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PLANCHE

LXXXVIII.

CE vafe de bronze qui fut trouvé, il y a environ dix ans, à Siftéron, petite ville de Provence, a trois pouces neuf lignes de hauteur, & quatre pouces dans fon plus grand diamétre. Les huit figures qui y font représentées en basrelief ont deux pouces neuf lignes de hauteur, & font d'un travail groffier, mais de goût. On distingue aifément qu'elles ont été faites d'après une belle chofe. Le vase est bien confervé, & l'ove, dont l'extrémité fupérieure est ornée, eft d'une bonne maniére, & femblable à celui qui fait partie du chapiteau de l'ordre Ionique. Le vase vû dans fes quatre afpects préfente toutes les figures qui entrent dans la composition du bas-relief. Je dois feulement avertir qu'elles s'y trouvent dans un fens contraire à celui de l'original, faute d'attention qu'on ne fçauroit imputer qu'au Graveur, & à laquelle il est aifé de fuppléer, quand on en eft prévenu. A la fimple inspection de ce monument on reconnoît un combat de Lutteurs. Il falloit, pour gagner le prix dans cet exercice, combattre trois fois de fuite, & terraffer au moins deux fois fon adverfaire. C'est pourquoi le vainqueur eft ici dans deux fituations différentes, & toûjours prêt à renverfer fon antagoniste. Deux hommes debout, & couverts d'une efpéce de manteau, peuvent être regardés comme les maîtres de Palestre, ou les fonnes prépofées à la diftribution des prix. Deux couronnes font placées auprès du vainqueur, comme pour ranimer fon courage. Quant à l'une de ces couronnes que l'on apperçoit au-deffus d'un trepied, Paufanias nous apprend Voyage de l'Eli qu'autrefois dans les jeux Olympiques les couronnes deftinées aux vainqueurs étoient expofées fur des trepieds d'airain & cet ufage a dû s'introduire & fe perpétuer en d'autres endroits. Enfin les deux ftatues d'Hercule peuvent défigner que les jeux qui font ici représentés étoient

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1. V. c. 12.

pag. 160.

confacrés à ce héros. Ces deux ftatues font terminées en gaînes, & dans l'une Hercule paroît avec le caducée, ce que je n'ai remarqué fur aucun autre monument, & dont je vais me fervir pour expliquer un paffage de Cicéron que j'ai rapporté plus haut, & où l'Orateur Romain demande à fon ami Atticus des Hercules-Mercures. J'avois toûjours penfé que par cette expreffion il falloit entendre des ftatues d'Hercule fimplement terminées en gaînes; mais on voit par ce monument que ces ftatues réuniffoient de plus les fymboles de ces deux Divinités.

J'ai fuppofé jufqu'à préfent que ce monument ne repréfente qu'une action; cependant je ne fçai s'il n'a pas rapport à deux victoires remportées par le même athléte en différens endroits. Les deux couronnes & les deux ftatues d'Hercule chargées de différens attributs autorifent cette opinion. J'ajoute que les deux figures couvertes d'un manteau reffemblent extrémement au vainqueur, & font dans l'attitude de gens qui voyagent. Suivant cette idée, le vase représenteroit un de ces athlétes qui alloient en plufieurs pays faire affaut de force & d'adreffe.

Il n'eft pas facile de déterminer l'ufage que l'on a pû Imp. Rom. num. faire de ce vafe. Patin qui en a publié un à-peu-près femblable, a pensé qu'il avoit fervi à renfermer les cendres d'un athléte. J'ignore fi le fien avoit pour cela les dimenfions nécessaires; mais je puis bien affûrer que celui-ci ne les a pas. Ce n'étoit peut-être qu'un monument que le vainqueur s'étoit, pour ainfi dire, confacré à lui-même dans fon Laraire; ou bien il faut le prendre pour un de ces préfens que les athlétes offroient aux Dieux dont ils avoient imploré le fecours avant le combat. Enfin, je croirois volontiers que ceci est le modéle en petit d'un plus grand vafe. A l'égard du lieu où ce monument a été trouvé, l'athléte pouvoit être originaire de cette petite ville; ou bien le vafe, dont le volume eft médiocre, y a peut-être été transporté.

PLANCHE

LXXXIX.

CETTE urne fépulchrale d'albâtre étoit autrefois de la plus grande magnificence. Le pied & le couvercle font modernes, le refte compris entre les deux lignes que j'ai fait ponctuer eft certainement antique. La prévention n'a aucune part à mon jugement, quand j'affûre que le pied & le couvercle ne font pas dignes du corps auquel ils font unis; la forme en eft pefante, & le travail bien différent. Il faut cependant convenir que l'albâtre est très-bien assorti pour la couleur & la qualité; & j'ajoûterai, pour l'excufe de l'ouvrier moderne, que le corps de cette urne eft d'un fi beau trait & d'une forme fi parfaite, qu'il falloit être trèshabile pour la reftaurer dans le même efprit. L'infcription, dont les lettres font en relief & ont cinq lignes de hauteur, nous apprend que cette urne renfermoit les cendres d'Emilia Mirine, fille de Marcus Æmilius, morte à l'âge de onze ans.

D. M.

AEMILIA. M. F.
MIRINE. V.
XI.

On connoît trop la puiffance & l'étendue de la famille Emilia, pour que je doive en parler, & pour être étonné de toutes les idées de magnificence qu'offre ce monument. Les lettres en relief s'accordoient fans doute autrefois avec l'ornement que l'on voit courir dans une bande au-deffus de l'inscription, & dont l'ouvrage eft aujourd'hui en creux. Le travail en eft un peu éraillé, mais d'une bonne intention. Il en eft abfolument de même de celui des jeux funéraires représentés au-deffus de cette bande d'ornement. Ces jeux font exprimés par des enfans qui luttent & qui chaffent. Voyez Mercurial, J'ai eu foin de développer dans le bas de la Planche ce qui de Art. gymn. n'a pû fe trouver dans le point de vue de l'urne. On voit

d'abord deux enfans qui luttent en présence du maître : & l'on remarquera que ce fujet eft traité de la même maniére Part. 4. Pl. 55. fur une pierre gravée du Chevalier Maffei. Ces enfans font fuivis par la figure de la Victoire qui tient la couronne prête pour le vainqueur. Un autre enfant précédé d'un chien pourfuit un cerf, comme on le peut voir en fuivant les renvois indiqués par les lettres qui font fur la Planche. L'état où se trouvent ces efpéces de gravûres, me persuade que tous ces creux n'ont été faits que pour recevoir des incrustations de métaux que l'avarice a détruites. Pour s'en former une idée, il fuffira d'examiner un vafe de marbre à-peu-près de même grandeur, poffédé autrefois par le Cardinal Mazarin, & confervé aujourd'hui dans le gardemeuble du Roi parmi un très-grand nombre de richesses en ce genre. Les incruftations qui y restent encore, car il Y en a eu quelques-unes d'emportées, font d'or & d'argent. Elles repréfentent des Divinités de la mer. Les figures de l'urne dont il s'agit ici étant du double plus grandes que ces derniéres, doivent faire juger quelle étoit anciennement la beauté de ce morceau, & l'opulence du pere qui avoit confacré ce vase à la mémoire de fa fille. L'ornement courant dont j'ai parlé, & qui eft renfermé dans une bande, conferve encore des reftes de dorures appliquées dans le champ: ce qui me perfuade que ces incruftations pouvoient être d'or; nouvelle preuve du degré d'habileté que les Romains avoient pour la préparation de leur dorure & de leur couleur, qui parmi eux faifoient partie d'un luxe qui n'avoit point de bornes. On a vû plus haut, Planche LXXIX. ce que j'ai dit fur les mordans & fur l'or appliqué pour enrichir les corps liffes & polis; & il ne me refte qu'à donner toutes les dimensions de cette urne funéraire. Elle a en tout un pied quatre pouces fept lignes de hauteur, fept pouces de diamétre. Le couvercle a trois pouces une ligne. Il eft mobile, & s'emboëte, comme devoit faire l'ancien, dans le corps du vafe qui eft

creux, & parfaitement évuidé. Le pied est élevé de quatre pouces une ligne : ce qui réduit à neuf pouces cinq lignes la partie antique, marquée, comme je l'ai déja dit, entre les deux lignes ponctuées; la bande de l'ornement courant a onze lignes. L'Ordonnateur des jeux ou le maître d'Efcrime eft la plus haute de ces figures: elle a deux pouces fept lignes, quoiqu'affife; enfin les plus petites, qui représentent des enfans, ont un peu moins de deux pouces.

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Il y a quelques années que l'on trouva dans la petite ville d'Apt, en Provence, un tombeau où étoient renfermés les trois morceaux fuivans, & quelques vafes de verre trèsfimples, accompagnés de deux ou trois urnes lacrymatoires. C'eft ce que m'a mandé M. l'Evêque de Carpentras, à qui une partie de ces antiques fut envoyée, & qui les conferve dans fon cabinet.

N. 1.

UNE lampe fort légère, puifqu'elle eft faite d'une espéce de plâtre ou de gypfe couvert fimplement d'une couleur qui cache la blancheur naturelle de cette matiére, & qui lui fait imiter la terre cuite. Je ne dirai rien du fujet dont elle eft ornée. Il est fi libre, que j'ai cru devoir le fupprimer. La lampe a trois pouces & demi de diamètre. Le bec qui portoit le lumignon, eft un peu endommagé : d'ailleurs la confervation en eft très-bonne. On lit au-deffous ces mots imprimés en creux avec un moule : C. OPPI. RIV. Ils peuvent être rendus par ceux-ci : CAII. OPPII. RIVALIS. C'eft, fuivant les apparences, le nom de celui qui a fait la lampe. Il eft peu important d'en être affûré : nous ne pouvons aujourd'hui donner la préférence à cet ouvrier.

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