éclairer, & qui dans les bas-reliefs fe trouvent fouvent auprès des autels. On en faifoit auffi usage dans les maisons des Particuliers.

La premiére figure représentée sur le morceau tel qu'il fe trouve aujourd'hui, eft la Diane connue fous le nom de DIANA LVCIFERA. Elle tient dans une main une torche, de l'autre un arc, & fur fon épaule un carquois.

No. II.

Le P. Bonanni veut que la feconde foit une Bacchante. Je crois que c'eft plûtôt un Bacchus. Il tient d'une main

une corne, & de l'autre un thyrfe. C'est avec ces attributs

que ce Dieu eft représenté ur plufieurs pierres gravées, &

Tom.III. Pl.xxI. entr'autres fur une de celles que le Chevalier Maffei a données dans fon Recueil. Il eft ici habillé en femme, comme il le paroît fur plufieurs autres monumens antiques,

No. III.

La troifiéme figure eft Mercure, reconnoissable au caducée & aux talonniéres. Il tient une patère de la main droite, fymbole que les Anciens ont donné à prefque toutes les Divinités. S'il étoit poffible de s'affûrer que ce candélabre eût été seulement deftiné à fervir d'ornement

à quelques palais, il y auroit lieu de croire que celui qui le poffédoit, honoroit d'un culte particulier les trois Divinités qui y font représentées.

PLANCHE LXXXIII.

No. I. II. & III.

CE morceau de marbre blanc, dont la hauteur eft de huit pouces quatre lignes, & dont la largeur a deux lignes de plus dans fa partie inférieure, & deux pouces de moins dans la fupérieure, eft le fragment d'un candélabre Romain, pareil à celui de la Planche précédente, & dont le plan eft pareillement triangulaire. Le temps a heureufement épargné dans celui-ci la partie sculptée, du moins celle où les trois figures font placées. On voit qu'il y avoit auffi un grainetis fur la tranche de chaque angle, & que ce morceau étoit riche. Cependant, à juger par la place ou la largeur de l'efpace que les figures occupent, la totalité du morceau n'étoit pas comparable en grandeur à celui qui précéde. Ces figures me paroiffent être des Bacchantes. La premiére tient une espéce de tympanum. Sur Miscell. erud, an- un monument rapporté par Spon, on voit une Bacchante avec un pareil inftrument. La feconde tient une coupe,

tiq. p. 25.

&

& la troifiéme un thyrfe. Ces figures ont huit pouces & demi de proportion. J'ai acheté ce morceau à l'inventaire de M. Gendron: mais j'ignore où il a été trouvé, & comment il étoit parvenu jufqu'à ce cabinet, où il n'y avoit que ce feul monument antique.

PLANCHE LXXXIV.

Les deux têtes représentées chacune fous un double aspect dans la Planche fuivante, & qui font accompagnées de béliéres, paroiffent être des offrandes, ou des Ex-voto faits pour être fufpendus dans quelque temple. Si l'on veut admettre cette idée, leur confécration & le nom de la Divinité qui en étoit l'objet, feroient encore également lettres closes; cependant on pourroit deviner la raison qui a pû faire confacrer la tête de cet enfant. On aime si naturellement ceux de cet âge, que dans tous les temps on a imploré en leur faveur le fecours du Ciel; c'eft auffi la raison qui nous fait rencontrer tant de têtes d'enfant parmi les monumens antiques. Il femble même qu'on affectoit de les représenter fur des camées en agathe, qui, comme on le fçait, entroient dans les parures & dans les ornemens. J'ai dit que les têtes fur lesquelles on trouve des béliéres, paroiffent avoir été des offrandes ou des Ex-voto. J'ajoûte avec M. Gori qu'on pourroit quelquefois leur attribuer Muf. Etrufc une autre destination, & les regarder comme des ornemens t. II. p. 180. que les Miniftres des Dieux fufpendoient à leur cou, ou plaçoient fur leur poitrine. J'établis cette conjecture fur la figure gravée dans la Planche LXXXIV. que j'ai tirée d'un Recueil de deffeins qui appartient à M. Falconnet, de l'Académie des Belles-Lettres, & qui a été fait par Etienne Duperac. Il étoit Peintre, avoit demeuré longtemps en Italie, & les Amateurs d'antiquités, qui étoient pour-lors en grand nombre, l'avoient fouvent employé à deffiner les monumens les plus curieux, à mefure qu'on

Ff

antiq. p. 150,

en faifoit la découverte. Son Recueil contient beaucoup de ftatues & de bas-reliefs qui nous font connus, & la fidélité avec laquelle ils font deffinés, eft un garant de l'exactitude de tout ce qui compofe ce même Recueil. Mais pour prouver que le monument rapporté dans cette Planche fur la foi de ce Deffinateur, a exifté, & qu'il n'est point un fruit de l'imagination du Peintre, c'eft qu'il fe trouvoit deffiné dans un Manufcrit de M. de Bagaris que Mifcell. erud. Spon avoit confulté, & d'après lequel il l'a publié, mais avec quelques différences, qui m'ont engagé à le faire graver de nouveau, non-feulement pour mieux établir mon sentiment; mais parce qu'autant que j'en puis juger, le deffein de Duperac eft plus exact. Spon dit que ce monument étoit de marbre, & pour l'expliquer il rapporte un paffage de Denys d'Halycarnaffe, où il eft dit que Prêtre ou la Prêtreffe de Cybéle portoient des fimulacres fufpendus à leur cou. Suidas dit la même chofe, & Ficoroni a rapporté une bulle à laquelle eft attachée avec une chaîne d'or l'image d'une figure Panthée. Je crois qu'après de pareils témoignages on n'hésitera pas à regarder plufieurs de ces têtes garnies de béliéres, comme des monumens les Miniftres des Dieux fufpendoient à leur cou.

Antiq. Rom. liv.

II. c. 19.

In voce: ra.
La bolla d'oro. p.8.

PLANCHE

N°. I.

LXXXV.

le

que

La tête de cet enfant eft de bronze : la touche en eft large; elle eft travaillée dans le goût de la chair, & c'eft, pour réuffir, une voie auffi affûrée aux Modernes, qu'elle l'a été aux Anciens. Les yeux de cette tête font d'argent; ce que je rapporte pour une plus grande exactitude, & non pour une plus grande authenticité. Il eft vrai que cette diftinction dans les bronzes les fait rechercher davantage par les Curieux, & que par conféquent elle en augmente le prix; cependant il eft aifé de fentir combien il a été

facile à ceux qui ont voulu tromper, d'ajouter un pareil mérite à leurs copies: mais cette fuppofition fe diftingue & fe reconnoît comme toutes les autres. Quoi qu'il en foit, je puis affûrer que cette tête eft antique & Romaine. Elle eft creufe & ouverte par le haut comme par le bas; la raison de cette fingularité m'eft inconnue. On voit encore à l'ouverture d'en-haut non-feulement la place d'un couvercle, mais encore celle d'une charniére. Quant à l'ouverture inférieure, je pourrois croire que le fond a été détruit, que dans la fuite on en a limé les bords, fi plufieurs exemples & notamment le N°. fuivant ne m'affûroient qu'il étoit d'ufage de le traiter ainfi dans cette espéce d'ornement. Ces deux ouvertures n'ont peut-être d'autre objet que la légéreté du bronze. Ce monument, que j'ai acheté chez M. Crozat, a quatre pouces & demi dans toute fa hauteur. Il a été poffédé par M. de Peiresc; du moins il se trouve deffiné dans un Recueil d'antiquités qui vient de lui, & qui eft dans le cabinet des eftampes du Roi No. II.

LA

La parure & les ornemens de cette petite tête de femme ne font pas ordinaires. La coëffure reffemble beaucoup à celle du N°. I. de la Planche LX. dont le goût me paroît avoir du rapport à celui des Etrufques. Le haut & le bas de cette tête font ouverts, fans avoir jamais eu ni fond ni couvercle; la fonte en eft légère, elle a quatre pouces. moins une ligne de hauteur, & la béliére dont le mouvement fubfifte encore, a onze lignes d'ouverture. Les yeux de la figure font d'argent, & fa confervation ne sçauroit être plus parfaite. Le collier dont ce bufte eft orné, & qui préfente encore une auffi grande fingularité que fa coëffure, Te trouve avec plufieurs autres rapports dans un bufte de même matiére, & que M. Gori a publié. Il lui donne le Muf. Etruf. p. 80i nom de Proferpine. Je ne puis parler des proportions, car

il ne les rapporte prefque jamais; ce qui devient néanmoins

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