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morceau est très-beau, mais la turquoise a perdu fa couleur ; elle eft presque verte aujourd'hui.

N°. IV.

LA forme de cet autre amulette eft finguliére, & l'on doit d'abord y faire attention. On voit d'un côté la figure en pied d'un homme dont la tête eft de loup. Il tient le tau d'une main, & de l'autre un long bâton dont l'extrémité fupérieure en s'élargiffant femble former l'ouverture d'une trompette. Ce morceau exécuté en relief eft d'un travail fort doux. L'autre face eft gravée en creux. Ce petit monument percé dans fa longueur, a neuf lignes dans ce fens & trois dans fa plus grande largeur. J'ai rapporté fes deux faces, pour faire mieux fentir le mérite de fon trait, qui me plaît infiniment. Ce morceau eft d'une pierre verdâtre très-dure, & dont le grain eft par conféquent très-fin; mais personne ne m'a pû dire ni le nom qu'elle portoit anciennement, ni celui qu'on lui donne aujourd'hui.

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CE monument de bronze a fix pouces cinq lignes de hauteur; & il eft des plus finguliers pour la forme & pour le pays où j'ai lieu de préfumer qu'il a été fabriqué. Il faut convenir que le travail en eft extrêmement groffier. A la groffeur de fa tête, on pourroit croire qu'elle en renfermeroit une autre proportionnée à la grandeur du corps, des bras', & des autres membres. Comme elle a feule deux pouces demi de hauteur, & un pouce neuf lignes de largeur, elle me femble être une espèce de mafque ou de fauffe tête, très-indépendante de la figure. Ce que j'ai dit ailleurs fur les mafques, que les Egyptiens ne paroiffent point avoir connus, ne détruit pas ma conjecture; car quoique cette tête ait les yeux coupés & fort ouverts, cependant la figure

n'a aucun rapport à l'usage auquel les mafques étoient deftinés dans les autres pays. Au refte, l'incertitude où me jette la fingularité de ce monument, ne me permet pas de garantir aucune des explications que je pourrois en donner; & je foûmets à l'examen du Lecteur les différentes idées que je lui préfente. Après toutes mes réflexions, quelqu'un décidera peut-être que cette figure eft de pure fantaisie. Pour moi je croirois plûtôt qu'elle représenteroit un larve ou un lémure. La fuperftition fur ces efpéces de Génies étoit fort ancienne; & parce que les cheveux épars fur le dos font traités à l'Egyptienne, c'est-à-dire, marqués avec la plus grande fimplicité, j'aimerois mieux m'en tenir-là, que de prendre cette figure pour une production monftrueufe de la nature, les yeux creufés très-profondément & à deffein, n'étant pas favorables à cette conjecture. Je fuis en état de certifier que ce monument a été trouvé en Egypte, d'où il a été envoyé à M. Pelerin, qui m'en a fait préfent. La représentation que je donne de cette figure, doit faire juger qu'elle eft tout-à-fait dans le goût Egyptien; c'est le même port de bras, & la même façon de drapper, c'est la même position; mais je ne ferois pas remonter fon antiquité à un temps fort reculé, à caufe que que les pieds qui paroiffent avoir été fondus avec la plinte, font féparés, & que les bras font détachés du corps. On pourroit même regarder ce morceau comme un Egyptien Romanifé, & toutes les apparences font pour cette opinion. Ceux qui ne penseront point ainfi, s'imagineront peut-être voir dans cette figure la représentation d'un Comédien ou Hiftrion des Atellanes: & l'on ne pourroit rien inférer de ce qu'on l'a trouvé en Egypte, parce qu'il eft conftant qu'on a porté dans ce pays un grand nombre de monumens faits chez des Peuples étrangers. Cependant on obfervera que les Comédiens de cette efpéce, que j'ai vûs, m'ont paru bien différens de celui-ci.

No. II.

CETTE figure de bronze dont la hauteur eft de huit pouces moins deux lignes, repréfente, felon moi, un Prêtre dont le bonnet eft orné d'un ferpent. De fes mains jointes ou rapprochées, il tenoit quelque chofe qui ne fubfifte plus. La courroie ou l'étoffe qui lui attachoit la plante perfea au menton, eft très-bien marquée, & fert à nous faire comprendre de quelle façon cet ornement poftiche étoit arrêté. C'eft ce que je n'avois point encore vû, & qui eft toûjours fuppofé dans ces fortes de figures. Celle-ci a d'abord appartenu à feu M. le Cardinal de Polignac, qui l'avoit apportée de Rome avec plufieurs autres antiques.Je l'ai remis dans fon premier état, & l'ai rendue plus digne de l'attention des Connoiffeurs, qu'elle ne l'étoit lorsqu'elle m'eft parvenue. Voici le fait. Quelque Artiste Italien non content d'avoir mis dans la main gauche de la figure une efpéce de fruit reffemblant à une grenade, & d'avoir ajoûté des ailerons à fon bonnet, avoit encore introduit une espèce d'ornement dans le trou que l'on voit au-dessous du ferpent. Tout cela me parut fufpect; l'attention avec laquelle je fondai ces morceaux, m'eut bientôt convaincu que les uns étoient de plomb, les autres de cuivre, & d'un travail moderne; mais le tout étoit recouvert d'un noir de fumée affez bien donné, & qui confondoit parfaitement l'antique & les parties ajoûtées. Après avoir tout ôté au feu, la figure a repris un verd de gris naturel, & m'est demeurée telle qu'elle a été fabriquée, & conftamment plus curieuse, parce qu'elle eft telle qu'elle a toûjours été. Quant à la forme, elle a été fondue maffif; & les yeux creufés que l'on y voit prouvent qu'ils étoient autrefois

d'or ou d'argent.

No. III.

CETTE tête d'Ifis haute de quatre pouces, eft d'une terre cuite extrêmement fine & bien travaillée; elle n'a

pas la même teinte & la même qualité que celle dont j'ai parlé plus haut à la Planche V. ce qui prouve que les Egyptiens ont eu différentes façons de travailler en ce genre. Cette tête eft couverte d'un émail bleu, mais moins brillant que celui de ces mêmes figures déja citées. Cette couleur lui donne une fi grande reffemblance avec la turquoife, que je foupçonnerois volontiers les anciens Auteurs de n'avoir dit que l'Egypte fourniffoit des mines de cette pierre précieufe, que parce qu'ils ont été trompés par la vûe de ces fortes de compofitions; ce qui eft d'autant plus vraisemblable, que malgré les recherches faites depuis plufieurs fiécles, on n'a pas trouvé la moindre trace de ces mines dans les montagnes dont l'Egypte eft environnée; & l'on fçait que d'ordinaire les productions de la nature ne se perdent pas entiérement dans un pays. Cette tête d'Isis eft ornée d'une dépouille d'oifeau qui a peu d'étendue, & d'une couronne de feuilles, que j'ai prouvé ci-dessus être un des attributs de cette Déeffe; fes cheveux frisés retombent fur fon front & fur fes épaules, conformément à la defcription qu'en fait Apulée. Ce morceau, qui n'eft pas tout-à-fait bien confervé, eft d'un travail lâche; & loin de lui accorder une haute antiquité, je crois y reconnoître le goût Romain. Je dois encore obferver que des brocanteurs avoient couvert cette tête d'une couleur de fumée épaiffe & brillante, qui la faifoit d'autant plus aisément paffer pour être de bronze, que massif de la terre fembloit égaler le poids du métal. Je ne fçai ce qu'ils gagnoient à cette fupercherie: mais il est conftant qu'ils n'avoient point pris cette peine dans le deffein d'y perdre.

N. IV.

le

CETTE Ibis de bronze a un peu plus de quatre pouces de hauteur, & fa longueur eft abfolument pareille. La plinte avec laquelle elle a été fondue eft large d'un pouce

& demi, & longue de près de cinq. La confervation de ce morceau, & plus encore le defir d'en rapporter un de cette espéce, m'ont engagé à le faire graver. Car il n'a d'ailleurs rien de particulier ; & l'on fçait trop ce que c'eft que l'Ibis, & les obligations que les Egyptiens avoient à cet oiseau, pour fouhaiter de trouver ici la répétition de tout ce que les Auteurs anciens & modernes en ont écrit, PLANCHE XI.

LES trois morceaux représentés dans cette Planche, font de fycomore, espéce de bois dont les Egyptiens faifoient un grand usage pour leur fépulture.

N. I.

CETTE caiffe de mumie eft très-entiére & très-bien confervée quant au bois; elle eft vuide, & c'eft ainfi que le hazard me l'a fait trouver dans Paris. Elle a cinq pieds huit pouces de hauteur, un pied trois pouces d'épaiffeur depuis le dos jufqu'à la plus grande faillie du ventre, & un pied dix pouces de largeur aux épaules. Voilà fes mefures extérieures: elles peuvent donner une idée de la grandeur des bois que les Egyptiens employoient pour leurs mumies; car les deux morceaux dont la caiffe eft compofée, font chacun d'une piéce. Le deffous dans celle-ci a moins d'épaiffeur que le deffus, & c'eft le contraire dans la mumie de fainte Geneviève, dont j'ai parlé dans un Mémoire que j'ai lû à l'Académie des Belles-Lettres. Cette variété prouve que les Egyptiens n'avoient point d'ufage constant fur cet article, & qu'ils fe régloient fur la mesure des bois qu'ils devoient employer, mais dont l'équarriffage étoit confidérable dans tous les cas. J'ai cependant vû quelques-unes de ces caiffes, compofées de planches bien plus minces que celles de la mienne & de la caiffe de

fainte Geneviève.

Le creux réfervé dans celle que je décris eft évuidé

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