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No. II.

ON a trouvé ce petit fanglier de bronze au commencement de l'année 1751, dans les fondations d'une maison que l'on bâtissoit à Bourges auprès de la Paroiffe de fainte Croix de la Cité, une des plus anciennes Eglifes de cette ville. M. de Maurepas m'a envoyé cette petite antiquité, avec quelques médailles Gauloises, & une de Salonine, femme de Gallien; toutes très-communes, & mal confervées mais elles avoient été trouvées dans le même temps & dans le même endroit. Le petit bronze très-bien confervé a un pouce fept lignes de longueur, & neuf lignes de hauteur.

pouces

No. III.

CETTE lampe de bronze d'une bonne confervation a 'deux & demi dans toute fa longueur, y compris fon anfe, & un pouce neuf lignes dans fa hauteur, depuis fon plan. Elle paroît n'avoir été, non plus que celles dont

j'ai parlé plus haut, qu'un meuble de chambre. Son mérite Pl.xxxvII.N.2. ne confifte que dans fa forme, qui n'eft pas commune.

N. IV.

CET offelet de bronze imite parfaitement la nature par la figure & les dimensions. Il n'a éprouvé aucune altération. L'ufage que les Romains en faifoient pour jetter au fort ou pour jouer, eft décrit dans plusieurs ouvrages, qui me dispensent d'entreprendre de donner les mêmes expli

cations.

N. V.

CE fer de javelot eft de bronze, & la langue Françoise ne nous donne point d'autre façon de nous exprimer. Sa longueur totale, en y comprenant la queue, eft de deux pouces sept lignes. Il recevoit le bois dans la longueur de près d'un pouce, & fa plus grande largeur eft de onze

lignes. Il devoit faire une bleffure bien meurtriére, & être fort difficile à retirer du corps.

No. VI. & VII..

Ces deux fers de fléche également de bronze ont deux pouces quatre lignes de longueur. Ils font difpofés pour recevoir le bois, & percés d'un côté, pour y être arrêtés. La différence de leur forme m'empêcheroit de les croire du même temps. Celui du N°. VII. eft triangulaire, ou ce qu'on appelle de trois quarts; l'autre N°. VI. eft applati & dans la forme la plus ordinaire. Le métal de ces fléches & celui des armes des Anciens m'ont engagé à faire quelques recherches, qui peut-être feront utiles, avec le fer de lance rapporté plus bas à la Planche XCVI. No. III. je mets fous les yeux du Lecteur la plus grande partie des armes offenfives des Anciens, en cuivre; ce qui joint à la quantité d'épées de ce même métal que l'on voit dans plufieurs cabinets, doit fuffire pour prouver que les Grecs & les Romains ont fait un grand ufage du cuivre, & qu'ils ne fe font pas contentés de l'employer pour les armes défenfives, comme quelques Sçavans l'ont avancé. J'étois depuis long-temps perfuadé du contraire, & mon fentiment étoit fondé fur l'opinion du plus grand nombre des Antiquaires, parce que les armes des Anciens qui font venues jufqu'à nous, font prefque toutes de cuivre; cependant diverfes objections me firent naître des doutes, qui donnérent lieu à des expériences dont je rendrai compte à la fin de cet article.

Mais avant que d'aller plus loin, il faut que je réponde en peu de mots à la diftinction que plufieurs perfonnes admettent entre l'airain ou bronze & le cuivre, prétendant qu'elle étoit reçûe des Anciens. Peut-être étoit-elle parmi eux la même que celle que nous imaginons aujourd'hui, & qui confifte moins dans quelques légères préparations, que dans les différens noms que l'on donne à la matiére, felon

les ufages auxquels elle eft deftinée ; & quoique ce foit fouvent la même chofe, on ne dira pas plus dans notre langue une marmite de bronze, qu'une figure de cuivre. Je crois auffi que les différens ufages que les Romains faifoient de cette matiére, les déterminoit à employer le mot as, ou le mot cuprum. Ce que j'ai avancé au sujet des armes de cuivre, eft fondé fur le grand ufage que les Anciens ont fait de la fonte du cuivre, fur leur profonde connoiffance dans cet Art, & fur quelques vérités tirées de la Physique, dont voici les principales.

Le cuivre fe tire de la terre avec facilité, & on l'y trouve en parties fort étendues. Il fe met aifément en fufion, & aucun métal ne prend mieux le moule. Auffi l'histoire nous apprend qu'il a été le premier & le plus généralement employé. Le fer au contraire n'eft point du tout apparent dans la mine; on ne le trouve qu'en très-petites parties, qu'une premiére fonte ne fert qu'à réunir. Il faut au moins deux fois plus d'opérations pour le mettre en état d'être mis en œuvre, parce que l'on ne peut le jetter en moule que pour des ouvrages groffiers. Il faut donc toûjours le forger, c'eft-à-dire, le travailler chaud & au marteau. Ainfi en convenant qu'il étoit connu dans la Gréce, dans l'Afie & dans l'Italie, on doit avouer auffi qu'il devoit être fort rare & très-cher dans tous ces pays. Je ne l'ai jamais regardé comme inconnu aux Anciens : les Auteurs atteftent trop fouvent le contraire, pour que nous puiffions en douter; mais il y a de grandes diftinctions à faire à cet égard dans la lecture des anciennes hiftoires; & je fuis perfuadé que l'eftime toûjours attachée aux choses rares, a fouvent engagé les Anciens à parler de ce métal par métaphore, & qu'enfin ils ont été fur cet article & en plufieurs occafions plus élégans qu'exacts. Quoique j'aie dit avec raifon que l'empire des Arts avoit éprouvé le plus de révolutions, je ne crois pas que les connoiffances fimples, comme celles des métaux, puiffent être dans le

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temps.

même cas, c'est-à-dire, qu'elles fe perdent jamais. II faudroit pour cela que la terre fût bouleverfée, ou qu'un pays fût entiérement détruit. De quelque ignorance que les plus grandes lumiéres foient fuivies, elle ne fçauroit devenir fenfible que fur la façon de travailler mais la matiére une fois connue a toûjours exifté, quoique plus ou moins bien travaillée, auffi-bien qu'en différente quantité, dans les pays civilifés, qui n'ont point éprouvé de bouleversement ni de dépeuplement depuis la guerre de Troye. Il faut donc arriver par les idées générales aux conféquences du détail, & dire, par exemple: Homère parle du fer. Ce grand homme eft trop exact pour avoir péché contre le costume : le fer exiftoit donc. Mais il n'en parle que bien rarement; donc il en exiftoit de fon peu Prefque toutes les armes qu'il met entre les mains de fes héros font de cuivre, & il eft constant que l'on travailloit alors ce métal avec toute l'intelligence poffible. Je n'en veux pour exemple que le bouclier d'Achille, qui me paroît toûjours le chef-d'œuvre de l'esprit humain du côté de la compofition. On ne peut même douter que l'exécution n'y ait répondu, ou que du moins il n'y eût alors des Artistes qui en fuffent capables; car le Poëte comme le Peintre ne peint que conformément à ce qu'il voit, ou à ce qu'il a vû. Si l'on defcend plus bas qu'Homère, on lira des faits fur lefquels je pourrois appuyer mon fentiment. Lib. 1. c. xxv. Hérodote dit qu'Alyatte, Roi de Lydie, envoya à Delphes une grande cratère d'argent & une foucoupe de fer foudée. Il ajoûte que c'étoit le plus admirable des préfens faits au temple d'Apollon, & qu'elle avoit été travaillée par GlauLiv. x. chap. 16. cus de Chio. Paufanias parle de cette même cratère. Elle eft, dit-il, l'ouvrage de Glaucus de Chio, qui avoit trouvé le fecret de fouder le fer. La base ou la foucoupe, continue le même Auteur, ne tient pas par des boucles ou des Liv. x. chap. 18. agraffes, ni par des clous. Un peu plus bas Paufanias, à l'occafion d'une ftatue d'Hercule en fer, obferve que ce

métal

métal étoit fort difficile à mettre en œuvre, quand il s'agit d'en faire une ftatue. Il eft vrai qu'il parle ailleurs d'une Liv. x. c. 17. statue de cuivre formée de plaques raffemblées, & retenues par des cloux; mais il ajoûte que c'étoit la plus ancienne que l'on connût de ce métal. Je demande maintenant s'il n'eft pas clair que du temps d'Alyatte, c'eft-à-dire, environ 600. ans avant Jélus-Chrift, l'art de fondre le fer étoit encore dans fon enfance; & ce que pouvoient être les armes & les autres uftenfiles de ce métal travaillés par des hommes fi peu éclairés fur ce point, qu'ils ignoroient la maniére de le fouder, ou, ce qui eft la même chose, d'en rejoindre les parties; la reconnoiffance que l'on témoigne à Glaucus mérite bien de l'attention; & fa foucoupe présentée au temple de Delphes donne au moins une idée de la rareté de ce métal, & du cas que l'on en faifoit. Je fuis donc convaincu que les Anciens, non-feulement dans les premiers temps, mais dans les fiécles des Romains, ne faifoient ufage que du cuivre, & qu'ils n'employoient pas communément le fer; foit qu'ils aient fuivi les pratiques & les ufages établis dès-lors dans le monde : ce qui s'accorde affez avec leur peu de génie pour les Arts, & par conféquent pour les découvertes; foit que le fer ne fût pas encore auffi commun qu'il l'eft devenu dans la fuite, par le foin avec lequel on s'eft appliqué à le travailler dans les derniers fiécles, & principalement en France. Quoi qu'il en foit, je n'ai vu dans le nombre des cabinets de l'Europe dont j'ai visité la plus grande partie, que deux lames d'épées de fer, que l'on puiffe regarder comme Romaines. Elles font dans le cabinet des Jéfuites de Lyon. Il n'y en a même qu'une qui foit entiére. Malgré la rouille & tout ce qui contribue à détruire ce métal, il eft étonnant que du nombre prodigieux d'armes que les Romains ont fabriqué pour leur ufage, il ne s'en foit pas confervé quelque veftige dans des lieux fecs, & principalement dans un pays chaud comme l'Egypte, qui fournit

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