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important pour juger de la diftinction des monumens; mais je puis affûrer que fon deffein indique la même forme, & vraisemblablement le même ufage, quoiqu'il ait des aîles à la tête. M. Gori a crû devoir ranger cette tête parmi les monumens Etrufques, & la regarder comme celle de Proferpine dont le culte étoit établi en Etrurie, fondé fur ce qu'elle a dos aîles, & que les Etrufques ont été les feuls peuples qui en aient donné aux Divinités infernales. Je ne puis qu'approuver la conjecture d'un fi fçavant homme, vis-à-vis duquel je ne prétends pas m'ériger en critique, & que j'eftime par tant de raisons; mais il me permettra de lui dire, en parlant toûjours d'après les Planches qu'il nous a données, que dans la feconde tête de fa même Planche, que je compare à la mienne, il s'en faut beaucoup que je trouve le goût Etrufque, ou bien étranger aux Romains, comme on le diftingue aifément dans la tête rapportée immédiatement auparavant, & que M.Gori attribue cependant à la même Divinité. Outre les différences considérables qui font dans leurs attributs, celle du goût & du travail qu'on ne laiffe pas d'appercevoir dans la Planche, ces têtes ne paroiffent ni du même pays, ni du même temps. Mais pour en juger avec certitude il faudroit confulter le monument, parce que les gravûres indiquent feulement les formes, fans pouvoir donner une connoiffance parfaite du goût national. Je fuis très-fouvent dans le même cas, malgré la peine que m'a donnée l'explication des Planches de ce Recueil. Le morceau que je rapporte a encore appartenu à M. de Peirefc, & eft du nombre de ceux qu'il a fait deffiner, & qui compofent le Recueil dont j'ai parlé ci-dessus.

No. III

CETTE urne d'albâtre, de la plus belle confervation, a dix pouces de haut, & cinq pouces trois lignes dans la plus grande largeur de fes anfes. Elle m'a été envoyée d'Egypte

il y a plufieurs années, & je l'ai donnée au cabinet de fainte Genevieve, où elle est encore. De quelque pays qu'elle vienne, fa forme eft Romaine, & elle étoit deftinée à renfermer des cendres. Elle fera, fi l'on veut, un de ces monumens intermédiaires, qui prouvent le commerce d'un pays avec un autre. On ne fçauroit douter de celui des Romains avec les Egyptiens, fur-tout après que les premiers furent entrés en Egypte par le droit de conquête. Ils y coururent en foule : mais ils demeurérent conftans dans la pratique de leurs ufages; loin d'embaumer leurs corps, on continua de les brûler. C'est tout ce que peut dire fur un morceau auffi fimple dans fa forme, & qui n'a d'ailleurs pas plus de caractères que d'ornemens fur lefquels on puiffe établir un jugement. Il faut fur-tout faire attention à la belle fimplicité de l'anse qui est développée fous le même numéro.

PLANCHE

N. I.

LXXXVI.

l'on

CETTE plaque de bronze qui peut-être n'eft qu'un fragment, m'eft venue d'Egypte, où elle a été trouvée. Le buste d'Ofiris & d'Ifis qu'on y voit feroient croire d'abord qu'elle eft d'un temps où le culte de ces Divinités fubfistoit encore avec un certain éclat; mais comme le mauvais goût du travail nous empêche de remonter fi haut, & que Le fujet de la composition semble fe rapporter à quelqu'un des fucceffeurs de Conftantin, il faut tâcher de concilier ces contradictions apparentes, & chercher dans le bast Empire un Prince qui ait affez favorifé le Paganisme, pour qu'on en puiffe retrouver des traces dans les monumen's de fon regne. C'eft ce qui eft arrivé du temps de Julien furnommé l'Apoftat. On fçait qu'il ne fut pas plûtôt fur le thrône, qu'il s'efforça de rétablir un culte que l'on abandonnoit de tous côtés, & qu'il témoigna un refpect parti culier pour les Divinités Egyptiennes. Nous avons de fes Ffüj

médailles où il eft représenté sous la forme de Sérapis, & où sa tête est en regard avec celle d'Ifis, prefque de la même maniére qu'on le voit fur cette plaque de bronze. Quelquefois il paroît fous les traits d'Oliris, & la Déeffe Ilis occupe l'autre côté de la médaille. Ces monumens expliquent celui que j'examine. On y voit la tête de Julien couronnée de rayons comme celle d'Osiris, & à côté de celle d'Ifis. Au-deffous font placés deux Génies qui approchent du globe de la terre deux cornes d'abondance, qu'ils lient étroitement, comme pour défigner le bonheur dont les hommes vont jouir fous la protection d'Ifis, & le gouvernement de Julien. Les deux fceptres que les buftes tiennent dans leurs mains font le symbole de la puissance que la Déeffe avoit dans le Ciel, & de celle que le Prince exerçoit fur la terre. Enfin, fi les deux efpéces d'obélifques qui font aux côtés des deux bustes ne font pas de fimples ornemens familiers aux Artiftes Egyptiens, à cause du grand nombre d'obélisques ou de colomnes qu'ils avoient fous les yeux, on pourra les regarder comme le préfage de la durée du nouveau regne, & de la protection que Julien accordoit à l'ancienne Religion du pays.

Cette plaque qui, comme je l'ai déja dit, est d'une très-mauvaise exécution, n'eft pas des mieux confervées; elle a été caffée; mais les figures & les ornemens n'en font point endommagés. Elle a quatre pouces huit lignes de largeur, & autant de hauteur, en y comprenant la queue, qui eft large & haute de treize lignes.

No. II.

LES Antiquaires donnent le nom de contorniates à des médailles de cuivre frappées vers le quatrième fiécle de l'Ere vulgaire, fur lefquelles on a renouvellé la mémoire des Princes & des Auteurs les plus célébres de l'antiquité; mais où l'on s'eft principalement attaché à célébrer les athlétes qui s'étoient diftingués dans les jeux du cirque,

& les Empereurs qui avoient protégé ces exercices. Ces médailles font affez communes ; mais je doute que jusqu'à préfent on ait vû un camée contorniate parfaitement femblable à ces médailles, par le goût de la gravûre, par la difpofition du fujet, & le motif que l'on s'eft propofé; tel en un mot, que celui de ce numéro. C'est une agathe de deux couleurs, dont le fond eft tranfparent, & qui représente l'Empereur Néron dans un char à quatre che→ vaux, la tête rayonnante, tenant d'une main le fceptre confulaire, & de l'autre la mappa, efpéce de nappe que l'on jettoit dans le cirque pour faire commencer les jeux, & dont on récompenfoit enfuite le vainqueur. Autour de la tête du Prince font écrits en affez mauvais caractères & de relief ces mots, NEPON AFOTCTE, Néron Augufte. On voit par-là l'ignorance des Graveurs qui ne fçavoient ni écrire, ni prononcer exactement les mots de leur propre langue. L'ouvrage me paroît être du commencement du quatriéme fiécle, & avoir été fait à Conftantinople. Le goût de Néron pour les fpectacles du cirque, les victoires qu'il y remporta plufieurs fois, & les efforts qu'il fit pour mériter par des exercices fi peu dignes d'un Empereur Romain une gloire qu'il auroit dû méprifer, avoient frappé la multitude, & long-temps après fa mort ceux qui avoient l'intendance de ces jeux, étoient bien aises de foûtenir l'émulation par l'exemple d'un Empereur qui n'avoit pas dédaigné de defcendre du thrône, pour fe mêler dans la foule des athlétes. Ne fuffifoit-il pas que l'hiftoire eût appris à la Poftérité les extravagances de ce Prince inhumain? falloit-il que le plus brillant des contorniates & le plus fingulier des monumens en ce genre fût deftiné à en perpétuer le fouvenir?

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PLANCHE

LXXXVII.

A quoi bon rapporter ici plufieurs conjectures incertaines fur les bas-reliefs dont ce monument eft orné? Il me paroît une simple coupe ou taffe à boire, fur laquelle un Particulier a fait représenter quelques chaffes où il s'étoit diftingué. Peut-être auffi cette gravûre n'eft-elle qu'un effet de l'imagination de l'Artifte, où l'on croit démêler un usage qui revient affez à nos chaffes aux toiles pour enfermer les animaux. A l'égard des poiffons que l'on voit au-deffous, je comprends encore moins ce qu'ils fignifient. S'ils ne viennent pas du caprice de l'Artiste, ils femblent faire allusion à un point de Mythologie que nous ne connoiffons pas, & caractériser trois fignes du Zodiaque terminés en poiffons, le Taureau, le Capricorne & le Lion. Ce morceau eft d'argent. Il a deux pouces de hauteur & trois pouces cinq lignes de diamétre. L'ouvrage en eft d'une grande beauté, & les figures qui font pleines d'efprit & de mouvement, ont en même temps, malgré le peu de faillie du bas-relief, tout l'effet qu'on en devoit attendre. J'ajoûterai que ce morceau n'a pas fouffert la moindre altération dans aucune de fes parties, & qu'il n'étoit ni plus beau ni plus complet en fortant de la main de l'ouvrier.

Je ne parle point d'un nom que je crois Grec, & que l'on voit écrit fur le deffous de la taffe. Les lettres formées avec des points, font fi mal en ordre, qu'elles ne peuvent fe lire, & c'est par cette raison que je ne m'y fuis guère arrêté.

On trouve un deffein de cette taffe dans le Recueil de M. de Peiresc déja indiqué. Je dois enfin avertir que par inadvertence la Planche préfente cette compofition dans un fens contraire à celui de l'original, & que pour développer le bas-relief qui circule autour de la taffe, on a exprimé par des lettres de rencontre l'ordre de fa difpofition. PLANCHE

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