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fix lignes. Ce monument n'ayant aucune infcription, ni aucune espéce d'indication, il eft plus naturel, fur-tout à caufe de fon volume, de lui donner place dans la décoration d'un Palais, que de vouloir en faire un vase cinéraire.

No. II.

CETTE portion de vase est de marbre blanc : quoique dépourvûe de fon pied, & peut-être même de fon couvercle, la forme en eft agréable; à quoi ne contribuent pas peu les ornemens qui font diftribués à fa furface. Plus ils font fimples, plus ils font un bel effet. La gorge eft enrichie de canaux, & d'un enlacement en maniére de portiques, & le corps du vase eft revêtu de larges gaudrons féparés par des filets, qui de même que les gaudrons font efpacés avec grace, bien profilés, & diminuant à mesure qu'ils s'approchent du pied où ils prennent naiffance. La hauteur totale du morceau eft de fept pouces quatre lignes, fon diamètre de dix pouces, & fa profondeur de cinq pouces une ligne. Tout m'oblige à mettre ce vafe au rang de ceux qui n'étoient deftinés qu'à l'ornement.

N°. III.

CE vase de marbre blanc paroît avoir fervi à renfermer des cendres. Ma conjecture n'eft point fondée fur ce qu'il en contient encore aujourd'hui; car je n'ignore pas combien il est aisé d'ajoûter ou de retrancher ces fortes de matiéres, pour rendre l'objet plus intéressant, & en augmenter la valeur ; mais la forme favorife cette explication. Quoi qu'il en foit, il eft du moins très-certain que l'antiquité de ce vafe eft jointe à la beauté de l'ouvrage, que les feuilles en font bien fouillées, & que les anfes réservées dans l'épaiffeur du marbre font de bon goût. Je fuis perfuadé qu'il a eu autrefois un couvercle. Sa hauteur eft de huit pouces moins une ligne, fon plus grand diamètre de neuf pouces neuf lignes, & fa profondeur de fept pouces.

N. IV.

CE beau vafe de marbre blanc n'a jamais pû fervir qu'à l'ornement. Il n'a même été travaillé qu'extérieurement. En un mot, il eft maffif, mais la forme & l'exécution en font extrêmement belles. Il a deux pieds de hauteur sur six pouces de largeur dans fon plus grand diamétre. J'ai acheté ce vafe & les trois précédens à l'inventaire des fculptures de M. Crozat, qui les avoit apportés d'Italie ; & celui-ci appartient aujourd'hui à M. Mariette, à qui je l'ai cédé.

N. V.

J'AI trouvé par hazard dans Paris ce vase d'une ferpentine finguliére, puifqu'elle eft truitée & marquée de différentes couleurs, qui lui donnent un faux air de granit. Je ne garantirois pas fon antiquité. Je fçais trop combien il eft aifé d'imiter de pareils ouvrages. Cependant je ne puis m'empêcher de placer ce vafe au rang des monumens antiques que j'ai pû raffembler, quoique l'on ne doive pas fonder un jugement fur la pureté de fa forme, fur le genre de fon travail, ni fur la bizarrerie de cette anfe feule, réservée dans l'épaiffeur du morceau, & qui n'a jamais eu de fymmétrie.

PLANCHE XCIX.

Tous les peuples ont cultivé l'art de faire des vases. Les befoins de la vie, le fervice des autels, le culte des morts, enfin le luxe & la magnificence, en ont multiplié les formes à l'infini, & l'on y a employé toute forte de matiéres, les plus viles comme les plus précieuses.

La grande variété des formes fait qu'il eft fouvent difficile de fixer la deftination particuliére de tous les vafes antiques qui font parvenus jufqu'à nous. Mais on fe procure du moins le plaifir de voir la beauté, la pureté, la finesse &

la grandeur de leur trait; parties dans lefquelles les Anciens méritent prefque toûjours d'être admirés. C'est principalement dans cette vûe que je préfente tous les vafes de ce Recueil; & je n'ai pas d'autre deffein que celui d'expofer l'efpéce de leur matiére, leurs proportions, & le mérite de leur travail. Tels font, à l égard de ces morceaux, mes engagemens avec le Public: & je n'ai proprement entrepris que de les placer dans la claffe des pays où j'ai cru entrevoir qu'ils avoient été fabriqués. La quantité des vafes Romains eft plus grande que celle des Etrufques; du moins la variété de leurs matiéres eft plus étendue, & nous nous flattons d'en mieux connoître les ufages; mais nous nous abufons peut-être : auffi m'appliqu'ai-je moins à la difcuffion de ce point de critique, qu'à arranger ces vafes dans les Planches de maniére qu'ils plaifent à la vûe, & que la difpofition en foit agréable. Cependant je ne rejette point les conjectures qui fe préfentent, quand elles ont de la vraisemblance, & lorfqu'elles peuvent servir d'explication au fujet. Elles m'ont amufé en les écrivant, & j'espère que la lecture n'en fera pas inutile. Voici quelques réflexions générales fur les vafes de terre & de bronze.

Toutes les nations n'auroient pas fait un fi grand usage des vafes de terre cuite, fi le prix n'en avoit été fort modique. Une autre raison les engageoit à en fabriquer une prodigieufe quantité : c'eft qu'ils n'avoient aucun inconvénient pour la fanté. Cependant quoique ceux de cuivre n'euffent pas le même avantage, il paroit que les Romains en ont fait un ufage exceffif. & qu ils étoient peut-être parmi eux plus communs que chez aucun autre peuple. Ils s'en fervoient non-feulement pour le fervice des autels, mais dans leurs befoins domeftiques. Et fi Pline ne nous difoit pas pofitivement: Stannum illitum aneis vafis, faporem c. XLVIII. gratiorem facit, & compefcit aruginis virus, nous douterions que les Anciens euffent employé le cuivre à ce dernier ufage, parce que de tous les vafes les mieux confervés, il

Lib. XXXIV.

n'y en a aucun qui nous préfente la moindre trace de l'étamage, qu'ils ont pourtant connu, & fans lequel ils n'auroient pas ofé fe fervir des vafes de cuivre dans l'ufage ordinaire de la vie. On en a même, dit-on, trouvé quelques-uns dans les ruines d'Herculanum, dont l'intérieur étoit doré & argenté : feul exemple de l'étamage de ces monumens. Le paffage que je viens de rapporter, eft une preuve des détails où Pline eft entré. Il est le feul qui nous ait donné cet éclairciffement; & ce fçavant Naturalifte femble n'avoir rien négligé pour nous inftruire.

N. I.

CE beau vafe de bronze qui contient un peu plus de trois demi-feptiers de liqueur, eft celui dont j'ai parlé plus haut, Planche XCII. & dont j'ai détaché le manche de couteau terminé par une tête de bélier, & que l'on voit au No. IV. de cette même Planche. Ce vase a quatre pouces neuf lignes de hauteur, & n'a de mérite qu'une certaine grace dans fa forme, & la fingularité de fon ouverture divisée en trois parties, pour verser plus facilement la liqueur. Je crois que les Romains ont emprunté des Etrufques cette forme fi commode. J'en ai vû beaucoup de femblables dans les monumens de cette nation. Quoi qu'il en foit, la conservation de celui-ci est complette; mais il n'a aucun ornement: car je ne donnerai pas ce nom à quelques filets bien placés, & marqués avec soin par le tour.

No. II.

CE vase de bronze qui n'a jamais eu d'anse ni d'ornement, paroît ici tel qu'il a été fabriqué. Il contient une pinte moins un poiffon de liqueur. Sa hauteur eft de fix pouces dix lignes. Les cercles qui font tracés légérement au cou & fur le fond extérieur, prouvent que celui-ci, comme tous ceux de ce même métal rapportés dans ce

Recueil, ont été travaillés & terminés au tour avec beau-
de foin, après qu'ils ont été fortis du moule.
N°. III.

coup

Ce petit vase dont l'anfe eft perdue, eft de bronze. La perte de cette anfe diminue beaucoup fans doute de l'agrément de fa forme. Il a trois pouces neuf lignes de haut, & l'ouverture ronde qu'il a dans le milieu de fon renflement & fur le côté, ne permet pas de douter qu'il n'ait été bouché par une riche incruftation; ou bien qu'il n'ait porté un gouleau, tel peut-être que nous en voyons à nos teyéres. Le P. du Moulinet en a rapporté un semblable.

N. IV.

LA fimplicité du trait & l'élégance de la forme que préfente cette urne du plus bel albâtre, ne laiffent rien à defirer. La jufteffe de fon couvercle & le peu d'épaiffeur confervée à toute la matiére, indiquent le goût & le talent de celui qui l'a exécutée. Toutes ces parties comparées avec des vafes antiques de matiéres précieuses, & principalement avec plufieurs vafes de ce genre confervés chez le Roi, ne me permettent pas de douter que celui-ci ne foit antique, quoiqu'il n'ait aucun travail ni aucun caractère qui puiffent le prouver démonftrativement. Cet élégant morceau a fept pouces deux lignes dans toute fa hauteur, & quatre pouces trois lignes dans fon plus grand diamétre. Je ne déciderai rien fur l'ufage auquel il a été destiné. Cependant il me femble avoir fervi à renfermer des cendres; & fon extrême beauté ne doit point empêcher de s'arrêter à cette conjecture, parce que les Romains n'ont pas mis de bornes à leurs dépenfes funéraires. Je n'ai rien de certain à dire fur le pays & le temps où ce beau vase a été fabriqué; mais fa forme eft bien exacte : elle eft fi fine & fi bien penfée, que l'on a peine à fe perfuader qu'elle ne foit que d'un Romain. Le hazard me l'a fait trouver dans Paris.

Cab. de fainte Genev. p. 26.

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