Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Village fitué fur

la frontiére de l'Auvergne & du Bourbonnois.

tous les jours tant d'antiquités de toutes les nations, & où l'on n'a jamais trouvé le plus petit morceau de fer. Tout y eft bronze, pierre, verre, ou terre cuite. Ces raisons seules étoient capables de me confirmer dans une opinion qui deviendra plus claire, & qui fera démontrée par les monumens que l'on découvrira. En attendant de plus grands éclairciffemens,je n'ai rien négligé pour retrouver la trempe du cuivre. La molleffe de ce métal, ou la facilité avec laquelle il fe caffe étoient une objection trop folide, & qui me faifoit trop de peine pour ne pas chercher les moyens de le rendre tel qu'on en puiffe faire ce que les Anciens en faifoient, en l'employant à tout ce que nous exécutons avec le fer. L'expérience eft au-deffus de tous les raifonnemens.

Les recherches que j'ai fait faire fur le métal même m'ont donné le cuivre très-dur, fondu, forgé, allié trempé, fufceptible de la meule, enfin foûmis à toutes les propriétés du fer. Je vais commencer par copier le détail de l'opération que M. Geoffroi le fils a bien voulu faire à ma priére, & l'on jugera des foins & de la fagacité avec lefquels il s'eft prêté à cette petite manoeuvre. Au refte, toutes les expériences dont il eft parlé dans le difcours fuivant, ont été faites fur des armes des Romains, & pour fabriquer des lames pareilles à celles que l'on a découvert depuis peu à Genfac, & qui font aujourd'hui dans le cabinet des antiquités du Roi.

[ocr errors]
[ocr errors]

сс

Le verd-de-gris qui ne fe forme qu'à la longue fur le bronze fert à décider à la simple inspection que les armes anciennes qu'on m'a fait voir, & qui ont été trouvées dans » la terre ou dans des ruines, font de cuivre pur & fans alliage, ou que s'il y a de l'alliage, du moins le cuivre est >> en grande quantité; & c'eft à cedernier fentiment que l'on doit s'arrêter, lorsque l'on pense au peu de folidité & de » dureté que le cuivre pur peut acquérir par l'écrouiffage, » ou les autres moyens qui nous font connus. M. le Comte de Caylus qui m'avoit engagé à l'aider dans l'examen de ce

כפ

» métal, examen qui eft du reffort de la Chymie, m'a com

[ocr errors]

muniqué un paffage de Philon de Byzance, qui m'a fourni Mathem. veteres. » le fujet de mes premiéres expériences. Le voici tel qu'il

» me l'a donné.

[ocr errors]
[ocr errors]

Philon en parlant d'une machine qui fervoit à lancer des traits, & qui étoit formée de deux lames de cuivre » courbes qui avoient du reffort, dit que ces lames étoient faites d'un cuivre rouge, purifié & recuit plufieurs fois » ou mêlé, ajoûte-t-il, à une mine pefant de cuivre, & à trois drachmes d'étain bien purifié; & après avoir fondu le tout ensemble, on en forme les lames, on leur donne » une courbure légère, & lorfqu'elles font bien froides, on les bat pendant long-temps.

[ocr errors]
[ocr errors]

2)

[ocr errors]

"

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

J'ai fait des mélanges de cuivre & d'étain fondus » ensemble & alliés dans différentes proportions; tous ces » effais m'ont donné un cuivre plus roide & plus dur que le cuivre rouge; mais ce métal allié n'avoit ni le grain ni la dureté des armes des Anciens qui m'avoient été présentées. Au refte, ce métal eft aigre & difficile à forger. Je croyois que puifque l'étain communiquoit au cuivre affez de dureté pour lui donner du reffort, je pourrois parvenir par ce feul alliage à le durcir affez pour en faire des armes. Après quelques tentatives inutiles, je cherchai à m'affûrer s'il Y » avoit dans ces armes antiques une portion d'étain sensible, » & auffi considérable que dans le métal que j'alliois. Pour » cet effet, je mis dans un bain de plomb fur une coupelle » un petit morceau de mon alliage, qui auffitôt qu'il comသ mença à fe fondre, végéta, à cause de l'étain qu'il contenoit. J'ai répété cette expérience fur le métal des armes antiques, & ce métal n'ayant point végété, mais étant plus difficile à fondre que le mien, je fus convaincu que ce n'étoit point l'étain qui durciffoit le cuivre, qui eft le métal principal des armes.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

сс

» La difficulté que j'avois trouvée à fondre ce métal, me fit foupçonner qu'il contenoit du fer, & mon foupçon fe

22

כב

[ocr errors]

כם

D

[ocr errors]

:

changea prefqu'en certitude, lorfque je comparai le grain » de ce métal avec celui de quelques effais de cuivre alliés de fer, que mon pere avoit fait dans le temps qu'il donna à l'Académie des Sciences un Mémoire fur le tombac. » Pour m'affûrer s'il y avoit du fer dans ce métal, j'en réduifis » un petit morceau en limaille, & la plus grande partie de » cette limaille étoit attirable à l'aimant. Je ferai obferver que je m'étois fervi d'une lime neuve, & que j'avois limé » avec cette même lime du cuivre rouge, fans qu'il fe foit » trouvé dans la limaille du cuivre aucune partie attirable à » l'aimant mais il me reftoit encore un doute fur cette » preuve de l'existence du fer dans les armes anciennes. Le métal dont elles font faites étant plus dur que le cuivre rouge, il étoit poffible que le premier de ces deux métaux, quoique beaucoup moins dur que l'acier, eût usé quelques petites parties de la lime par le frottement; ce que n'au❤roit point fait le cuivre rouge, qui eft beaucoup plus tendre. » Ainfi pour avoir une preuve qui ne me laiffât aucun fcrupule, j'ai fait user avec un grais la meule d'un Coutelier, pour en enlever la furface qui eft ordinairement chargée de fer. J'ai fait enfuite ufer à cette même meule avivée un "morceau de métal des armes anciennes, & en lavant la boue qu'il m'a fourni, pour féparer les parties terreufes de la meule, des parties métalliques, j'ai eu une efpéce de limaille extrémement fine qui étoit attirable à l'aimant ; & je ne pouvois plus craindre alors de m'être trompé moi-même par trop peu de défiance. Etant bien convaincu que le cuivre des armes anciennes étoit allié avec du fer, »j'ai fait préparer plufieurs effais d'un métal que j'ai cru à-peu-près pareil, en fondant du cuivre rouge dans lequel je faifois entrer du fer dans différentes proportions, & tous » ces effais m'ont fourni un métal durci; mais si aigre, qu'il étoit impoffible de le forger. Cet obftacle qui m'arrêtoit a été bientôt levé, lorsqu'en examinant ces armes avec plus de foin, & en confultant à ce fujet des ouvriers connoiffeurs,

כם

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

כפ

[ocr errors]

j'ai été affûré qu'elles étoient jettées en moule, & enfuite réparées à la main.

[ocr errors]

J'ai cherché à imiter pour la dureté & pour le trenchant » une épée Romaine, & je crois n'y avoir pas mal réussi dans celle que j'ai remife à M. le Comte de Caylus. Elle est faite avec un mélange de cinq parties de cuivre rouge, & d'une partie de fer fondus enfemble, puis jettées en moule. Elle a été réparée, & ensuite affilée fur la meule. Le fer que j'ai ajoûté au cuivre rouge pur eft du fil de fer; comme » il préfente beaucoup de furface au feu, il eft plus facile à > fondre mais il a l'inconvénient de fe brûler facilement, » & de fe réduire en scories. Ainfi je crois qu'il feroit fort » difficile de déterminer la quantité de fer qui eft mêlée au cuivre, attendu qu'on ne doit pas compter celui qui est changé en scories.

כם

כ

[ocr errors]

כפ

[ocr errors]

» On fçait qu'il y a beaucoup de mines de cuivre ferrugineufes. Ces mines fournissent à la fonte un cuivre dur & aigre qui a befoin d'être raffiné, pour être dépouillé de toutes les parties de fer & de foufre qu'il contient, & pour devenir doux & facile à travailler. Je crois que fuppofant que les armes de cuivre fuffent communément en ufage chez les Anciens, le fentiment le plus naturel eft de croire =>>que le cuivre dont ils les faifoient, étoit ce cuivre aigre » & dur, tel qu'il eft dans de certaines mines, & qui eft ce » que nous appellons le cuivre noir. Ils s'épargnoient la peine de le dépurer: ce qui l'auroit rendu moins propre à l'ufage auquel il étoit deftiné. Comme nous avons encore plufieurs mines de cuivre qui font dans le même cas, telles » que celles du Lyonnois, de la baffe-Navarre, & prefque » toutes les autres de France, il ne feroit pas impoffible de » vérifier ce fentiment que j'ofe avancer comme le plus vraisemblable; mais je n'ai pas eu à Paris les facilités néceffaires pour les expériences.

כם

[ocr errors]
[ocr errors]

» Au refte, je crois avoir fimplement indiqué un des moyens qui pouvoient fervir à durcir le cuivre; je dis un

des

moyens, attendu que je crois qu'il y en a plufieurs, » & même qui produiroient des effets plus sensibles.

Cette opération fi clairement rendue eft d'autant plus curieuse en elle-même, que l'alliage de ces deux métaux, le fer & le cuivre, étoit regardé comme impoffible; cette opération, dis-je, foûmet donc le cuivre à toutes les propriétés du fer ce qui peut mettre dans la fociété un métal qui n'éprouve ni la rouille, ni les inconvéniens de la longueur des travaux du fer. Cependant il faut convenir que ce procédé ne donne guère de reffort au cuivre, & le rend un peu trop caffant; mais il est possible de faire des recherches & d'employer d'autres voies, & M. Geoffroi convient lui-même qu'il imagine d'autres moyens. Rien n'eft plus jufte & plus naturel que cette idée; & l'examen des bronzes antiques m'a prouvé la variété infinie de leurs alliages; ce qui confirme la vérité de tout ce que pense M. Geoffroi

fur cet article.

Cependant la voie de la trempe m'ayant toûjours paru importante pour cette petite découverte, & bien des gens la regardant comme une chofe qui n'avoit jamais exifté j'ai fait travailler un fimple Fondeur, qui ne connoît que fa forge & fon métal, & que j'emploie depuis long-temps à fouder, percer, enfin reftaurer des morceaux d'antiquités. Son opération léve toutes les difficultés, & répond, ce me femble, à toutes les objections.

Voici ce que j'ai pû tirer d'une conversation qui bien loin d'être élégante, né'toit pas même fort claire; mais j'espère que la fimple exposition du fait fera reçûe favorablement, à cause de l'utilité qui en résultera. C'est le Fondeur qui va parler.

[ocr errors]
[ocr errors]

L'examen que j'ai fait des bronzes antiques, m'a convaincu que les Anciens avoient le fecret de tremper le cuivre, & m'a engagé à en faire la recherche. J'ai donc » trouvé que cette matiére étoit auffi fufceptible de la trempe que l'acier. J'en ai même affez vû pour être

« AnteriorContinuar »